se faisait des 
blessures dangereuses. Un jour que, dans l'été il courait après des papillons, il se livra 
avec emportement à ce plaisir, et se mit tout en nage et hors d'haleine. Mourant de soif, il 
rencontra une belle source dont l'eau claire comme le cristal, et froide comme la glace, 
coulait à l'ombre d'un bocage. Guillaume se précipita vers cette eau et en but à longs traits: 
à peine eut-il commis cette imprudence qu'il se sentit malade et ne put qu'à grand'peine 
retourner chez son père; on le mit au lit, il fut pris d'une fièvre dangereuse, et sa vie fut en 
danger. 
--Ah! mon père, disait-il un jour, qui eût pensé que cette belle source contînt un poison si 
dangereux? que les apparences sont trompeuses.--Tu accuses à tort la source, répondit le 
père; c'est elle qui fournit le ruisseau dont nous buvons l'eau chaque jour, jamais elle ne 
nous a nui; mais toi, tu l'as rendue malfaisante en la prenant la plus fraîche possible, au 
moment où ton corps était tout bouillant de chaleur; c'est ton imprudence qui a fait un 
poison de cette eau salutaire: n'oublie pas que l'excès corrompt les meilleures choses. 
 
LES POMMES. 
Tous les vices se tiennent par la main, la gourmandise mène le vol. Philibert était un petit 
gourmand: de la fenêtre de sa chambre, il voyait de belles pommes dans un jardin près de 
là, Il succomba à la tentation que l'aspect de ce fruit lui faisait éprouver, et de grand matin 
il chercha à pénétrer dans le jardin où se trouvait l'objet de sa convoitise. Il découvrit à la 
haie qui en formait la clôture un petit trou qu'il parvint à agrandir, et y passa avec grande 
peine en s'égratignant les mains et en salissant ses vêtements. Il arriva enfin auprès du 
pommier et se hâta de remplir de plus beaux fruits les poches de son habit. Au moment 
où il allait partir, il vit arriver le maître du jardin, qui se mit à sa poursuite. Comme 
Philibert courait bien, il parvint à temps au trou de la haie, engagea promptement sa tête 
et ses épaules; mais, comme l'espace était juste, les poches gonflées de pommes ne purent 
passer, et le retinrent comme dans un piége.
Le maître du jardin arriva, et après avoir ri de grand coeur de l'aventure singulière, il 
reprit ses pommes, fustigea le voleur et lui dit:--C'est la chose même que tu as volée qui 
est cause que tu es puni pour ton vol. 
 
L'ENVIEUX. 
Un jardinier, qui était fort habile cultivateur, cultivait dans son terrain les plus beaux 
légumes et les plus beaux fruits. Il se levait de grand matin, se couchait tard, et travaillait 
tout le jour. 
Il y avait dans le voisinage un autre jardinier, qui n'était pas moins habile, mais qui était 
envieux de tout ce qui arrivait d'heureux à son prochain. Chaque fois qu'il voyait que les 
arbres ou les autres plantes du premier donnaient de belles espérances, il en était tout 
soucieux: c'était bien pire quand ces espérances se réalisaient: il était dèsolé. Une année il 
avait remarqué que la treille de son voisin annonçait une superbe récolte, tandis que la 
sienne ne promettait rien de bon, sans doute parce qu'elle était moins bien exposée. Ne 
pouvant résister au désir de satisfaire son envie, il se leva la nuit et coupa toutes les plus 
belles branches des ceps de vigne de son confrère; il s'en alla sans qu'on l'eût vu, et le 
lendemain apprit avec joie que celui-ci était plongé dans la douleur. 
Or, dans ce temps-là on ne connaissait pas l'art de tailler la vigne; l'on ne savait pas que 
pour obtenir des raisins beaux et bons il faut retrancher à chaque pied la plus grande 
partie des branches nouvelles. L'on fut donc bien étonné de voir que la treille, loin de 
souffrir, produisit des raisins en très-grande abondance et délicieux. 
L'envieux éprouva une telle douleur qu'il en tomba malade. Mais son voisin, qui réfléchit 
sur cet événement, comprit qu'il avait eu lieu parce qu'en retranchant une partie des 
branches, toute la sève de chaque pied de vigne avait profité au fruit. 
De cette observation, il déduisit l'art de tailler la vigne, qui devint pour lui une source de 
fortune. L'envieux en mourut de dépit. 
 
LES CAILLOUX. 
Floret servait comme garçon chez un marchand d'eau-de-vie; il s'était habitué à en boire 
de plus en plus, si bien qu'à la fin il en consommait chaque jour une demi-bouteille, que 
son maître lui donnait comme gages. Cette boisson funeste détruisait sa santé; il fut 
obligé d'appeler le médecin, qui lui dit qu'il périrait bientôt s'il ne cessait de boire de 
l'eau-de-vie.--L'habitude est trop bien prise, répondit Floret, il faut chaque jour que je 
vide cette bouteille, je ne puis m'en    
    
		
	
	
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