Consuelo, Tome 3 | Page 2

George Sand
port de voix achev��, la chute, l'inflexion tendre, le mart��lement gai, le cadenc�� feinte, etc., etc. Allez prendre du repos; je vous ai fait pr��parer des chambres, dans ce palais. Je m'arr��te ici pour mes affaires jusqu'�� midi. Vous d��jeunerez, et vous me suivrez jusqu'�� Vienne. Consid��rez-vous d��s �� pr��sent comme ��tant �� mon service. Pour commencer, Joseph, allez dire �� mon valet de chambre de venir m'��clairer jusqu'�� mon appartement. Toi, dit-il �� Consuelo, reste, et recommence-moi la derni��re roulade que je t'ai enseign��e. Je n'en suis pas parfaitement content.?
A peine Joseph fut-il sorti, que le comte, prenant les deux mains de Consuelo avec des regards fort expressifs, essaya de l'attirer pr��s de lui. Interrompue dans sa roulade, Consuelo le regardait aussi avec beaucoup d'��tonnement, croyant qu'il voulait lui faire battre la mesure; mais elle lui retira brusquement ses mains et se recula au bout de la table, en voyant ses yeux enflamm��s et son sourire libertin.
?Allons! vous voulez faire la prude? dit le comte en reprenant son air indolent et superbe. Eh bien, ma mignonne, nous avons un petit amant? Il est fort laid, le pauvre h��re, et j'esp��re qu'�� partir d'aujourd'hui vous y renoncerez. Votre fortune est faite, si vous n'h��sitez pas; car je n'aime pas les lenteurs. Vous ��tes une charmante fille, pleine d'intelligence et de douceur; vous me plaisez beaucoup, et, d��s le premier coup d'oeil que j'ai jet�� sur vous, j'ai vu que vous n'��tiez pas faite pour courir la pretentaine avec ce petit dr?le. J'aurai soin de lui pourtant; je l'enverrai �� Roswald, et je me charge de son sort. Quant �� vous, vous resterez �� Vienne. Je vous y logerai convenablement, et m��me, si vous ��tes prudente et modeste, je vous produirai dans le monde. Quand vous saurez la musique, vous serez la prima-donna de mon th��atre, et vous reverrez votre petit ami de rencontre, quand je vous m��nerai �� ma r��sidence. Est-ce entendu?
--Oui, monsieur le comte, r��pondit Consuelo avec beaucoup de gravit�� et en faisant un grand salut; c'est parfaitement entendu.?
Joseph rentra en cet instant avec le valet de chambre, qui portait deux flambeaux, et le comte sortit en donnant un petit coup sur la joue de Joseph et en adressant �� Consuelo un sourire d'intelligence.
?Il est d'un ridicule achev��, dit Joseph �� sa compagne d��s qu'il fut seul avec elle.
--Plus achev�� encore que tu ne penses, lui r��pondit-elle d'un air pensif.
--C'est ��gal, c'est le meilleur homme du monde, et il me sera fort utile �� Vienne.
--Oui, �� Vienne, tant que tu voudras, Beppo; mais �� Passaw, il ne le sera pas le moins du monde, je t'en avertis. O�� sont nos effets, Joseph?
--Dans la cuisine. Je vais les prendre pour les monter dans nos chambres, qui sont charmantes, �� ce qu'on m'a dit. Vous allez donc enfin vous reposer!
--Bon Joseph, dit Consuelo en haussant les ��paules. Allons, reprit-elle, va vite chercher ton paquet, et renonce �� ta jolie chambre et au bon lit o�� tu pr��tendais si bien dormir. Nous quittons cette maison �� l'instant m��me; m'entends-tu? D��p��che-toi, car on va s?rement fermer les portes.?
Haydn crut r��ver.
?Par exemple! s'��cria-t-il: ces grands seigneurs seraient-ils aussi des racoleurs?
--Je crains encore plus le Hoditz que le Mayer, r��pondit Consuelo avec impatience. Allons, cours, n'h��site pas, ou je te laisse et je pars seule.?
Il y avait tant de r��solution et d'��nergie dans le ton et la physionomie de Consuelo, que Haydn, ��perdu et boulevers��, lui ob��it �� la hate. Il revint au bout de trois minutes avec le sac qui contenait les cahiers et les hardes; et, trois minutes apr��s, sans avoir ��t�� remarqu��s de personne, ils ��taient sortis du palais, et gagnaient le faubourg �� l'extr��mit�� de la ville.
Ils entr��rent dans une ch��tive auberge, et lou��rent deux petites chambres qu'ils pay��rent d'avance, afin de pouvoir partir d'aussi bonne heure qu'ils voudraient sans ��prouver de retard.
?Ne me direz-vous pas au moins le motif de cette nouvelle alerte? Demanda Haydn �� Consuelo en lui souhaitant le bonsoir sur le seuil de sa chambre.
--Dors tranquille, lui r��pondit-elle, et apprends en deux mots que nous n'avons pas grand'chose �� craindre maintenant. M. le comte a devin�� avec son coup d'oeil d'aigle que je ne suis point de son sexe, et il m'a fait l'honneur d'une d��claration qui a singuli��rement flatt�� mon amour-propre. Bonsoir, ami Beppo; nous d��campons avant le jour. Je secouerai ta porte pour te r��veiller.?
Le lendemain, le soleil levant ��claira nos jeunes voyageurs voguant sur le Danube et descendant son cours rapide avec une satisfaction aussi pure et des coeurs aussi l��gers que les ondes de ce beau fleuve. Ils avaient pay�� leur passage sur la barque d'un vieux batelier qui portait des marchandises �� Lintz. C'��tait un brave homme, dont ils furent contents, et qui ne g��na pas leur entretien. Il n'entendait pas un
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