Excelsior

Léonce de Larmandie

Excelsior

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Title: Excelsior Roman parisien
Author: Léonce de Larmandie
Release Date: February 22, 2006 [EBook #17828]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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[Illustration]

EXCELSIOR
ROMAN PARISIEN
PAR
LéONCE DE LARMANDIE

PARIS CAMILLE DALOU, éDITEUR 17, QUAI VOLTAIRE, 17
1888

A l'auteur de la Décadence Latine. A l'écrivain catholique, aristocratique et indépendant. A JOSéPHIN PéLADAN
TéMOIGNAGE DE SYMPATHIQUE ADMIRATION

PREMIèRE PARTIE
LE DéDAIN DE LA FEMME
Race trop haute.

I
QUATORZE ANS
La scène est au petit séminaire de Saint-Yrieix (Haute-Vienne), dirigé par les R. P. P. Jésuites. Le révérend père Fugères, professeur de rhétorique, pour délasser ses jeunes disciples d'une laborieuse explication de Tacite, interroge les meilleurs élèves de la classe sur les carrières futures qu'ils comptent embrasser.
--Voyons, Laflaquière, que voulez-vous être un jour?
Un petit bonhomme grêle et chétif, déjà vo?té, prédestiné aux pantoufles et aux lunettes, répondit d'une voix aigrelette: Huissier près le tribunal de paix, comme papa.
--Voilà un voeu facile à contenter; et vous, Coquardot?
--Militaire,--rugit un gros gar?on trapu, à la mine rébarbative,--comme mon père.
--Cela vous honore. Et vous, Carcasset?
Un fort en thème, assez malpropre et ne rappelant en rien Antinoüs, anonna sentencieusement:
--Géomètre arpenteur, comme l'auteur de mes jours.
--Vous êtes mesuré dans vos désirs; et vous, Beaussillon?
--Je compte entrer dans les ordres, mon Révérend Père, soupira d'un ton mystique un grand gaillard, maigre et pale avec de longs cheveux.
Une voix satirique ajouta de fa?on à être entendue de tous: ?Comme celui qui m'a engendré.?
Un éclat de rire s'éleva. Le P. Fugères devint très rouge, fixa des yeux terribles sur le malencontreux souffleur et lui cria rageusement: M. de Mérigue, venez tout de suite devant ma chaire, vous y resterez debout, les bras croisés, jusqu'à la fin de la classe.
L'élève interpellé obéit nonchalamment en haussant les épaules. Le professeur reprit avec une expression dédaigneuse:--Et vous, monsieur qui vous moquez d'une fa?on si inconvenante de vos camarades les plus méritants, voudriez-vous nous faire part de vos projets d'avenir!
Tous les collégiens, voyant l'un d'entre eux sur la sellette, le fixaient avidement pour jouir de son embarras.
--Je veux être empereur, répliqua Jacques de Mérigue, en levant orgueilleusement sa grosse tête ébouriffée.
Un hurrah de surprise railleuse salua cette réponse inattendue.
--Empereur... de quoi?...
--Empereur du monde.
--Ah!... rien que cela?...
--Pardon! j'enverrai des ballons à la conquête des étoiles...
--Pas mal... allez à votre place, je vous pardonne en faveur de l'originalité de vos vues.
--Et puis, vous pourriez aussi faire taire tous ces huissiers et tous ces géomètres qui ricanent sottement, dit Mérigue.
--Respect à Sa Majesté, messieurs! exclama le jésuite avec beaucoup de gravité.

II
LE REPAIRE NOBLE
Malgré de remarquables aptitudes et un amour profond des choses littéraires et artistiques, Jacques de Mérigue, trop rêveur et trop fantaisiste, n'avait jamais moissonné beaucoup de lauriers en papier vert aux distributions de prix; ses ma?tres l'avaient cependant toujours considéré comme un sujet hors ligne tout en l'accablant de punitions et de remontrances en raison de son caractère indomptable. Il justifia pleinement leurs appréciations en enlevant dès sa quinzième année son baccalauréat ès-lettres, tandis que ses heureux émules de classe échouaient pitoyablement.
On le dirigea vers les mathématiques qu'il exécrait. Son amour-propre le fit triompher de ses répugnances, et, à dix-sept ans, il était bachelier ès-sciences avec la mention très bien.
Son père, ivre de joie, parla incontinent de l'école polytechnique. Jacques grogna longtemps, finit par se soumettre, et parvint à force d'énergie à posséder la triple x et les dérivés comme un vieux taupin des lycées de Paris. Arrivé à l'examen devant M. Toumard, le célèbre et grincheux interrogateur, il fut malmené avant d'avoir ouvert la bouche pour sa fa?on incorrecte de prendre la craie. Comme il s'excusait en maugréant déjà, son terrible juge lui dit: ?Parlez plus haut, monsieur, pour que l'on entende vos sottises!? Mérigue se retourna, pale comme un suaire, et riposta d'un voix retentissante: ?Parlez plus bas pour que l'on n'entende pas les v?tres!?--Il fut exclu du concours et se mit à l'étude du droit. Mais sa famille était nombreuse et pauvre; impossible de pourvoir convenablement à son entretien dans la capitale. Jacques, qui adorait les siens, commen?a par employer toute son énergie à se priver de tout, à vivre de rien. Puis, un certain jour, la protection d'un ami puissant lui valut l'entrée au ministère des cultes en qualité d'expéditionnaire et aux appointements de 1200 francs. ?Me voici en route pour la conquête des étoiles?, écrivait-il à son père le soir de sa nomination. Et il se voyait déjà
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