etre sincere; 
il conspire donc, et en effet tous nos generaux lui appartiennent: Biron, 
qui commande aux Alpes, est son intime; Valence, general de l'armee 
des Ardennes, est gendre de son confident Sillery; ses deux fils 
occupent le premier rang dans l'armee de la Belgique; Dumouriez enfin 
leur est ouvertement devoue, et il les eleve avec un soin particulier: les 
girondins ont attaque en janvier la famille d'Orleans; mais c'est une 
feinte de leur part qui n'avait d'autre but que d'ecarter tout soupcon de 
connivence: Brissot, ami de Sillery, est l'intermediaire de la 
conspiration: voila le complot decouvert; le trone est releve et la France 
perdue, si on ne s'empresse de proscrire les conjures. Telles etaient les 
conjectures de Robespierre; et, ce qu'il y a de plus effrayant dans cette 
maniere de raisonner, c'est que Robespierre, inspire par la haine, 
croyait a ses calomnies. La Montagne etonnee repoussa sa proposition. 
"Donnez donc des preuves, lui disaient ceux qui etaient assis a ses
cotes.--Des preuves, repondait-il, des preuves! je n'en ai pas, mais j'ai la 
_conviction morale!_" 
Sur-le-champ on songea, comme on le faisait toujours dans les momens 
de danger, a accelerer l'action du pouvoir executif et celle des tribunaux, 
pour se garantir a la fois de ce qu'on appelait l'ennemi exterieur et 
interieur. 
On fit donc partir a l'instant meme les commissaires nommes pour le 
recrutement, et on examina la question de savoir si la convention ne 
devait pas _prendre une plus grande part a l'execution des lois_. La 
maniere dont le pouvoir executif etait organise paraissait insuffisante. 
Des ministres places hors de l'assemblee, agissant de leur chef et sous 
sa surveillance tres eloignee, un comite charge de faire des rapports sur 
toutes les mesures de surete generale, toutes ces autorites se controlant 
les unes les autres, deliberant eternellement sans agir, paraissaient tres 
au-dessous de l'immense tache qu'elles avaient a remplir. D'ailleurs ce 
ministere, ces comites, etaient composes de membres suspects, parce 
qu'ils etaient moderes; et dans ce temps ou la promptitude, la force, 
etaient des conditions indispensables de succes, toute lenteur, toute 
moderation etait suspecte de conspiration. On songea donc a etablir un 
comite qui reunirait a la fois les fonctions du comite diplomatique, du 
comite militaire, du comite de surete generale, qui pourrait au besoin 
ordonner et agir de son chef, et arreter ou suppleer l'action ministerielle. 
Divers projets d'organisation furent presentes pour remplir cet objet, et 
confies a une commission chargee de les discuter. Immediatement 
apres, on s'occupa des moyens d'atteindre l'ennemi interieur, 
c'est-a-dire _les aristocrates, les traitres_, dont on se disait entoure. La 
France, s'ecriait-on, est pleine de pretres refractaires, de nobles, de leurs 
anciennes creatures, de leurs anciens domestiques, et cette clientele, 
encore considerable, nous entoure, nous trahit, et nous menace aussi 
dangereusement que les baionnettes ennemies. Il faut les decouvrir, les 
signaler, et les entourer d'une lumiere qui les empeche d'agir. Les 
jacobins avaient donc propose, et la convention avait decrete que, 
d'apres une coutume empruntee a la Chine, le nom de toutes les 
personnes habitant une maison serait inscrit sur leurs portes[1]. 
[Note 1: Decret du 29 mars.] 
On avait ensuite ordonne le desarmement de tous les citoyens 
_suspects_, et on avait qualifie tels, les pretres non assermentes, les
nobles, les ci-devant seigneurs, les fonctionnaires destitues, etc. Le 
desarmement devait s'operer par la voie des visites domiciliaires; et le 
seul adoucissement apporte a cette mesure fut que les visites ne 
pouvaient avoir lieu la nuit. Apres s'etre ainsi assure le moyen de 
poursuivre et d'atteindre tous ceux qui donnaient le moindre ombrage, 
on avait enfin ajoute celui de les frapper de la maniere la plus prompte, 
en installant le tribunal revolutionnaire. C'est sur la proposition de 
Danton que ce terrible instrument de la defiance revolutionnaire fut mis 
en exercice. Cet homme redoutable en avait compris l'abus, mais avait 
tout sacrifie au but. Il savait que frapper vite, c'est examiner moins 
attentivement; qu'examiner moins attentivement, c'est s'exposer a se 
tromper, surtout en temps de partis; et que se tromper, c'est commettre 
une atroce injustice. Mais, a ses yeux, la revolution etait la societe 
accelerant son action en toutes choses, en matiere de justice, 
d'administration et de guerre. En temps calme, la societe aime mieux, 
disait-il, laisser echapper le coupable que frapper l'innocent, parce que 
le coupable est peu dangereux, mais a mesure qu'il le devient davantage, 
elle tend davantage aussi a le saisir; et lorsqu'il devient si dangereux 
qu'il pourrait la faire perir, ou du moins quand elle le croit ainsi, elle 
frappe tout ce qui excite ses soupcons, et prefere alors atteindre un 
innocent que laisser echapper un coupable. Telle est la dictature, 
c'est-a-dire l'action violente dans les societes menacees; elle est rapide, 
arbitraire, fautive, mais irresistible. 
Ainsi la concentration des pouvoirs dans la convention, l'installation du 
tribunal revolutionnaire, le commencement de l'inquisition contre les    
    
		
	
	
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