Histoire dune jeune fille sauvage trouvée dans les bois à lâge de dix ans

Charles-Marie de la Condamine
Histoire d'une jeune fille sauvage
trouvée
by Charles-Marie de
La Condamine

The Project Gutenberg EBook of Histoire d'une jeune fille sauvage
trouvée
dans les bois à l'âge de dix ans, by Charles-Marie de La Condamine
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Title: Histoire d'une jeune fille sauvage trouvée dans les bois à l'âge de
dix ans
Author: Charles-Marie de La Condamine
Release Date: November 28, 2006 [EBook #19956]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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D'UNE JEUNE FILLE ***

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HISTOIRE D'UNE JEUNE FILLE SAUVAGE,
Trouvée dans les Bois à l'âge de dix ans.
Publiée par Madame H....T.
A PARIS.
M. DCC. LV.

AVERTISSEMENT.
Le Mercure de France du mois de Décembre 1731 fait mention d'une
jeune Fille sauvage trouvée dans le bois de Songi, près Châlons en
Champagne. Voici ce que j'ai pû recueillir de plus certain sur son
Histoire, tant par les questions que je lui ai faites en différens tems que
par le témoignage des personnes qui l'ont connue quand elle commença
à parler François.

HISTOIRE D'UNE JEUNE FILLE SAUVAGE.
Au mois de Septembre 1731, une fille de neuf ou dix ans pressée par la
soif, entra sur la brune dans le Village de Songi, situé à quatre ou cinq
lieues de Châlons en Champagne, du côté du midi. Elle avoit les pieds
nuds, le corps couvert de haillons & de peaux, les cheveux sous une
calotte de calebasse, le visage & les mains noirs comme une Négresse.
Elle étoit armée d'un bâton court & gros par le bout en forme de massue.
Les premiers qui l'apperçurent s'enfuirent en criant, voilà le Diable; en
effet, son ajustement & sa couleur pouvoient bien donner cette idée à
des Païsans. Ce fut à qui fermeroit le plus vîte sa porte & ses fenêtres.
Mais quelqu'un croyant apparemment que le Diable avoit peur des

chiens, lâcha sur elle un dogue armé d'un collier à pointes de fer; la
Sauvage le voyant approcher en fureur l'attendit de pied ferme, tenant
sa petite masse d'armes à deux mains, en la posture de ceux, qui pour
donner plus d'étendue aux coups de leur coignée, la lèvent de côté, &
voyant le chien à sa portée, elle lui déchargea un si terrible coup sur la
tête qu'elle l'étendit mort à ses pieds. Toute joyeuse de sa victoire elle
se mit à sauter plusieurs fois par dessus le corps du chien.[1] De-là elle
essaya d'ouvrir une porte, & n'ayant pu y réussir, elle regagna la
campagne du côté de la rivière, & monta sur un arbre où elle s'endormit
tranquillement.
[1] Quelques personnes qui ont connu la jeune Sauvage peu de tems
après son apparition content diversement l'avanture du chien. Quelques
uns la placent à Châlons peu après sa prise; mais du moins, il est
certain d'ailleurs que cet enfant n'avoit point peur d'un gros chien, &
qu'elle a fait plusieurs fois ses preuves à cet égard.
Feu M. le Vicomte d'Epinoy étoit pour lors à son château de Songi, où
ayant appris ce que les uns & les autres disoient de cette petite Sauvage,
entrée sur ses terres, il donna ses ordres pour la faire arrêter, & surtout,
au Berger qui l'avoit vu le premier dans une vigne. Parmi les personnes
qui étoient en cette campagne, quelqu'un par une conjecture fort simple,
mais dont on fit honneur à sa grande connoissance des moeurs &
coutumes des Sauvages, devina qu'elle avoit soif, & conseilla de faire
porter un seau plein d'eau, au pied de l'arbre où elle étoit, pour l'engager
à descendre. Après qu'on se fut retiré, en veillant néanmoins toujours
sur elle, & qu'elle eût bien regardé de tous côtés si elle n'appercevoit
personne, elle descendit & vint boire au seau, en y plongeant le menton,
mais quelque chose lui ayant donné de sa défiance, elle fut plutôt
remontée au haut de l'arbre qu'on ne put arriver à elle pour la saisir. Ce
premier stratagême n'ayant pas réussi, la personne qui avoit donné le
premier conseil, dit qu'il falloit poster aux environs une femme &
quelques enfans, parce qu'ordinairement les Sauvages ne les fuyoient
pas comme les hommes, & surtout qu'il falloit lui montrer un air & un
visage riant. On le fit: une femme portant un enfant dans ses bras, vint
se promener aux environs de l'arbre, ayant ses mains pleines de
différentes racines &
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