Histoire de la Révolution française, IX.

Adolphe Thiers
椚Histoire de la Révolution fran?aise, IX.

The Project Gutenberg EBook of Histoire de la Révolution fran?aise, IX.
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Title: Histoire de la Révolution fran?aise, IX.
Author: Adolphe Thiers
Release Date: May 4, 2004 [EBook #12258]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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HISTOIRE DE LA RéVOLUTION FRAN?AISE
PAR M.A. THIERS DE L'ACADéMIE FRAN?AISE
NEUVIèME éDITION
TOME NEUVIèME

HISTOIRE DE LA RéVOLUTION FRAN?AISE.
DIRECTOIRE.
CHAPITRE VII.
SITUATION DU GOUVERNEMENT DANS L'HIVER DE L'AN V (l797).--CARACTèRES ET DIVISIONS DES CINQ DIRECTEURS, BARRAS, CARNOT, REWBELL, LETOURNEUR ET LARéVELLIèRE-LéPAUX.--éTAT DE L'OPINION PUBLIQUE. CLUB DE CLICHY.--INTRIGUES DE LA FACTION ROYALISTE. COMPLOT DéCOUVERT DE BROTTIER, LAVILLE-HEURNOIS ET DUVERNE DE PRESLE.--éLECTIONS DE L'AN V.--COUP D'OEIL SUR LA SITUATION DES PUISSANCES éTRANGèRES A L'OUVERTURE DE LA CAMPAGNE DE 1797.
Les dernières victoires de Rivoli et de la Favorite, la prise de Mantoue, avaient rendu à la France toute sa supériorité. Le directoire, toujours aussi vivement injurié, inspirait la plus grande crainte aux puissances. _La moitié de l'Europe_, écrivait Mallet-Dupan[1], _est aux genoux de ce divan, et marchande l'honneur de devenir son tributaire._
[Note 1: Correspondance secrète avec le gouvernement de Venise.]
Ces quinze mois d'un règne ferme et brillant avaient consolidé les cinq directeurs au pouvoir, mais y avaient développé aussi leurs passions et leurs caractères. Les hommes ne peuvent pas vivre longtemps ensemble sans éprouver bient?t du penchant ou de la répugnance les uns pour les autres, et sans se grouper conformément à leurs inclinations. Carnot, Barras, Rewbell, Larévellière-Lépaux, Letourneur, formaient déjà des groupes différens. Carnot était systématique, opiniatre et orgueilleux. Il manquait entièrement de cette qualité qui donne à l'esprit l'étendue et la justesse, au caractère la facilité. Il était pénétrant, approfondissait bien le sujet qu'il examinait; mais une fois engagé dans une erreur il n'en revenait pas. Il était probe, courageux, très appliqué au travail, mais ne pardonnait jamais ou un tort, ou une blessure faite à son amour-propre; il était spirituel et original, ce qui est assez ordinaire chez les hommes concentrés en eux-mêmes. Autrefois il s'était brouillé avec les membres du comité de salut public, car il était impossible que son orgueil sympathisat avec celui de Robespierre et de Saint-Just, et que son grand courage fléch?t devant leur despotisme. Aujourd'hui la même chose ne pouvait manquer de lui arriver au directoire. Indépendamment des occasions qu'il avait de se heurter avec ses collègues, en s'occupant en commun d'une tache aussi difficile que celle du gouvernement, et qui provoque si naturellement la diversité des avis, il nourrissait d'anciens ressentimens, particulièrement contre Barras. Tous ses penchans d'homme sévère, probe et laborieux, l'éloignaient de ce collègue prodigue, débauché et paresseux; mais il détestait surtout en lui le chef de ces thermidoriens, amis et vengeurs de Danton, et persécuteurs de la vieille Montagne. Carnot, qui était l'un des principaux auteurs de la mort de Danton, et qui avait failli plus tard devenir victime des persécutions dirigées contre les montagnards, ne pouvait pardonner aux thermidoriens: aussi nourrissait-il contre Barras une haine profonde.
Barras avait servi autrefois dans les Indes; il y avait montré le courage d'un soldat. Il était propre, dans les troubles, à monter à cheval, et, comme on a vu, il avait gagné de cette manière sa place au directoire. Aussi, dans toutes les occasions difficiles, parlait-il de monter encore à cheval et de sabrer les ennemis de la république. Il était grand et beau de sa personne; mais son regard avait quelque chose de sombre et de sinistre, qui était peu d'accord avec son caractère, plus emporté que méchant. Quoique nourri dans un rang élevé, il n'avait rien de distingué dans les manières. Elles étaient brusques, hardies et communes. Il avait une justesse et une pénétration d'esprit qui, avec l'étude et le travail, auraient pu devenir des facultés très distinguées; mais paresseux et ignorant, il savait tout au plus ce qu'on apprend dans une vie assez orageuse, et il laissait percer dans les choses qu'il était appelé à juger tous les jours, assez de sens pour faire regretter une éducation plus soignée. Du reste, dissolu et cynique, violent et faux comme les méridionaux qui savent cacher la duplicité sous la brusquerie; républicain par sentiment et par position, mais homme sans foi, recevant chez lui les plus violens révolutionnaires des faubourgs et tous les émigrés rentrés en France, plaisant aux uns par sa violence triviale, convenant aux autres par son esprit d'intrigue, il était en réalité chaud patriote, et en secret
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