Histoire de la Revolution francaise, Tome 10 | Page 2

Adolphe Thiers
?le, qui, commandant la navigation de la M��diterran��e, devenait importante pour l'��gypte, et qui ne pouvait manquer d'��choir bient?t aux Anglais, si on ne les pr��venait.
L'ordre des chevaliers de Malte ��tait comme toutes les institutions du moyen-age: il avait perdu son objet, et d��s lors sa dignit�� et sa force. Il n'��tait plus qu'un abus, profitable seulement �� ceux qui l'exploitaient. Les chevaliers avaient en Espagne, en Portugal, en France, en Italie, en Allemagne, des biens consid��rables, qui leur avaient ��t�� donn��s par la pi��t�� des fid��les pour prot��ger les chr��tiens allant visiter les saints lieux. Maintenant qu'il n'y avait plus de p��lerinages de cette esp��ce, le r?le et le devoir des chevaliers ��taient de prot��ger les nations chr��tiennes contre les Barbaresques, et de d��truire l'infame piraterie qui infeste la M��diterran��e. Les biens de l'ordre suffisaient �� l'entretien d'une marine consid��rable; mais les chevaliers ne s'occupaient aucunement �� en former une: ils n'avaient que deux ou trois vieilles fr��gates, ne sortant jamais du port, et quelques gal��res qui allaient donner et recevoir des f��tes dans les ports d'Italie. Les baillifs, les commandeurs, plac��s dans toute la chr��tient��, d��voraient dans le luxe et l'oisivet�� les revenus de l'ordre. Il n'y avait pas un chevalier qui e?t fait la guerre aux Barbaresques. L'ordre n'inspirait d'ailleurs plus aucun int��r��t. En France on lui avait enlev�� ses biens, et Bonaparte les avait fait saisir en Italie, sans qu'il s'��levat aucune r��clamation en sa faveur. On a vu que Bonaparte avait song�� d��j�� �� pratiquer des intelligences dans Malte. Il avait gagn�� quelques chevaliers, et il se proposait de les intimider par un coup d'audace, et de les obliger �� se rendre; car il n'avait ni le temps ni les moyens d'une attaque r��guli��re contre une place r��put��e imprenable. L'ordre, qui depuis quelque temps pressentait ses dangers en voyant les escadres fran?aises dominer dans la M��diterran��e, s'��tait mis sous la protection de Paul Ier.
Bonaparte faisait de grands efforts pour rejoindre la division de Civita-Vecchia; il ne put la joindre qu'�� Malte m��me. Les cinq cents voiles fran?aises se d��ploy��rent �� la vue de l'?le, le 21 prairial (9 juin), vingt-deux jours apr��s la sortie de Toulon. Cette vue r��pandit le trouble dans la ville de Malte. Bonaparte, pour avoir un pr��texte de s'arr��ter, et pour faire na?tre un sujet de contestation, demanda au grand-ma?tre la facult�� de faire de l'eau. Le grand-ma?tre, Ferdinand de Hompesch, fit r��pondre par un refus absolu, all��guant les r��glemens, qui ne permettaient pas d'introduire �� la fois plus de deux vaisseaux appartenant �� des puissances bellig��rantes. On avait autrement accueilli les Anglais quand ils s'��taient pr��sent��s. Bonaparte dit que c'��tait l�� une preuve de la plus insigne malveillance, et sur-le-champ fit ordonner un d��barquement. Le lendemain, 22 prairial (10 juin), les troupes fran?aises d��barqu��rent dans l'?le, et investirent compl��tement Lavalette, qui compte trente mille ames �� peu pr��s de population, et qui est l'une des plus fortes places de l'Europe. Bonaparte fit d��barquer de l'artillerie pour canonner les forts. Les chevaliers r��pondirent �� son feu, mais tr��s mal. Ils voulurent faire une sortie, et il y en eut un grand nombre de pris. Le d��sordre se mit alors �� l'int��rieur. Quelques chevaliers de la langue fran?aise d��clar��rent qu'ils ne pouvaient pas se battre contre leurs compatriotes. On en jeta quelques-uns dans les cachots. Le trouble ��tait dans les t��tes; les habitans voulaient qu'on se rend?t. Le grand-ma?tre, qui avait peu d'��nergie, et qui se souvenait de la g��n��rosit�� du vainqueur de Rivoli �� Mantoue, songea �� sauver ses int��r��ts du naufrage, fit sortir de prison l'un des chevaliers fran?ais qu'il y avait jet��s, et l'envoya �� Bonaparte pour n��gocier. Le trait�� fut bient?t arr��t��. Les chevaliers abandonn��rent �� la France la souverainet�� de Malte et des ?les en d��pendant; en retour, la France promit son intervention au congr��s de Rastadt, pour faire obtenir au grand-ma?tre une principaut�� en Allemagne, et �� d��faut, elle lui assura une pension viag��re de 300,000 francs et une indemnit�� de 600,000 francs comptant. Elle accorda �� chaque chevalier de la langue fran?aise 700 fr. de pension, et 1,000 pour les sexag��naires; elle promit sa m��diation pour que ceux des autres langues fussent mis en jouissance des biens de l'ordre, dans leurs pays respectifs. Telles furent les conditions au moyen desquelles la France entra en possession du premier port de la M��diterran��e, et de l'un des plus forts du monde. Il fallait l'ascendant de Bonaparte pour l'obtenir sans combattre; il fallait son audace pour oser y perdre quelques jours, ayant les Anglais �� sa poursuite. Caffarelli-Dufalga, aussi spirituel que brave, en parcourant la place dont il admirait les fortifications, dit ce mot: _Nous sommes bien heureux qu'il y ait eu quelqu'un dans la place pour nous en ouvrir les portes._
Bonaparte laissa Vaubois �� Malte, avec trois
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