Histoires incroyables, Tome I

Jules Lermina
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Histoires incroyables, Tome I

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Title: Histoires incroyables, Tome I
Author: Jules Lermina
Release Date: May 18, 2006 [EBook #18415]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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HISTOIRES INCROYABLES
PAR
JULES LERMINA

PARIS, L. BOULANGER, éDITEUR 90, boulevard Montparnasse, 90
COLLECTION LECTURES POUR TOUS AVENTURES ET VOYAGES
La liste des volumes composant cette collection se trouve à la fin de l'ouvrage.

HISTOIRES INCROYABLES
PAR
JULES LERMINA

TOME PREMIER

PRéFACE
J'ai toujours beaucoup aimé les histoires fantastiques. L'incroyable est une des formes de la poésie. Le réel, lorsqu'il se déforme par l'hallucination ou le rêve, devient tout aussit?t énorme et plus attirant peut-être que la vérité même. Tels ces visages que certains miroirs concaves ou convexes allongent ou dépriment de fa?ons bizarres. Ils nous fascinent. On les regarde avec une fixité un peu hagarde, tandis qu'on laisserait peut-être passer une jolie femme sans l'admirer.
Le fantastique hypnotise. Quand j'étais enfant, j'ai souvent entendu raconter l'histoire de mon grand-oncle Gillet, mort grenadier de la garde. à Nantes, quand il rentrait chez sa mère, il avait l'habitude de prendre chaque soir un peu de sable et de le jeter, du dehors, contre la vitre pour avertir qu'il arrivait. On courait à la porte du jardin et on ouvrait. Cadet (c'était le cadet de la famille) entrait, joyeux. Un soir, on entend le bruit du gravier contre la vitre. Mon arrière-grand'mère se lève joyeuse et dit:
--C'est Cadet!
Cadet était pourtant soldat à l'armée et loin de France. Bah! c'est qu'il revenait! Et la mère court ouvrir la porte. Personne!
--Mon Dieu! dit l'a?eule, il est arrivé malheur à Cadet.
Et elle regarda sa montre.
En effet, à cette heure même, à l'heure crépusculaire, entre chien et loup, le pauvre gar?on recevait d'un chasseur tyrolien, caché derrière une botte de foin, une balle qui le tuait net. C'était le soir de Wagram. Il n'y avait pas deux heures que Napoléon l'avait, de sa main, décoré sur le champ de bataille d'une petite croix détachée de sa poitrine. Je l'ai là, cette petite croix. Je la regarde tandis que j'écris. Elle me rappelle cette inoubliable histoire qui a fait tant d'impression sur mon enfance.
Voilà bien pourquoi, sans doute, quand j'ai débuté, mes premiers récits ont été des contes fantastiques. On les retrouverait dans la collection du Diogène où nous fantastiquions à qui mieux mieux, le poète Ernest d'Hervilly, le romancier Jules Lermina et moi. Edgar Po? était notre dieu et Hoffmann son prophète. Nous étions fous d'histoires folles. C'était le bon temps.
Il n'est point passé, je le vois, ce bon temps-là, puisque Jules Lermina, fidèle à nos frissons d'antan, publie ce curieux et poignant recueil d'Histoires incroyables. Manes de Nathaniel Hawthorne, et de l'auteur de l'Assassinat de la rue Morgue, voilà un Fran?ais, très fran?ais, qui vous a pourtant dérobé le secret du fantastique, ce naturel sublimé! Voilà un Gaulois qui a le sens du cauchemar saxon et dont les inventions font se dresser sur la peau du lecteur ces petites granulations spéciales qu'on appelle la chair de poule.
Je les connaissais en partie, ces Histoires entra?nantes, et elles m'avaient hanté plus d'une fois comme la Smarra de Nodier. J'avais même cru sincèrement qu'elles étaient écrites par un Yankee, lorsque Lermina les signait de son pseudonyme de William Cobb. Mais Lermina conna?t l'Amérique; il y a vécu, je crois, et il s'est imprégné de l'esprit même, subtil et puissant, de Po?. Ses magistrales études d'après le ma?tre américain ne sont pourtant ni des copies ni des pastiches. Jamais je ne trouvai, au contraire, plus d'invention que dans ce livre. Lisez les Fous, la Chambre d'h?tel, la Peur, le Testament. Ou plut?t lisez toutes ces Histoires incroyables. Dans un temps où l'imagination semble proscrite du roman, Lermina a ce don merveilleux de l'invention. Il pla?t, il amuse, il entra?ne; ici--comme l'hypernaturel même--il fascine.
J'interromps, pour écrire cette préface, un court roman où j'étudie, à un point de vue spécial, les phénomènes de la suggestion. L'hystérie et la névrose m'attirent, et pourtant ce ne sont là que des mots. Ce qui est vrai, c'est la surexcitation ou la dépression cérébrale. Que se passe-t-il? Que se pense-t-il dans cet appareil déséquilibré? Est-il impossible que nous en ayons une notion quelconque? Non. Depuis que Maury a prouvé que le rêve pouvait être maté, dirigé par la volonté, depuis que Quincey, le mangeur d'opium, que Po? ont analysé les sensations du narcotisé et de l'alcoolique,
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