Benjamin Constant, by Hippolyte 
Castille 
 
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Title: Benjamin Constant 
Author: Hippolyte Castille 
Release Date: January 19, 2007 [EBook #20398] 
Language: French 
Character set encoding: ISO-8859-1 
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CONSTANT *** 
 
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PORTRAITS HISTORIQUES
Au dix-neuvième siècle. 
26 
 
BENJAMIN CONSTANT. 
PAR 
HIPPOLYTE CASTILLE 
* * * * * 
PARIS FERDINAND SARTORIUS, ÉDITEUR, 9, RUE MAZARINE, 
9. 
(L'auteur et l'éditeur se réservent le droit de traduction et de 
reproduction à l'étranger.) 
1857 
[Image de BENJAMIN CONSTANT] 
[Image d'écriture] 
IMPRIMERIE DE L. TINTERLIN ET Cº, RUE 
Ne-DES-BONS-ENFANTS, 3. 
* * * * * 
 
BENJAMIN CONSTANT. 
«Tout en ne m'intéressant qu'à moi, je m'intéressais faiblement à 
moi-même. Je portais au fond de mon coeur un besoin de sensibilité 
dont je ne m'apercevais pas, mais qui, ne trouvant point à se satisfaire, 
me détachait successivement de tous les objets qui, tour à tour, 
attiraient ma curiosité. Cette indifférence sur tout s'était encore fortifiée
par l'idée de la mort.» 
(BENJAMIN CONSTANT, Adolphe.) 
Un soir, en décembre 1830, une foule immense s'engouffra dans la 
triste rue de marbriers et de fossoyeurs qui meneau cimetière du 
Père-Lachaise. Paris, ses hautes maisons et ses tours grises se perdaient 
dans la nuit. Il pleuvait. Mais la foule émue, qui s'acheminait si tard 
vers la funèbre colline de l'Est, ne sentait ni la pluie, ni le froid. 
Des étudiants et des ouvriers traînaient, par ce servile instinct des 
multitudes heureuses de s'atteler au char de la célébrité, le cadavre d'un 
illustre acteur de la vie publique. Comme dans les images qui 
représentent les funérailles de Werther, on voyait des gens armés de 
torches, les uns à pied, les autres à cheval. L'émeute mortuaire qui se 
fait autour des cercueils politiques, la bière qui s'était trouvée trop 
grande pour le corbillard, le pavé glissant, les cris de Vive la liberté! 
avaient retardé le convoi. 
De sorte que ce fut avec une mise en scène tout à fait théâtrale que le 
Méphistophelès de la démocratie, M. Benjamin Constant, fut apporté à 
sa dernière demeure. 
M. de La Fayette prononça un discours, où l'éloge de la liberté se 
mêlait à l'éloge du tribun décédé. La terre se referma ensuite sur ce 
pauvre corps tourmenté, pendant quarante ans, par tant de passions plus 
ou moins factices et par tant de vanités de l'esprit et du coeur. 
La France, au dix-neuvième siècle est, quoi qu'elle en pense, plus 
malade de son imagination que de son génie. À l'heure où j'écris, 
l'activité tourne au positif et paraît se concentrer avec une énergie 
singulière dans les questions d'intérêt matériel. Mais toute la première 
moitié du siècle offre un caractère fort différent. 
Ce n'est qu'à dater du règne de Louis-Philippe que la transformation 
commence. Encore rencontre-t-on, à cette époque, une pléiade 
d'utopistes qui prouve que l'imagination, pour avoir pris des aspects 
systématiques, survit encore. Elle cherche à survivre, en dépit de la
matière envahissante, dans un romantisme économique qui rivalise 
avec le débordement de vers et de feuilletons dont notre adolescence fut 
inondée. 
Les choses ont changé. Adolphe aujourd'hui ne se nomme plus 
Benjamin Constant; il se nomme tout simplement Monsieur Million, 
banquier, déjeune en imagination de la tête de Rothschild et ne fait de 
victimes qu'à la Bourse. 
M. Benjamin Constant traversa les trois phases révolutionnaires, 
militaire et parlementaire qui préparent l'ère encore inconnue vers 
laquelle nous marchons, et que, jusqu'à présent, on a surnommée l'ère 
industrielle. 
Henri-Benjamin Constant de Rebecque fut un Flamand qui naquit à 
Lausanne, le 25 octobre 1767. Ses aïeux ont guerroyé au seizième 
siècle, sous Charles-Quint et sous Henri IV. C'était une famille 
d'Aire-sur-la-Lys, bonne petite ville de l'Artois, qui dort paisiblement 
entre ses hautes et pittoresques fortifications. Cette famille était 
devenue protestante au seizième siècle. 
Il perdit sa mère en naissant. Son enfance manqua de ces impressions 
tendres qui, chez les hommes d'imagination, sont surtout nécessaires, 
parce qu'elles assouplissent l'orgueil et l'égoïsme de leur personnalité. 
Son père était un colonel suisse au service des états-généraux de 
Hollande. 
Le privilège de porter des armes, l'éclat barbare du costume, l'absolu 
dans l'obéissance comme dans le commandement, engendre chez les 
militaires une sécheresse d'esprit, un scepticisme, un matérialisme de 
bonne humeur qui n'est pas ce qu'il y a de mieux pour l'éducation de la 
jeunesse. Le militaire est toujours, dans sa propre pensée, un peu 
conquérant, un peu    
    
		
	
	
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