Eugenie Grandet, by Honore de 
Balzac 
 
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Title: Eugenie Grandet 
Author: Honore de Balzac 
Release Date: February 12, 2004 [EBook #11049] 
Language: French 
Character set encoding: ISO Latin-1 
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GRANDET *** 
 
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EUGENIE GRANDET. 
Scenes de la vie de Province.
par 
HONORE DE BALZAC. 
 
A MARIA, 
Que votre nom, vous dont le portrait est le plus bel ornement de cet 
ouvrage, soit ici comme une branche de buis benit, prise on ne sait a 
quel arbre, mais certainement sanctifiee par la religion et renouvelee, 
toujours verte, par des mains pieuses, pour proteger la maison. 
DE BALZAC 
 
Il se trouve dans certaines provinces des maisons dont la vue inspire 
une melancolie egale a celle que provoquent les cloitres les plus 
sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. 
Peut-etre y a-t-il a la fois dans ces maisons et le silence du cloitre et 
l'aridite des landes et les ossements des ruines. La vie et le mouvement 
y sont si tranquilles qu'un etranger les croirait inhabitees, s'il ne 
rencontrait tout a coup le regard pale et froid d'une personne immobile 
dont la figure a demi monastique depasse l'appui de la croisee, au bruit 
d'un pas inconnu. Ces principes de melancolie existent dans la 
physionomie d'un logis situe a Saumur, au bout de la rue montueuse qui 
mene au chateau, par le haut de la ville. Cette rue, maintenant peu 
frequentee, chaude en ete, froide en hiver, obscure en quelques endroits, 
est remarquable par la sonorite de son petit pave caillouteux, toujours 
propre et sec, par l'etroitesse de sa voie tortueuse, par la paix de ses 
maisons qui appartiennent a la vieille ville, et que dominent les 
remparts. Des habitations trois fois seculaires y sont encore solides 
quoique construites en bois, et leurs divers aspects contribuent a 
l'originalite qui recommande cette partie de Saumur a l'attention des 
antiquaires et des artistes. Il est difficile de passer devant ces maisons, 
sans admirer les enormes madriers dont les bouts sont tailles en figures 
bizarres et qui couronnent d'un bas-relief noir le rez-de-chaussee de la 
plupart d'entre elles. Ici, des pieces de bois transversales sont couvertes
en ardoises et dessinent des lignes bleues sur les freles murailles d'un 
logis termine par un toit en colombage que les ans ont fait plier, dont 
les bardeaux pourris ont ete tordus par l'action alternative de la pluie et 
du soleil. La se presentent des appuis de fenetre uses, noircis, dont les 
delicates sculptures se voient a peine, et qui semblent trop legers pour 
le pot d'argile brune d'ou s'elancent les oeillets ou les rosiers d'une 
pauvre ouvriere. Plus loin, c'est des portes garnies de clous enormes ou 
le genie de nos ancetres a trace des hieroglyphes domestiques dont le 
sens ne se retrouvera jamais. Tantot un protestant y a signe sa foi, 
tantot un ligueur y a maudit Henri IV. Quelque bourgeois y a grave les 
insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son echevinage oublie. 
L'Histoire de France est la tout entiere. A cote de la tremblante maison 
a pans hourdes ou l'artisan a deifie son rabot, s'eleve l'hotel d'un 
gentilhomme ou sur le plein-cintre de la porte en pierre se voient 
encore quelques vestiges de ses armes, brisees par les diverses 
revolutions qui depuis 1789 ont agite le pays. Dans cette rue, les 
rez-de-chaussee commercants ne sont ni des boutiques ni des magasins, 
les amis du moyen-age y retrouveraient l'ouvrouere de nos peres en 
toute sa naive simplicite. Ces salles basses, qui n'ont ni devanture, ni 
montre, ni vitrages, sont profondes, obscures et sans ornements 
exterieurs ou interieurs, Leur porte est ouverte en deux parties pleines, 
grossierement ferrees, dont la superieure se replie interieurement, et 
dont l'inferieure armee d'une sonnette a ressort va et vient constamment. 
L'air et le jour arrivent a cette espece d'antre humide, ou par le haut de 
la porte, ou par l'espace qui se trouve entre la voute, le plancher et le 
petit mur a hauteur d'appui dans lequel s'encastrent de solides volets, 
otes le matin, remis et maintenus le soir avec des bandes de fer 
boulonnees. Ce mur sert a etaler les marchandises du negociant. La, nul 
charlatanisme. Suivant la nature du commerce, les echantillons 
consistent en deux ou trois baquets pleins de sel et de morue, en 
quelques paquets de toile a voile, des cordages, du laiton pendu    
    
		
	
	
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