l'horaire du professeur: 
Du mois de janvier au mois d'avril 1844: Lundi à 4 heures: littérature 
française. Mardi à 10 heures: catéchétique. Mercredi à 8 heures: 
prédication[8]. à 4 heures: littérature française. Jeudi à 8 heures: 
prédication. à 10 heures: catéchétique. Vendredi à 10 heures: 
philosophie du christianisme. Samedi à 10 heures: lecture et récitation. 
On voit que Vinet était un homme occupé. 
Il écrivait le 1er mars à M. Passavant[9]: 
«Le fait est que je suis très chargé: je ne puis pas dire, malgré mes 
souffrances habituelles, que j'en aie trop pour mes forces; je ne me sens 
pas affaissé, mais il faut traiter au pas de course les plus grandes 
questions, brusquer les solutions, risquer le paradoxe et l'hérésie...[10]» 
L'hérésie est sans doute pour le cours de philosophie du christianisme, 
et le paradoxe pour celui de littérature. 
Revenons à l'Agenda: 
7 janvier (dimanche).--Passé la journée à la maison; préparé mon cours 
de demain (littérature). 
8 janvier.--Première leçon de littérature à l'Académie. 
9 janvier.--Deux étudiants, MM. Baillif et Ogay sont venus me 
demander la permission d'autographier mes leçons de littérature.
15 janvier.--Troisième leçon de littérature: Sur l'influence des Passions. 
19 janvier.--Visite de M. Baillif, étudiant, pour me demander si je 
consens à ce que mon cours soit imprimé: j'ai refusé. 
Vinet refusa parce qu'il entendait sans doute se réserver pour le journal 
de M. Lutteroth. Il écrivait un mois plus tard à ce dernier (14 février): 
«Je remets à M. Jaquet[11] pour vous les feuilles qui ont paru 
(autographiées) de mon cours de littérature française, c'est-à-dire du 
fragment de cours que je fais à l'Académie pendant l'absence de M. 
Monnard. J'avais un peu espéré que vous pourriez en un pressant besoin 
insérer dans le Semeur quelques unes de ces pages. J'en doute 
maintenant. En tout cas elles ne pourraient y paraître que revues et 
corrigées, à quoi je m'emploierais de mon mieux quand vous m'auriez 
désigné comme propre au Semeur telle ou telle portion du cours[12].» 
Vinet tenait au Semeur; il savait que ce journal était lu non seulement 
par le public protestant français, mais aussi par un autre public, que 
Sainte-Beuve le suivait de près, que Chateaubriand, Victor Hugo ne le 
dédaignaient pas. Vinet désirait agir non seulement dans le cercle 
restreint de ses auditeurs vaudois et de ses coreligionnaires, mais aussi 
au dehors. Ambition très légitime. 
Toutefois le Semeur ne publia rien. J'ignore pour quelle raison. Je 
suppose qu'il avait de la copie en abondance et sur des sujets plus 
actuels que Delphine ou l'Allemagne. Ce qu'il y a de sûr c'est que M. 
Lutteroth appréciait vivement les pages que Vinet lui adressait. Il 
songea même, à quelques temps de là, et à la requête de Mme Vinet, à 
chercher un libraire pour les publier en volume. 
Voici la lettre que Mme Vinet lui écrivait le 8 avril 1844; elle est 
intéressante à plus d'un titre: 
«Cher Monsieur, 
»Permettez-moi de venir en l'absence de mon mari[13] vous parler 
d'une petite affaire d'intérêt. Je viens de chez Mme Olivier[14] où
d'autres personnes se trouvaient: entre autres une de Genève; celle-ci 
dit que les autographies des leçons de mon mari faisaient bruit dans sa 
ville, et qu'il n'y avait pas de doute que quelqu'un ne s'en emparât, 
puisqu'on est tant à l'affût de ce qui est nouveau. Là-dessus on s'accorda 
à trouver que mon mari devait se hâter d'en faire un volume et que je 
devais aussi en écrire à M. Delay[15]. Il me semble plus sage de vous 
consulter là-dessus en vous priant d'en parler à tel libraire que vous 
voudrez. Je sais que mon mari a exprimé quelque regret de n'avoir pas 
tout de suite imprimé en partageant par chapitres, ou par leçons... M. 
Forel[16] croit qu'un volume de lui ferait beaucoup de bien... Vous 
savez comme mon mari est hésitant et timoré en affaires; il pourrait 
bien perdre à réfléchir un temps précieux... Je vous remets donc celle-là, 
monsieur, en vous demandant mille pardons de cette nouvelle 
importunité[17]...» 
M. Lutteroth n'aurait pas eu de peine à trouver dès ce moment-là un 
éditeur pour le cours sur Mme de Staël et Chateaubriand--et cela eût 
empêché les Genevois de songer à s'en emparer, comme les en accuse 
l'excellente Mme Vinet,--mais il fallait l'assentiment de Vinet. Celui-ci 
le refusa. 
«Je n'ai pu m'empêcher, écrivait-il à M. Lutteroth le 18 avril, de 
gronder un peu ma femme de vous avoir importuné. Il a toujours été, il 
est encore bien loin de ma pensée de transformer en livre les leçons que 
j'ai faites cet hiver. Je ne les crois pas dignes de l'honneur qu'on veut 
leur faire, et je suis persuadé que la trop favorable attente de mes amis 
serait amèrement trompée. Il faut pouvoir imprimer à force de talent ou 
de savoir le sceau de la nouveauté sur un sujet si familier    
    
		
	
	
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