Histoire comique 
 
The Project Gutenberg EBook of Histoire comique, by Anatole France 
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Title: Histoire comique 
Author: Anatole France 
Release Date: December 18, 2005 [EBook #17345] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK HISTOIRE 
COMIQUE *** 
 
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ANATOLE FRANCE 
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
HISTOIRE COMIQUE 
 
QUATORZIÈME ÉDITION PARIS CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS 
3, RUE AUBER, 3 
DU MÊME AUTEUR 
Format grand in-18. 
BALTHASAR 1 vol. LE CRIME DE SYLVESTRE BONNARD 
(Ouvrage couronné par l'Académie française) 1 -- L'ÉTUI DE NACRE 
1 -- LE JARDIN D'ÉPICURE 1 -- JOCASTE ET LE CHAT MAIGRE 
1 -- LE LIVRE DE MON AMI 1 -- LE LYS ROUGE 1 -- LES 
OPINIONS DE M. JÉRÔME COIGNARD 1 -- LE PUITS DE 
SAINTE-CLAIRE 1 -- LA RÔTISSERIE DE LA REINE PÉDAUQUE 
1 -- THAÏS 1 -- LA VIE LITTÉRAIRE 4 -- 
HISTOIRE CONTEMPORAINE 
I.--L'ORME DU MAIL 1 vol. II.--LE MANNEQUIN D'OSIER 1 -- 
III.--L'ANNEAU D'AMÉTHYSTE 1 -- IV.--MONSIEUR BERGERET 
À PARIS 1 -- 
ÉDITION ILLUSTRÉE 
CLIO (Illustrations en couleurs de Mucha) 1 vol. 
 
HISTOIRE COMIQUE 
 
I 
C'était dans une loge d'actrice, à l'Odéon. Sous la lampe électrique, 
Félicie Nanteuil, la tête poudrée, du bleu aux paupières, du rouge aux 
joues et aux oreilles, du blanc au cou et aux épaules, donnait le pied à
madame Michon, l'habilleuse, qui lui mettait de petits souliers noirs à 
talons rouges. Le docteur Trublet, médecin du théâtre et ami des 
actrices, appuyait sur un coussin du divan son crâne chauve, et, les 
mains jointes sur le ventre, croisait ses jambes courtes. Il interrogeait: 
--Quoi encore, ma chère enfant? 
--Est-ce que je sais!... Des étouffements... des vertiges... Tout d'un coup, 
une angoisse comme si j'allais mourir. C'est même ça le plus pénible. 
--Êtes-vous prise quelquefois d'une soudaine envie de rire ou de pleurer, 
sans cause apparente, sans raison? 
--Ça, je ne peux pas vous dire, parce que, dans la vie, on a tant de 
raisons de rire ou de pleurer!... 
--Êtes-vous sujette à des éblouissements? 
--Non... Mais imaginez-vous, docteur, que je crois voir, la nuit, sous les 
meubles, un chat qui me regarde avec des yeux de braise. 
--Tâchez de ne plus rêver de chat, dit madame Michon; parce que c'est 
mauvais signe... Voir un chat, ça annonce trahison par des amis et 
perfidie de femme. 
--Mais ce n'est pas en rêvant que je vois un chat! C'est tout éveillée. 
Trublet, qui n'était de service à l'Odéon qu'une fois par mois, y venait 
en voisin presque tous les soirs. Il aimait les comédiennes, prenait 
plaisir à causer avec elles, leur donnait des conseils et jouissait de leur 
confiance avec délicatesse. Il promit à Félicie de lui faire tout de suite 
une ordonnance: 
--Ma chère enfant, nous soignerons l'estomac et vous ne verrez plus de 
chats sous les meubles. 
Madame Michon rectifiait le corset. Et le docteur, subitement assombri, 
la regardait qui tirait sur les lacets.
--Ne froncez pas le sourcil, docteur, dit Félicie, je ne me serre jamais. 
Avec la taille que j'ai, ce serait vraiment bête de ma part. 
Elle ajouta, pensant à sa meilleure camarade du théâtre: 
--C'est bon pour Fagette, qui n'a ni épaules ni hanches... Elle est toute 
droite... Michon, tu peux gagner encore un peu... Je sais que vous êtes 
l'ennemi des corsets, docteur. Je ne peux pourtant pas m'habiller 
comme les femmes esthètes, avec des langes... Venez passer votre main, 
vous verrez que je ne me serre pas trop. 
Il se défendit d'être l'ennemi des corsets, ne condamnant que les corsets 
trop serrés. Il déplora que les femmes n'eussent aucun sens de 
l'harmonie des lignes et qu'elles attachassent à la finesse de la taille une 
idée de grâce et de beauté, sans comprendre que cette beauté consistait 
tout entière dans les molles inflexions par lesquelles le corps, après 
avoir fourni le superbe épanouissement de la poitrine, s'amincit 
lentement au-dessous du thorax pour se magnifier ensuite dans l'ample 
et tranquille évasement des flancs. 
--La taille, dit-il, la taille, puisqu'il faut employer ce mot affreux, doit 
être un passage lent, insensible, et doux entre les deux gloires de la 
femme, sa poitrine et son ventre. Et vous l'étranglez stupidement, vous 
vous défoncez le thorax, qui entraîne les seins dans sa ruine, vous vous 
aplatissez les fausses côtes, vous vous creusez un horrible sillon 
au-dessus du nombril. Les négresses, qui se taillent les dents en pointe 
et qui se    
    
		
	
	
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