Aventures du Capitaine Hatteras | Page 2

Jules Verne
fois plus forte que la paye habituelle! Ah! sans cela, Richard Shandon n'aurait trouv�� personne pour s'engager dans des circonstances pareilles! Un batiment d'une forme ��trange qui va on ne sait o��, et n'a pas l'air de vouloir beaucoup revenir! Pour mon compte, cela ne m'aurait gu��re convenu.
--Convenu ou non, l'ami, r��pliqua ma?tre Cornhill, tu n'aurais jamais pu faire partie de l'��quipage du Forward.
--Et pourquoi cela?
--Parce que tu n'es pas dans les conditions requises, Je me suis laiss�� dire que les gens mari��s en ��taient exclus. Or tu es dans la grande cat��gorie. Donc, tu n'as pas besoin de faire la petite bouche, ce qui, de ta part d'ailleurs, serait un v��ritable tour de force.?
Le matelot, ainsi interpell��, se prit �� rire avec ses camarades, montrant ainsi combien la plaisanterie de ma?tre Cornhill ��tait juste.
?Il n'y a pas jusqu'au nom de ce batiment, reprit Cornhill satisfait de lui-m��me, qui ne soit terriblement audacieux! _Le Forward_[1], forward jusqu'o��? Sans compter qu'on ne conna?t pas son capitaine, �� ce brick-l��?
[1] Forward, en avant.
--Mais si, on le conna?t, r��pondit un jeune matelot de figure assez na?ve.
--Comment! on le conna?t?
--Sans doute.
--Petit, fit Cornhill, en es-tu �� croire que Shandon soit le capitaine du _Forward?_
--Mais, r��pliqua le jeune marin...
--Sache donc que Shandon est le commander[1], pas autre chose; c'est un brave et hardi marin, un baleinier qui a fait ses preuves, un solide comp��re, digne en tout de commander, mais enfin il ne commande pas; il n'est pas plus capitaine que toi ou moi, sauf mon respect! Et quant �� celui qui sera ma?tre apr��s Dieu �� bord, il ne le conna?t pas davantage. Lorsque le moment en sera venu, le vrai capitaine appara?tra on ne sait comment et de je ne sais quel rivage des deux mondes, car Richard Shandon n'a pas dit et n'a pas eu la permission de dire vers quel point du globe il dirigerait son batiment.
[1] Second d'un batiment anglais.
--Cependant, ma?tre Cornhill, reprit le jeune marin, je vous assure qu'il y a eu quelqu'un de pr��sent�� �� bord, quelqu'un annonc�� dans la lettre o�� la place de second ��tait offerte �� M. Shandon!
--Comment! riposta Cornhill en fron?ant le sourcil, tu vas me soutenir que le Forward a un capitaine �� bord?
--Mais oui, ma?tre Cornhill.
--Tu me dis cela, �� moi!
--Sans doute, puisque je le tiens de Johnson, le ma?tre d'��quipage.
--De ma?tre Johnson?
--Sans doute; il me l'a dit �� moi-m��me!
--Il te l'a dit? Johnson?
--Non-seulement il m'a dit la chose, mais il m'a montr�� le capitaine.
--Il te l'a montr��! r��pliqua Cornhill stup��fait.
--Il me l'a montr��.
--Et tu l'as vu?
--Vu de mes propres yeux.
--Et qui est-ce?
--C'est un chien.
--Un chien!
--Un chien �� quatre pattes.
--Oui.?
La stup��faction fut grande parmi les marins du Nautilus. En toute autre circonstance, ils eussent ��clat�� de rire. Un chien capitaine d'un brick de cent soixante-dix tonneaux! il y avait l�� de quoi ��touffer! Mais, ma foi, le Forward ��tait un batiment si extraordinaire, qu'il fallait y regarder �� deux fois avant de rire, avant de nier. D'ailleurs, ma?tre Cornhill lui-m��me ne riait pas.
?Et c'est Johnson qui t'a montr�� ce capitaine d'un genre si nouveau, ce chien? reprit-il en s'adressant au jeune matelot. Et tu l'as vu?...
--Comme je vous vois, sauf votre respect!
--Eh bien, qu'en pensez-vous? demand��rent les matelots �� ma?tre Cornhill.
--Je ne pense rien, r��pondit brusquement ce dernier, je ne pense rien, sinon que le Forward est un vaisseau du diable, ou de fous �� mettre �� Bedlam!?
Les matelots continu��rent �� regarder silencieusement le Forward, dont les pr��paratifs de d��part touchaient �� leur fin; et pas un ne se rencontra parmi eux �� pr��tendre que le ma?tre d'��quipage Johnson se f?t moqu�� du jeune marin.
Cette histoire de chien avait d��j�� fait son chemin dans la ville, et parmi la foule des curieux plus d'un cherchait des yeux ce _captain-dog_, qui n'��tait pas ��loign�� de le croire un animal surnaturel.
Depuis plusieurs mois d'ailleurs, le Forward attirait l'attention publique; ce qu'il y avait d'un peu extraordinaire dans sa construction, le myst��re qui l'enveloppait, l'incognito gard�� par son capitaine, la fa?on dont Richard Shandon re?ut la proposition de diriger son armement, le choix apport�� �� la composition de l'��quipage, cette destination inconnue �� peine soup?onn��e de quelques-uns, tout contribuait �� donner �� ce brick une allure plus qu'��trange.
Pour un penseur, un r��veur, un philosophe, au surplus, rien d'��mouvant comme un batiment en partance; l'imagination le suit volontiers dans ses luttes avec la mer, dans ses combats livr��s aux vents, dans cette course aventureuse qui ne finit pas toujours au port, et pour peu qu'un incident inaccoutum�� se produise, le navire se pr��sente sous une forme fantastique, m��me aux esprits rebelles en mati��re de fantaisie.
Ainsi du Forward. Et si le commun des spectateurs ne put faire les savantes remarques de ma?tre Cornhill, les on dit accumul��s pendant trois mois suffirent �� d��frayer les conversations liverpooliennes.
Le brick
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