Ellénore, Volume I, by Sophie 
Gay 
 
The Project Gutenberg EBook of Ellénore, Volume I, by Sophie Gay 
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Title: Ellénore, Volume I 
Author: Sophie Gay 
Release Date: February 12, 2006 [EBook #17757] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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ELLÉNORE, VOLUME I *** 
 
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SOPHIE GAY
ELLÉNORE 
VOLUME I 
 
PARIS MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS RUE 
VIVIENNE, 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15 A LA 
LIBRAIRIE NOUVELLE 
1864 
 
INTRODUCTION 
C'est sous le Consulat, à un dîner chez la marquise de Condorcet, où se 
trouvaient plusieurs des personnes des plus remarquables de ce temps, 
que je vis pour la première fois la belle madame Mansley, cette 
spirituelle Ellénore qu'un homme justement célèbre a choisie pour 
l'héroïne d'un roman qui, sauf quelques voiles très-diaphanes, montre 
avec confiance la vérité des caractères plutôt que celle des faits. Le 
portrait qu'a tracé Adolphe d'Ellénore, écrit sous l'influence d'un 
sentiment intéressé, est bien celui qu'il a vu, mais non pas celui qui la 
ferait reconnaître par ses parents et par ses amis. L'amour n'est pas sujet 
à voir juste; celui d'Adolphe, qui éprouvait également le besoin de se 
vanter et de se décrier, devait louer et blâmer à faux la cause de toutes 
ses inconséquences de coeur; mais qui oserait médire des illusions qui 
ont produit un si charmant ouvrage! 
J'étais ravie de me rencontrer avec cette femme dont j'entendais parler 
chaque jour d'une si différente manière. Pour les uns, c'était une 
personne d'un grand caractère, dont l'âme noble, l'esprit indépendant et 
le ton austère étaient l'objet d'une admiration respectueuse. Pour les 
autres, c'était une femme bizarre, passionnée, orgueilleuse, 
inconséquente, prude et légère, conciliant une extrême sévérité de 
principes avec la situation la plus équivoque. Son caractère et ses 
qualités variaient en raison du plus ou moins d'occasions qu'on avait
eues de la connaître et de se l'expliquer. 
Pour cette masse d'indifférents qui classent les femmes par rang et non 
par espèce, madame Mansley était tout simplement la maîtresse du 
comte de Savernon. Pour les gens distingués dont elle aimait à 
s'entourer, c'était l'amie dévouée à qui M. de Savernon devait la 
conservation de sa fortune et de sa vie; car elle s'était exposée au 
danger de périr sur l'échafaud pour obtenir des rois de la Terreur les 
passeports, ensuite les certificats de résidence qui avaient assuré la 
liberté et l'existence de toute la famille de M. de Savernon. En 
reconnaissance du sentiment auquel il devait son bonheur et celui de 
tous ceux qui lui étaient chers, M. de Savernon consacrait sa vie à 
Ellénore. On savait que l'opposition de madame la marquise de 
Savernon au divorce demandé par son mari était le seul obstacle au 
mariage de ce dernier avec madame Mansley, et cet avenir de mariage 
suffisait aux gens que les avantages d'une bonne maison et d'une 
société agréable captivent avant tout. D'ailleurs, à cette époque, on 
n'était pas rigide, ou, pour mieux dire l'indulgence se portait alors sur le 
mérite et les agréments, comme elle se porte aujourd'hui sur l'argent et 
l'égoïsme. 
Les talents, les célébrités, les gens distingués de toutes les classes, 
échappés comme par miracle à la faux révolutionnaire, se réunissaient 
alors avec une joie mêlée de regrets, comme ces naufragés qui pleurent 
et s'embrassent après avoir vu périr le vaisseau qui portait leur fortune. 
La misère et la mort, ces deux niveaux dont aucune vanité ne saurait 
altérer la justesse, avaient établi une véritable égalité à côté de cette 
égalité fictive, prétexte du plus féroce despotisme. Le génie, l'esprit, le 
courage, le savoir, allaient de pair avec tout ce qui restait de nos 
anciennes illustrations. Le gentilhomme le plus entiché de ses vieux 
préjugés saisissait avec empressement l'occasion d'y être infidèle en se 
rapprochant du plébéien éloquent, ou de l'artiste spirituel auquel il 
devait sa sortie de prison. 
La reconnaissance était encore plus facile envers la femme qui l'avait 
méritée par un dévouement héroïque... Quel moraliste sévère, quel 
Solon des convenances aurait osé blâmer, dans ces temps de troubles,
l'homme qui payait de son nom et de sa fortune l'asile offert, sous peine 
de mort, par la femme généreuse qui recueillait un proscrit? Il paraissait 
si simple alors de préférer ses affections à des titres perdus, à des 
usages violés, à des seigneuries sous les scellés! Passer de douces 
heures près de la personne qui venait de vous    
    
		
	
	
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