Contes, Nouvelles et Récits, by 
Jules Janin 
 
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Title: Contes, Nouvelles et Récits 
Author: Jules Janin 
Release Date: June 9, 2004 [EBook #12566] [Date last updated: 
September 27, 2004] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONTES, 
NOUVELLES ET RÉCITS *** 
 
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CONTES
NOUVELLES 
ET RÉCITS 
PAR JULES JANIN 
DEUXIÈME ÉDITION 
 
TOUT DE BON COEUR L'ÉPAGNEUL MAITRE D'ÉCOLE MLLE 
DE MALBOISSIÈRE MLLE DE LAUNAY ZÉMIRE VERSAILLES 
LE POÈTE EN VOYAGE LA REINE MARGUERITE 
 
1885 
 
TOUT DE BON COEUR 
Il ne faut rien négliger, sitôt que l'on exerce avec un certain zèle la 
profession des belles-lettres. Tout sert, ou du moins tout peut servir. 
Qui dirait que, dans un vieux recueil de sermons en latin, sans date, 
mais qui sent son seizième siècle d'une lieue, un dominicain sans nom a 
recueilli (Sermones disciputi de tempore) deux cent douze histoires 
dramatiques pour tous les dimanches et les principales fêtes de l'année? 
«J'ai appelé ces sermons les sermons du néophyte, parce qu'il n'y a rien 
de magistral dans ces histoires innocentes, et que le premier écolier 
venu les pourrait écrire, et mieux inventer.» Si bien que les jeunes 
prédicateurs, quand ils voudront tenir leur auditoire attentif, n'auront 
qu'à puiser à pleines mains parmi ces contes dont la naïveté fait tout le 
mérite. Ceci dit, le dominicain entre en matière, et, parmi ces 
historiettes, nous choisissons la présente histoire du diable et du bailli. 
Ce bailli était le fléau d'une douzaine de malheureux villages du Jura, 
groupés autour d'un misérable château fort, où la dévastation, l'incendie 
et la guerre avaient laissé leur formidable empreinte. On respirait la 
tristesse en ces lieux désolés de longue date; si l'on eût cherché un
domicile à l'anéantissement... le plus habile homme n'eût rien trouvé de 
plus propice que cet amas de souffrances et d'ennuis. La nature même, 
en ses beautés les plus charmantes, avait été vaincue à force de tyrannie. 
En ce lieu désolé, l'écho avait oublié le refrain des chansons; le bois 
sombre était hanté par des hôtes silencieux; l'orfraie et le vautour 
étaient les seuls habitants de ces sapins du Nord dont on entendit les 
cris sauvages. Sur le bord des lacs dépeuplés, ce n'étaient que 
coassements. Le bétail avait faim; l'abeille errante avait été chassée, ô 
misère! de sa ruche enfumée. Il n'y avait plus de sentiers dans les 
champs, plus de ponts sur les ruisseaux, plus un bac sur la rivière. Il y 
avait encore un moulin banal, mais pas un pain pour la fournée. On 
racontait cependant qu'autrefois les villageois cuisaient dans ce four 
leurs galettes de sarrasin, et, la veille des bonnes fêtes, un peu de 
viande au fond d'un plat couvert; mais le plat s'était brisé. L'incendie et 
la peste avaient été les seules distractions de ces maisons douloureuses. 
La milice avait emporté les forts, la fièvre avait emporté les petits. 
Quelques vieux restaient pour maudire encore. A travers le cimetière 
avaient passé l'hyène et le loup dévorants. L'église était vide, et la geôle 
était pleine. Autel brisé, granges dévastées; le curé était mort de faim; 
la cloche, au loin, ne battait plus, faute d'une corde, avec laquelle le 
prévôt, par économie, avait pendu les plus malheureux. C'était la seule 
charité que ces pauvres gens pussent attendre. Ainsi, du Seigneur d'en 
haut et du seigneur d'en bas, pas une trace. En vain il est écrit: «Pas de 
terre sans seigneur, et pas de ciel sans un Dieu!» C'était vrai pourtant, 
Dieu n'était plus là! Le marquis de Mondragon, le maître absolu de 
cette seigneurie, était absent; sa femme n'y venait plus, ses enfants n'y 
venaient pas. La honte et le déshonneur avaient précédé cette ruine. Ah! 
rien que des lambeaux pour couvrir les vassaux de cet homme, et rien 
que des herbes pour les nourrir! Les sangsues avaient à peine laissé sur 
ces pauvres un peu de chair collée sur leurs os! Malheureux! ils avaient 
supporté si longtemps les gens de guerre, les gens d'affaires, les gens du 
roi, des princes du sang, des officiers de la couronne et des 
gentilshommes au service de Sa Majesté! autant d'oiseaux de proie et 
de rapine. A la fin, quand on les vit tout à fait réduits au néant, rois, 
princes et seigneurs, capitaines et marquis semblèrent avoir oublié que 
ce petit coin de    
    
		
	
	
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