Autour de la table

George Sand

Autour de la table, by George Sand

The Project Gutenberg EBook of Autour de la table, by George Sand This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Autour de la table
Author: George Sand
Release Date: December 17, 2004 [EBook #14372]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK AUTOUR DE LA TABLE ***

Produced by Chuck Greif and the PG Online Distributed Proofreading Team. This file was produced from images generously made available by the Biblioth��que nationale de France (BnF/Gallica).

AUTOUR DE LA TABLE
PAR
GEORGE SAND
(L.-A. AURORE DUPIN) VEUVE DE M. LE BARON DUDEVANT
M �� L PARIS MICHEL L��VY FR��RES, ��DITEURS RUE AUBER, 3, PLACE DE L'OP��RA
LIBRAIRIE NOUVELLE BOULEVARD DES ITALIENS, 15, AU COIN DE LA RUE DE GRAMMONT
1876
Droits de reproduction et de traduction r��serv��s

AUTOUR DE LA TABLE

I
Quelle table? C'est chez les Montfeuilly qu'elle se trouve; c'est une grande, une vilaine table. C'est Pierre Bonnin, le menuisier de leur village, qui l'a faite, il y a tant?t vingt ans. Il l'a faite avec un vieux merisier de leur jardin. Elle est longue, elle est ovale, il y a place pour beaucoup de monde. Elle a des pieds �� mourir de rire; des pieds qui ne pouvaient sortir que du cerveau de Pierre Bonnin, grand inventeur de formes incommodes et inusit��es.
Enfin c'est une table qui ne paie pas de mine, mais c'est une solide, une fid��le, une honn��te table, elle n'a jamais voulu tourner; elle ne parle pas, elle n'��crit pas, elle n'en pense peut-��tre pas moins, mais elle ne fait pas conna?tre de quel esprit elle est poss��d��e: elle cache ses opinions.
Si c'est un ��tre, c'est un ��tre passif, une b��te de somme. Elle a pr��t�� son dos patient �� tant de choses! ��critures folles ou ing��nieuses, dessins charmants ou caricatures ��chevel��es, peinture �� l'aquarelle ou �� la colle, maquettes de tout genre, ��tudes de fleurs d'apr��s nature, �� la lampe, croquis de chic ou souvenirs de la promenade du matin, pr��parations entomologiques, cartonnage, copie de musique, prose ��pistolaire de l'un, vers burlesques de l'autre, amas de laines et de soies de toutes couleurs pour la broderie, appliques de d��cors pour un th��atre de marionnettes, costumes ad hoc, parties d'��checs ou de piquet, que sais-je? tout ce que l'on peut faire �� la campagne, en famille, �� travers la causerie, durant les longues veill��es de l'automne et de l'hiver.
La table du soir (c'est ainsi qu'on la nomme, parce que, durant le jour, chacun vaquant �� ses occupations ou courant �� sa fantaisie, elle reste seule et tranquille dans le salon) a donc, chez les Montfeuilly, un r?le assez important. Que ferait-on sans elle, bon Dieu, m��me tes soirs d'��t��, quand l'orage emplit le ciel et que la pluie pr��cipite au dedans de la maison les h?tes et les papillons de nuit? Alors chacun apporte son travail ou son d��lassement, et on se querelle, on se pousse, on se serre pour que tout le monde tienne sur la grande table. On a quelquefois parl�� d'en avoir plusieurs petites, mais la grand'm��re, Louise de Montfeuilly, qui est le chef actuel de la famille, a repouss�� cette innovation perverse. Elle a bien fait; o�� serait la vie, o�� seraient l'attention, l'enjouement, l'union, l'unit�� dans ces travaux ou dans ces amusements ��parpill��s, la nuit, dans une vaste pi��ce? La grande pi��ce r��unit toutes les ��tudes et toutes les pens��es, elle en est le centre et le lien. Elle est �� la fois la classe et la r��cr��ation de la famille, l'harmonie et l'ame de la maison. C'est un sanctuaire d'intimit��, c'est presque un autel domestique, et la grand'm��re dit souvent: ?Le jour o�� la table sera au grenier et moi �� la cave, il y aura du changement ici.?
Mais le plus grand charme de la table, c'est la lecture en commun, �� tour de r?le. Si peu qu'on ait de poumons, on peut bien lire chacun quelques pages, et l'on n'exige du lecteur aucun talent: on est si habitu�� au bredouillage de l'un, aux lapsus de l'autre, que l'on ne s'arr��te plus �� se railler ou �� se quereller. Je connais peu de plaisirs aussi doux, aussi soutenus, aussi attachants que celui d'avoir les mains occup��es d'un travail quelconque, pendant qu'une voix amie (sonore ou voil��e, peu importe!) vous fait entendre simplement, sans emphase et sans pr��tention, un beau et bon livre. Le feu p��tille dans l'atre. Le vent chante dans les arbres; les phal��nes on la gr��le battent les vitres; quelque cri-cri familier vient, aux jours d'hiver, jusque sous la table, comme pour applaudir �� sa mani��re, et personne n'ose remuer, dans la crainte d'��craser l'h?te menu et confiant du
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 123
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.