Relation de lIslande

Isaac de la Peyrère
Relation de l'Islande, by Isaac de
La Peyrère

The Project Gutenberg EBook of Relation de l'Islande, by Isaac de La
Peyrère This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and
with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away
or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Relation de l'Islande
Author: Isaac de La Peyrère
Release Date: July 7, 2007 [EBook #22011]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK RELATION
DE L'ISLANDE ***

Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed Proofreading
Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images
generously made available by the Bibliothèque nationale de France
(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)

RELATION DE L'ISLANDE.

A PARIS,
Chez LOUIS BILLAINE, au second pillier de la grand' Salle du Palais,
à la Palme, & au grand Cesar.
M. DC. LXIII.

A SON ALTESSE SERENISSIME MONSEIGNEUR LE PRINCE.
MONSEIGNEUR,
Si vostre Altesse Serenissime me fait l'honneur de m'acorder la grace
que je luy demànderay quelque jour, d'escrire les Merveilles de sa Vie;
je feray son Panegirique en faisant son Histoire: Et la narration toute
nuë des esclatantes actions qu'Elle a faites, efacera tout ce que
l'antiquité a dit & escrit des plus Grâns-guerriers & des plus
Grâns-hommes des siecles passez. En atàndant, MONSEIGNEUR, que
j'aye l'esprit ràmply du Genie, qui m'inspire une si haute pànsee; je
Vous suplie tres humblement de trouver bon que je die en ce lieu: Que
Vos inclinations ne sont pas toutes pour la guerre: Que Vous en avez
d'aussi fortes pour les beles letres: Et que l'ardeur incomparable de
Vostre Esprit, Vous porte aussi avant dans les sciànces, que cele de
Vostre Coeur Vous engage dans les combats.
Trouvez bon aussi, MONSEIGNEUR, qu'en Vous donnant le
divertissemànt d'une Relation, que j'ay autrefois escrite à M. de la
Mote le Vayer, illustre par son rare savoir, & par le glorieux employ
que sa Vertu luy a aquis aupres d'un si Grand Prince, qu'est le FRERE
UNIQUE DE NOSTRE GRAND ROY; J'entretiene V. A. ser.^me de
quelques reflexions que j'ay faites, sur ce que les anciens Geografes
n'ont presque rien connu du globe de la terre, ou qu'ils n'en ont connu
que de fort petites parties. Ils ont creu que toute l'estàndüe de ce globe,
qui est entre les deux Tropiques, & qu'ils ont apelée, Zone Torride,
estoit inhabitée & inhabitable. Ils n'ont seu du levant, que ce qui est au
deça du Gange, & presque rien au delà, que par presomption & par
oüy dire. Ils ont fixé leur couchant aux Isles fortunées, qui sont

aparamment nos Canaries. Ils se sont imaginez que la mer Hiperborée,
& que l'Islande, dont je fay icy la relation, estoient les derniers termes
de ce que l'on pouvoit descouvrir du Septàntrion. Et ne sachant que
dire de la Terre Australe, ils l'ont telement ignorée, qu'ils se sont
figurez que c'estoit la demeure des Morts, & la fable de leurs Enfers.
Illam, dit le Poëte, Sub pedibus Stix atra videt, Manesque profundi.
Je ne parleray pas de quelques Peres de l'Eglise, qui ont eu de si
grandes lumieres pour les choses du Ciel, & si peu de connoissance de
celes de la Terre; qu'ils ne se sont peu persuader qu'il y eust des
Antipodes; & n'ont seu compràndre, par queles raisons ils estoient eux
mesmes Antipodes à ceux qui estoient les leurs.
J'avoüe, MONSEIGNEUR, que nôtre siecle est beaucoup plus esclairé
que n'ont esté les precedàns. J'avoüe que depuis deux cens ans, il y a
eu des Mariniers, & plus hardis, & plus savans sans comparaison, que
n'estoit l'ancien Tifis des Argonautes. Et j'avoüe que l'on a penetré le
monde dans toutes ses parties, beaucoup au delà de ce que les plus
celebres Geografes de l'antiquité nous en ont apris. Cela n'empesche
pas, MONSEIGNEUR, que nous ne soyons toujours dans une profonde
ignorance de ce qui se peut ancore descouvrir, & qui nous est inconnu
de la Terre universele. Je craindrois de passer pour extravagant, si
j'avançois déterminément, que nous n'en connoissons que la moitié.
Mais je diray sans hesiter, que nous n'en connoissons pas les deux tiers;
& que ce qui reste à descouvrir, va sans contredit au delà du tiers.
Il me sera aisé de le démontrer quand je diray, que nous ne
connoissons presque rien de ce qui est au delà des deux cercles
polaires. Que le cercle arctique passe à l'extremité de l'Islande
Septàntrionale; & que nous n'avons qu'éfleuré les bords du Groenland,
au delà de la mer Glacée, qui separe cete Isle de ce continànt. Cecy est
considerable, MONSEIGNEUR, que le cap Farvel, qui est du
Groenland, & au Nor-oüest de l'Escosse, est entre le 60. & 61.^me
degré d'elevation:
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 22
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.