Escal-Vigor

Georges Eekhoud

Escal-Vigor, by Georges Eekhoud

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Title: Escal-Vigor
Author: Georges Eekhoud
Release Date: May 17, 2005 [EBook #15844]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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Georges Eekhoud

ESCAL-VIGOR

(1899)

Table des mati��res
PREMI��RE PARTIE ALFRED VALLETTE I II III IV V VI VII VIII DEUXI��ME PARTIE LES SACRIFICES DE BLANDINE I II III IV V VI VII VIII TROISI��ME PARTIE LA KERMESSE DE LA SAINT-OLFGAR I II III IV V

PREMI��RE PARTIE ALFRED VALLETTE
I
Ce premier juin, Henry de Kehlmark, le jeune ?Dykgrave? ou comte de la Digue, chatelain de l'Escal-Vigor, traitait une nombreuse compagnie, en mani��re de Joyeuse Entr��e, pour c��l��brer son retour au berceau de ses a?eux, �� Smaragdis, l'?le la plus riche et la plus vaste d'une de ces hallucinantes et h��ro?ques mers du Nord, dont les golfes et les fiords fouillent et d��coupent capricieusement les rives en des archipels et des deltas multiformes.
Smaragdis ou l'?le smaragdine d��pend du royaume mi-germain et mi- celtique de Kerlingalande. �� l'origine du commerce occidental, une colonie de marchands hans��ates s'y fixa. Les Kehlmark pr��tendaient descendre des rois de mer ou vikings danois. Banquiers un peu matin��s de pirates, hommes d'action et de savoir, ils suivirent Fr��d��ric Barberousse dans ses exp��ditions en Italie, et se distingu��rent par un attachement in��branlable, la fid��lit�� du thane pour son roi, �� la maison de Hohenstaufen.
Un Kehlmark avait m��me ��t�� le favori de Fr��d��ric II, le sultan de Lucera, cet empereur voluptueux, le plus artiste de cette romanesque maison de Souabe, qui v��cut les r��ves profonds et virils du Nord dans la radieuse patrie du soleil. Ce Kehlmark p��rit �� B��n��vent avec Manfred, le fils de son ami.
Aujourd'hui encore, un grand panneau de la salle de billard d'Escal-Vigor repr��sentait Conradin, le dernier des Hohenstaufen, embrassant Fr��d��ric de Bade avant de monter avec lui sur l'��chafaud.
Au XVe si��cle, �� Anvers, un Kehlmark florissait, cr��ancier des rois, comme les Fugger et les Salviati, et il figurait parmi ces Hans��ates fastueux qui se rendaient �� la cath��drale ou �� la Bourse, pr��c��d��s de joueurs de fifres et de violes.
Demeure historique et m��me l��gendaire, tenant d'un burg teuton et d'un palazzo italien, le chateau d'Escal-Vigor se dresse �� l'extr��mit�� occidentale de l'?le, �� l'intersection de deux tr��s hautes digues d'ou il domine tout le pays.
De temps imm��morial, les Kehlmark, avaient ��t�� consid��r��s comme les ma?tres et les protecteurs de Smaragdis. La garde et l'entretien des digues monumentales leur incombaient depuis des si��cles. On attribuait m��me �� un anc��tre d'Henry la construction de ces remparts ��normes qui avaient �� jamais pr��serv�� la contr��e de ces inondations, voire de ces submersions totales dans lesquelles s'engloutirent plusieurs ?les soeurs.
Une seule fois, vers l'an 1400, en une nuit de cataclysme, la mer ��tait parvenue �� rompre une partie de cette cha?ne de collines artificielles et �� rouler ses flots furieux jusqu'au coeur de l'?le m��me; et la tradition voulait que le burg d'Escal-Vigor e?t ��t�� assez vaste et assez approvisionn�� pour servir de refuge et d'entrep?t �� toute la population.
Tant que les eaux couvrirent le pays, le Dykgrave h��bergea son peuple, et lorsqu'elles se furent retir��es, non seulement il r��para la digue �� ses frais, mais il rebatit les chaumi��res de ses vassaux. Avec le temps, ces digues, pr��s de cinq fois s��culaires, avaient rev��tu l'aspect de collines naturelles. Elles ��taient plant��es, �� leur cr��te, d'��pais rideaux d'arbres un peu pench��s par le vent d'ouest. Le point culminant ��tait celui o�� les deux rang��es de collines se rejoignaient pour former une sorte de plateau ou de promontoire, avan?ant comme un ��peron ou une proue dans la mer. C'��tait pr��cis��ment �� l'extr��mit�� de ce cap que se dressait le chateau. Face �� l'Oc��an, la digue taill��e �� pic pr��sentait un mur de granit rappelant ces rocs majestueux du Rhin dans lesquels semble avoir ��t�� d��coup�� le manoir qui les couronne.
�� mar��e haute, les vagues venaient se briser au pied de cette forteresse ��rig��e contre leurs fureurs. Du c?t�� des terres, les deux digues d��valaient en pente douce, et, �� mesure qu'elles s'��cartaient, leurs branches formaient un vallon allant en s'��largissant et qui repr��sentait un parc merveilleux avec des futaies, des ��tangs, des paturages. Les arbres, jamais ��mond��s, ouvraient de larges ��ventails toujours fr��missants d'arp��ges ��oliens. Les fuites de daims passaient comme un ��clair fauve parmi les frondaisons compactes, o�� des vaches broutaient cette herbe humide et succulente d'un vert presque fluide qui avait valu �� l'?le son nom de Smaragdis ou d'��meraude.
Malgr�� la popularit�� des Kehlmark dans
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