Oliver Twist | Page 2

Charles Dickens
dans la capitale. CHAPITRE XLIII. Où l'on voit le
fin Matois dans une mauvaise passe. CHAPITRE XLIV. Le moment
vient pour Nancy de tenir la promesse qu'elle a faite à Rose Maylie. -
Elle y manque. CHAPITRE XLV. Fagin confie à Noé Claypole une
mission secrète. CHAPITRE XLVI. Le rendez-vous. CHAPITRE
XLVII. Conséquences fatales. CHAPITRE XLVIII. Fuite de Sikes.

CHAPITRE XLIX Monks et M. Brownlow se rencontrent enfin. - Leur
conversation. - Ils sont interrompus par M. Losberne, qui leur apporte
des nouvelles importantes. CHAPITRE L. Poursuite et évasion.
CHAPITRE LI. Plus d'un mystère s'éclaircit. - Proposition de mariage
où il n'est question ni de dot ni d'épingles. CHAPITRE LII La dernière
nuit que le juif a encore à vivre. CHAPITRE LIII. Et dernier.

CHAPITRE PREMIER. Du lieu où naquit Olivier Twist, et des
circonstances qui accompagnèrent sa naissance.
Parmi les divers monuments publics qui font l'orgueil d'une ville dont,
par prudence, je tairai le nom, et à laquelle je ne veux pas donner un
nom imaginaire, il en est un commun à la plupart des villes grandes ou
petites: c'est le dépôt de mendicité. Un jour, dont il n'est pas nécessaire
de préciser la date, d'autant plus qu'elle n'est d'aucune importance pour
le lecteur, naquit dans ce dépôt de mendicité le petit mortel dont on a
vu le nom en tête de ce chapitre.
Longtemps après que le chirurgien des pauvres de la paroisse l'eut
introduit dans ce monde de douleur, on doutait encore si le pauvre
enfant vivrait assez pour porter un nom quelconque: s'il eût succombé,
il est plus que probable que ces mémoires n'eussent jamais paru, ou
bien, ne contenant que quelques pages, ils auraient eu l'inestimable
mérite d'être le modèle de biographie le plus concis et le plus exact
qu'aucune époque ou aucun pays ait jamais produit.
Quoique je sois peu disposé à soutenir que ce soit pour un homme une
faveur extraordinaire de la fortune, que de naître dans un dépôt de
mendicité, je dois pourtant dire que, dans la circonstance actuelle,
c'était ce qui pouvait arriver de plus heureux à Olivier Twist: le fait est
qu'on eut beaucoup de peine à décider Olivier à remplir ses fonctions
respiratoires, exercice fatigant, mais que l'habitude a rendu nécessaire
au bien-être de notre existence; pendant quelque temps il resta étendu
sur un petit matelas de laine grossière, faisant des efforts pour respirer,
balança pour ainsi dire entre la vie et la mort, et penchant davantage
vers cette dernière. Si pendant ce court espace de temps Olivier eût été
entouré d'aïeules empressées, de tantes inquiètes, de nourrices
expérimentées et de médecins d'une profonde sagesse, il eût
infailliblement péri en un instant; mais comme il n'y avait là personne,
sauf une pauvre vieille femme, qui n'y voyait guère par suite d'une

double ration de bière, et un chirurgien payé à l'année pour cette
besogne, Olivier et la nature luttèrent seul à seul. Le résultat fut
qu'après quelques efforts, Olivier respira, éternua, et donna avis aux
habitants du dépôt, de la nouvelle charge qui allait peser sur la paroisse,
en poussant un cri aussi perçant qu'on pouvait l'attendre d'un enfant
mâle qui n'était en possession que depuis trois minutes et demie de ce
don utile qu'on appelle la voix.
Au moment où Olivier donnait cette première preuve de la force et de
la liberté de ses poumons, la petite couverture rapiécée jetée
négligemment sur le lit de fer s'agita doucement. La figure pâle d'une
jeune femme se souleva péniblement sur l'oreiller, et une voix faible
articula avec difficulté ces mots: «Que je vois mon enfant avant de
mourir!»
Le chirurgien était assis devant le feu, se chauffant et se frottant les
mains tour à tour. À la voix de la jeune femme il se leva, et
s'approchant du lit, il dit avec plus de douceur qu'on n'en eût pu
attendre de son ministère:
«Oh! il ne faut pas encore parler de mourir.
- Oh! non, que Dieu la bénisse, la pauvre chère femme, dit la garde en
remettant bien vite dans sa poche une bouteille dont elle venait de
déguster le contenu avec une évidente satisfaction; quand elle aura vécu
aussi longtemps que moi, monsieur, qu'elle aura eu treize enfants et en
aura perdu onze, puisque je n'en ai plus que deux qui sont avec moi au
dépôt, elle pensera autrement. Voyons, songez au bonheur d'être mère,
avec ce cher petit agneau.»
Il est probable que cette perspective consolante de bonheur maternel ne
produisit pas beaucoup d'effet. La malade secoua tristement la tête et
tendit les mains vers l'enfant.
Le chirurgien le lui mit dans les bras; elle appliqua avec tendresse sur le
front de l'enfant ses lèvres pâles et froides; puis elle passa ses mains sur
son propre visage, elle jeta autour d'elle un regard égaré, frissonna,
retomba sur
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