Simone | Page 2

Victor Tissot
pas... chics. Mais tu ne connais rien aux choses tr��s compliqu��es du savoir-vivre, Tant-Seulement. Ma femme est extraordinaire l�� dessus.
--C'est vrai de vrai, et Mlle Simone est quasiment plus forte que Madame. Je vous remercie bien, monsieur. Je vous remercie bien. Je n'avais pas ��t�� augment�� depuis quatre ans... aujourd'hui, c'est-��-dire depuis la noyade du petit chien de Madame.
--Je me souviens... Je suis content du gazon. Il est haut, ��pais; on pourrait se rouler dessus comme le font les paysans; il me monte �� mi-jambe: je l'ai mesur��. Aussi j'augmente tes gages de vingt francs par an.
--Je remercie infiniment monsieur.
Courb�� sur la bordure de buis, Tant-Seulement se mit �� la besogne, taillant les ramilles �� grands coups de s��cateur, peu satisfait de son augmentation. Et M. Gosselet se dirigea �� petits pas vers son usine, se frottant les mains.
Le fabricant de poup��es qui avait un nom honorablement connu sur la place de Paris avait convaincu son jardinier qu'il n'avait mis le pied sur la pelouse que pour mesurer la hauteur du gazon. Un homme qui est dans les affaires n'a pas le droit d'��tre distrait. Le rival de M. Gosselet, le fabricant Tuffard aurait fait, s'il l'avait su, des r��flexions d��sobligeantes sur les ��carts de pens��e de M. Gosselet, et, dame, la fabrique de b��b��s aurait p��riclit��. Vingt francs donn��s tous les ans �� ce pauvre Tant-Seulement et la maison ��tait sauv��e!
Le fabricant de poup��es, tout r��joui par la d��couverte des yeux de rechange, se permit ce matin-l�� un petit extra de promenade dans le parc.
Le parc de M. Gosselet, qui occupait, entre la gare de Bel-Air et la place de la Bastille, cinq ou six hectares d'un terrain de banlieue, ��tait un parc rectangulaire entour�� de murailles en briques rougies chaperonn��es de larges dalles blanches. Il longeait la rue Michel-Bizot et la rue Claude Decaen sur deux faces, le chemin de fer et l'usine sur les deux autres c?t��s.
Malgr�� son nom pr��tentieux de parc, l'enclos du fabricant renfermait un petit potager que l'architecte avait malencontreusement dessin�� le long de la voie ferr��e. Tous les matins, Tant-Seulement devait ��pousseter les escarbilles de charbon tomb��es sur ses salades.
A part ce l��ger inconv��nient, le parc de M. Gosselet avait fort bon air. Sur la grille, des b��b��s en or dansaient des farandoles ou se laissaient glisser au bas des barreaux en fer. Les grandes all��es ��taient couvertes d'un sable blond �� peu pr��s vierge de traces, parce que les propri��taires se promenaient de pr��f��rence dans les petits sentiers dits de service. Les arbres d'ornement ��taient taill��s en rond, en carr��s, en pain de sucre, en pyramides, en hexagones. Les arbres �� fruit ��taient crucifi��s comme tous les arbres �� fruit qui se respectent. Des massifs de fusains entour��s de sentes en lacis formaient des labyrinthes inextricables pour des coccinelles. Des poissons qui n'��taient pas rouges nageaient dans des bassins servant de bains-de-pieds �� une demi-douzaine de dieux aquatiques.
Au milieu du parc s'��levait, en un bouquet d'acacias plant��s �� la diable, une maison d'habitation d'une grande simplicit��, perc��e de larges baies �� deux glaces. Un balcon de pierre ajour��e faisait le tour du deuxi��me ��tage. Des logettes en fer forg�� encadraient toutes les fen��tres de l'��tage sup��rieur. Un double escalier en granit conduisait au perron dall�� de bleu du rez-de chauss��e, perron que ne prot��geait pas une marquise en fer-blanc. Ce chalet, �� faces irr��guli��res, n'��tait pas flanqu�� de tourelles comme de b��quilles. Le toit en tuiles rouges n'��tait pas surcharg�� de girouettes, le pauvre!
M. Gosselet avait d? se faire violence pour permettre la construction d'une maison si humble d'aspect au centre d'un parc si g��om��triquement beau.
Le chalet communiquait avec l'usine par une all��e de tilleuls longue de deux cents pas, all��e close au mur d'enceinte par une porte en ch��ne orn��e de t��tes de clous grosses comme des soucoupes.
Cette porte avec ses croix en fer, ses gonds ��normes, semblait avoir ��t�� construite pour prot��ger ce parc bourgeois contre les r��bellions possibles du monstre ouvrier crachant des pierres et de la fum��e. Cependant elle n'avait point l'air terrible, encadr��e dans le vert de lilas en fleur plac��s pr��s de ses portants comme deux br?le-parfums purifiant l'air empuanti d'odeurs de r��sine et de houille.
Dans l'all��e de tilleuls, toujours souriant, M. Gosselet lorgnait la grande chemin��e de son usine se dressant par-dessus le mur.
Il n'��tait plus qu'�� dix m��tres de la porte enferraill��e quand un gazouillis de voix f��minines attira son attention.
--J'ai de quoi faire un bouquet, Berthe! Encore cette grosse branche et je descends. Si le p��re Gosselet m'attrapait, ma ch��re... Pousse un peu... L��, je suis assise sur le mur.
Le fabricant de poup��es voulut surprendre les chipeuses de lilas mais le gravier craquant sous son pied, il n'aper?ut que deux grands yeux noirs sous un casque blond. Il entendit:
--Lache tout, Berthe, voici le
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