A se tordre

Alphonse Allais
A se tordre

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Title: À se tordre
Author: Alphonse Allais
Release Date: October 22, 2004 [EBook #13834]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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TORDRE ***

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Alphonse Allais
À SE TORDRE Histoires chatnoiresques (1891)
Table des matières

UN PHILOSOPHE FERDINAND MOEURS DE CE TEMPS-CI EN
BORDEE UN MOYEN COMME UN AUTRE COLLAGE LES
PETITS COCHONS CRUELLE ÉNIGME LE MEDECIN
MONOLOGUE POUR CADET BOISFLAMBARD PAS DE SUITE
DANS LES IDEES I II LE COMBLE DU DARWINISME POUR EN
AVOIR LE COEUR NET LE PALMIER LE CRIMINEL
PRÉCAUTIONNEUX L’EMBRASSEUR LE PENDU
BIENVEILLANT ESTHETIC UN DRAME BIEN PARISIEN
CHAPITRE PREMIER CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV
CHAPITRE V CHAPITRE VI CHAPITRE VII MAM’ZELLE MISS
LE BON PEINTRE LES ZEBRES SIMPLE MALENTENDU LA
JEUNE FILLE ET LE VIEUX COCHON SANCTA SIMPLICITAS
UNE BIEN BONNE TRUC CANAILLE ANESTHESIE IRONIE UN
PETIT « FIN DE SIECLE « ALLUMONS LA BACCHANTE TENUE
DE FANTAISIE APHASIE UNE MORT BIZARRE LE RAILLEUR
PUNI EXCENTRIC’S LE VEAU CONTE DE NOËL POUR SARA
SALIS EN VOYAGE SIMPLES NOTES LE CHAMBARDOSCOPE
UNE INVENTION MONOLOGUE POUR CADET LE TEMPS BIEN
EMPLOYE FAMILLE COMFORT ABUS DE POUVOIR
UN PHILOSOPHE
Je m’étais pris d’une profonde sympathie pour ce grand flemmard de
gabelou que me semblait l’image même de la douane, non pas de la
douane tracassière des frontières terriennes, mais de la bonne douane
flâneuse et contemplative des falaises et des grèves.
Son nom était Pascal; or, il aurait dû s’appeler Baptiste, tant il apportait
de douce quiétude à accomplir tous les actes de sa vie.
Et c’était plaisir de le voir, les mains derrière le dos, traîner lentement
ses trois heures de faction sur les quais, de préférence ceux où ne
s’amarraient que des barques hors d’usage et des yachts désarmés.
Aussitôt son service terminé, vite Pascal abandonnait son pantalon bleu
et sa tunique verte pour enfiler une cotte de toile et une longue blouse à
laquelle des coups de soleil sans nombre et des averses diluviennes
(peut-être même antédiluviennes) avaient donné ce ton spécial qu’on ne

trouve que sur le dos des pêcheurs à la ligne. Car Pascal pêchait à la
ligne, comme feu monseigneur le prince de Ligne lui-même.
Pas un homme comme lui pour connaître les bons coins dans les
bassins et appâter judicieusement, avec du ver de terre, de la crevette
cuite, de la crevette crue ou toute autre nourriture traîtresse.
Obligeant, avec cela, et ne refusant jamais ses conseils aux débutants.
Aussi avions-nous lié rapidement connaissance tous deux.
Une chose m’intriguait chez lui c’était l’espèce de petite classe qu’il
traînait chaque jour à ses côtés trois garçons et deux filles, tous
différents de visage et d’âge.
Ses enfants? Non, car le plus petit air de famille ne se remarquait sur
leur physionomie. Alors, sans doute, des petits voisins.
Pascal installait les cinq mômes avec une grande sollicitude, le plus
jeune tout près de lui, l’aîné à l’autre bout.
Et tout ce petit monde se mettait à pêcher comme des hommes, avec un
sérieux si comique que je ne pouvais les regarder sans rire.
Ce qui m’amusait beaucoup aussi, c’est la façon dont Pascal désignait
chacun des gosses.
Au lieu de leur donner leur nom de baptême, comme cela se pratique
généralement, Eugène, Victor ou Émile, il leur attribuait une profession
ou une nationalité.
Il y avait le Sous-inspecteur, la Norvégienne, le Courtier, l’Assureur, et
Monsieur l’abbé.
Le Sous-inspecteur était l’aîné, et Monsieur l’abbé le plus petit.
Les enfants, d’ailleurs, semblaient habitués à ces désignations, et quand
Pascal disait: « Sous-inspecteur, va me chercher quatre sous de tabac »,
le Sous-inspecteur se levait gravement et accomplissait sa mission sans
le moindre étonnement.

Un jour, me promenant sur la grève, je rencontrai mon ami Pascal en
faction, les bras croisés, la carabine en bandoulière, et contemplant
mélancoliquement le soleil tout prêt à se coucher, là- bas, dans la mer.
-- Un joli spectacle, Pascal!
-- Superbe! on ne s’en lasserait jamais.
-- Seriez-vous poète?
-- Ma foi! non; je ne suis qu’un simple gabelou, mais ça n’empêche pas
d’admirer la nature.
Brave Pascal! Nous causâmes longuement et j’appris enfin l’origine des
appellations bizarres dont il affublait ses jeunes camarades de pêche.
-- Quand j’ai épousé ma femme, elle était bonne chez le sous-
inspecteur des douanes. C’est même lui qui m’a engagé à
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