CEtait ainsi...

Cyriel Buysse
C'Etait ainsi...

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Title: C'Etait ainsi...
Author: Cyriel Buysse
Release Date: December 1, 2003 [EBook #10346]
Language: French
Character set encoding: ISO Latin-1
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AINSI... ***

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C'ÉTAIT AINSI ...
par
CYRIEL BUYSSE
(traduit du Flamand par l'auteur)

A MON FILS QUI CONNAIT LA FLANDRE QUI COMPREND
L'ESPRIT DE LA FLANDRE QUI AIME LA FLANDRE
* * * * *
PREMIÈRE PARTIE

I
L'huilerie et la minoterie de M. de Beule formaient un groupe de vieux
bâtiments, à côté d'un beau grand jardin.
Un rentier du village y demeurait jadis. La maison d'habitation était en
bordure de la rue; et les bâtisses, qui plus tard allaient devenir une
fabrique, étaient alors une sorte d'asile abritant des vieillards et
nécessiteux. Le grand jardin les séparait de la maison du rentier, et de la
rue ils avaient leur chemin d'accès.
A la mort du rentier, M. de Beule avait acquis le tout. Il y installa sa
fabrique, d'abord modestement, puis l'agrandit peu à peu, jusqu'à ce
qu'elle absorbât toutes les vieilles maisonnettes. Pleurs et lamentations
des vieillards et des indigents, ainsi contraints, à tour de rôle, de
chercher un autre toit; mais, puisque c'était l'inévitable, ils finissaient
par se résigner. Et même par en tirer profit. Car ceux qui avaient encore
du monde jeune chez eux offraient leurs services à M. de Beule, qui, de
son côté, les employait volontiers à la fabrique, de préférence à
d'autres.
La fabrique de M. de Beule était la seule au village, où elle devenait un
peu synonyme de lumière et de progrès. Les gens se sentaient plus de
goût à travailler dans une usine mue par la vapeur, qu'à peiner dans l'un
ou l'autre atelier où la force motrice était fournie par un cheval ou un
moulin à vent. L'arrivée de cette machine à vapeur,--achetée
d'occasion,--fut un événement sensationnel pour les villageois. Jusque
des environs les gens vinrent contempler la merveille. Les trois

chaudières surtout, une très grande et deux plus petites, firent une
impression énorme. Il fallut trois gros chariots et douze chevaux pour
amener le tout à pied d'oeuvre. Le maître d'école y était, avec tous ses
élèves, pour leur donner sur place une belle leçon de mécanique; M. le
curé et son vicaire également, comme pour apporter leur bénédiction.
En voyant décharger ces engins formidables, on avait l'impression
d'assister à un travail surhumain. Il était dirigé par des ouvriers de la
ville, qui criaient leurs ordres dans un langage que les manoeuvres
villageois ne comprenaient pas toujours. D'où des méprises
dangereuses, et qui provoquaient chez les citadins des jurons
effroyables, à la grande indignation de M. de Beule qui en frémissait,
scandalisé à cause de la présence des ecclésiastiques, et invitait les
mécaniciens à modérer leurs expressions. Avec ses coups de chance et
ses contretemps, le travail d'installation prit un été; et au premier
octobre enfin tout fut prêt et la fabrique «tourna».
Il y avait six pilons, deux jeux de meules verticales à broyer la graine et
deux meules horizontales à moudre le grain. Tout cela se trouvait dans
une sorte de large hangar, bas et sombre, aux noires solives. A côté,
dans une salle plus claire et aménagée avec quelque coquetterie,
comme pour un objet de luxe, était installée la machine à vapeur,
séparée de l'huilerie par un mur aux larges baies vitrées. Par ces baies et
par les fenêtres au mur d'en face, du trou sombre qu'était l'huilerie on
apercevait les pelouses lustrées et la majesté des hautes frondaisons,
dans le beau jardin d'agrément de M. de Beule.
A six heures du matin commençait le travail. Le chauffeur ouvrait le
robinet de vapeur; et lentement, avec un lourd soupir, la machine se
mettait à tourner. Les engrenages mordaient, sur les poulies luisantes
les courroies glissaient en s'étirant comme de grands oiseaux du
crépuscule volant en cage; et les boules de cuivre du régulateur
dansaient une ronde folle, pendant que l'énorme volant traçait son
cercle formidable et noir contre le mur pâle, pareil à une bête
monstrueuse et violente, faisant de vains efforts pour échapper à sa
captivité. Dans la «fosse aux huiliers» les grandes meules aussitôt
écrasaient la menue graine de lin ou de colza, les six fours la
chauffaient, les hommes en emplissaient les sacs de laine, les

aplatissaient de la main dans les étreindelles de cuir garnies de crin à
l'intérieur, les mettaient dans les presses. Bientôt les lourds pilons
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