Gertrude et Veronique

André Theuriet

Gertrude et Veronique, by Andr�� Theuriet

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Title: Gertrude et Veronique
Author: Andr�� Theuriet
Release Date: February 1, 2006 [EBook #17656]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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GERTRUDE ET V��RONIQUE
PAR
ANDR�� THEURIET
PARIS
G. CHARPENTIER ET Cie, ��DITEURS
1888

LE SECRET DE GERTRUDE

I
La journ��e tirait �� sa fin--une pluvieuse journ��e de f��vrier--et bien que le ciel se f?t ��clairci, la lumi��re p��n��trait d��j�� avec peine �� travers les carreaux verdatres de la pi��ce o�� se r��unissait chaque soir la famille de Maupri��. Les fen��tres donnaient sur l'unique rue du village; en soulevant le rideau, on pouvait apercevoir la route d��tremp��e par la pluie, la rue tournante, les maisons basses aux toits moussus, l'abside de la vieille ��glise de Lachalade, et dans le fond, la for��t d'Argonne voil��e d'une brume violette. Pr��s de l'une des crois��es, la veuve de David de Maupri�� se tenait droite dans son fauteuil et raide dans ses v��tements noirs; sa figure affil��e et pointue se profilait sur la mousseline du rideau, et l'on voyait ses mains s��ches agiter m��caniquement les aiguilles. Sa fille a?n��e, Honorine, ��lanc��e et maigre, surveillait devant la chemin��e la cuisson d'un opiat pour le teint; elle devait avoir pass�� la trentaine; la flamme du brasier ��clairait �� demi son visage couperos�� et ses yeux noirs encore beaux sous leurs paupi��res d��j�� fatigu��es. Un gar?on de vingt-trois ans, nomm�� Xavier, ��tait assis �� une table ronde devant un dessin qu'il terminait rapidement. Pr��s de lui, dans l'embrasure de la seconde fen��tre, sa soeur cadette, Reine, les coudes sur les genoux et les mains enfonc��es dans ses ��pais cheveux bruns, profitait des derni��res heures du jour pour d��vorer un roman qui absorbait toute son attention.
L'ombre envahissait de plus en plus la salle, et les meubles qui la garnissaient disparaissaient noy��s dans l'obscurit��. Parfois seulement le feu se ranimait, un jet de flamme lan?ait ?�� et l�� de l��g��res touches lumineuses, et on distinguait un coin de miroir, un panneau de tapisserie, un portrait enfum�� dans son cadre terni, une console ventrue �� poign��es de cuivre, un ratelier d'armes de chasse... Puis la flamme s'��vanouissait et tout se replongeait dans l'ombre, �� l'exception des silhouettes immobiles pr��s des fen��tres.
--Allons, fit Xavier en posant son crayon, on n'y voit plus.
--Reine, dit la soeur a?n��e d'une voix aigre-douce, le souper ne sera jamais pr��t!... Laisse donc ton livre, tu finiras par te perdre les yeux.
Reine feuilleta les derni��res pages de son roman et releva la t��te d'un air de mauvaise humeur.--Si tu as peur pour mes yeux, r��pondit-elle, allume la lampe.
--Nous br?lons d��j�� trop d'huile, reprit s��chement Honorine, et tu sais bien que la buire doit nous faire une semaine.
--Reine, dit alors madame de Maupri�� d'un ton emphatique, tu ne devrais pas oublier que nous avons de lourdes charges et que nous devons ��tre ��conomes.... Laisse ton roman et occupe-toi des choses utiles.
--Bien parl��, ma m��re! cria une voix rude, et au m��me moment la porte entr'ouverte livra passage au fils a?n��, Gaspard de Maupri��, tandis qu'un chien de chasse vint secouer son poil mouill�� jusque sur les jupes de Reine.
Elle jeta son livre avec d��pit, et, repoussant l'��pagneul:--Emm��ne-donc ton chien, dit-elle �� Gaspard, sa place est au chenil et non dans la salle.
--Tout beau, ma pr��cieuse soeur, r��pliqua celui-ci en faisant r��sonner la crosse de son fusil sur les carreaux, Phanor n'est d��plac�� nulle part, il gagne sa journ��e, lui, et ne perd pas son temps �� bayer aux corneilles!
Tout en parlant, le chasseur tira de son carnier deux vanneaux qu'il jeta sur la table:--Honorine, porte cela au garde-manger, et mets le couvert, car je meurs de faim.
Puis, d'un geste de ma?tre, il frotta une allumette contre sa manche et alluma la lampe, objet de la contestation. L'apparition de la lumi��re r��tablit le calme dans la salle. La veuve s'approcha avec son tricot, Reine reprit sa lecture, Honorine se mit �� filtrer la liqueur qu'elle avait retir��e du feu; Xavier, seul, resta pr��s de la crois��e, le front appuy�� contre la vitre et regardant la route d��serte. Quant �� Gaspard, apr��s avoir d��boucl�� ses gu��tres, il avait pris un chiffon de laine et frottait le canon de son fusil en sifflant un air de chasse. La lueur de la lampe ��clairait sa figure osseuse et hal��e, sa barbe touffue et ses yeux gris per?ants. Personne
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