Oeuvres poetiques Tome II

Christine de Pisan
Oeuvres poetiques II

The Project Gutenberg eBook, Oeuvres poetiques II, by Christine de
Pisan, Edited by Maurice Roy
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Title: Oeuvres poetiques II
Author: Christine de Pisan
Release Date: July 4, 2004 [eBook #12812]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
***START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK OEUVRES
POETIQUES II***

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SOCIÉTÉ
DES
ANCIENS TEXTES FRANÇAIS

OEUVRES POÉTIQUES
DE
CHRISTINE DE PISAN

II

OEUVRES
DE
CHRISTINE DE PISAN
PUBLIÉES
PAR
MAURICE ROY

TOME DEUXIÈME
L'ÉPITRE AU DIEU D'AMOURS, LE DIT DE LA ROSE, LE
DÉBAT DE DEUX AMANTS, LE LIVRE DES TROIS JUGEMENTS,
LE DIT DE POISSY, LE DIT DE LA PASTOURE, ÉPITRE A
EUSTACHE MOREL.

PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET Cie.
RUE JACOB, 56
M DCCC XCI

Publication proposée à la Société le 23 avril 1884.
Approuvée par le Conseil le 25 février 1885, sur le rapport d'une
commission composée de MM. Meyer, Paris et Raynaud
_Commissaire responsable:_ M. P. MEYER.

INTRODUCTION
Avec ce deuxième volume nous abordons la publication d'oeuvres
importantes formant de véritables poèmes. Façonné déjà par la
composition de la plupart des petites pièces charmantes que nous
connaissons, le génie poétique de Christine va maintenant se donner
libre carrière et s'élever d'un degré.

1.--ÉPITRE AU DIEU D'AMOURS
L'Épître au dieu d'amours paraît être le premier effort tenté par
Christine pour réaliser ce progrès. Le sujet de ce poème était d'ailleurs
bien fait pour inspirer celle qui a toujours eu à coeur la défense de son
sexe, mais nulle part, peut-être, elle n'a répondu aux détracteurs de la

femme avec plus d'esprit et d'à propos. Parodiant spirituellement la
forme des Lettres Royaux, Christine suppose comme entrée en matière
une requête adressée au dieu d'amours par des dames de toutes
conditions qui portent plainte contre les hommes déloyaux et trompeurs
[1].
Elle fait ensuite raconter par le dieu d'amours les stratagèmes que les
mauvais chevaliers emploient habituellement pour parvenir à leurs fins
et les actions déshonnêtes de ces hommes pervertis qui se vantent de
leurs méfaits jusque dans les tavernes, chez les grands de la cour, et
même dans le palais du roi. Cupido se déclare naturellement l'ennemi
des personnes qui médisent aussi insolemment des femmes, et réserve
tous les plaisirs dont il est le dispensateur aux chevaliers loyaux qui
observent fidèlement ses salutaires commandements. Puis Christine,
entrant au coeur de son sujet, développe avec un remarquable talent
toutes les raisons que l'on peut faire valoir en faveur des femmes. C'est
un véritable plaidoyer qu'elle entreprend; se posant en arbitre entre les
détracteurs et les admirateurs exagérés du sexe féminin, elle se sert
d'arguments empruntés plutôt à la simple logique et au bon sens qu'aux
textes si souvent cités et interprétés par ses prédécesseurs; elle soutient
la première une opinion moyenne, s'attachant surtout à faire remarquer
que les femmes en général sont douées de bonnes qualités et qu'il ne
faut pas faire retomber sur toutes les égarements de quelques-unes.
Cependant, entraînée par l'ardeur de la discussion, elle ne peut
s'empêcher de critiquer vivement les auteurs qui se sont, de parti pris,
attaqués aux femmes et de dénoncer avec indignation _l'Art d'aimer_
d'Ovide et le Roman de la Rose de Jean de Meun.
Certes une composition de ce genre, qui s'élevait si hardiment contre
les théories essentielles d'une oeuvre jouissant encore d'une haute
réputation, devait attirer à Christine la contradiction des nombreux et
influents admirateurs de Jean de Meun; mais elle ne se laissa pas
intimider et sut tenir tête à tous ceux qui l'attaquèrent. Dans cette lutte
courageuse elle trouva même de puissants alliés qui embrassèrent
complètement sa cause: il suffira de citer Jean Gerson [2], l'illustre
chancelier, Guillaume de Tignonville, prévôt de Paris, et surtout le
célèbre maréchal Boucicaut [3]. Ce dernier, qui revenait de sa brillante
expédition en Orient, s'associa même si complètement aux sentiments
de Christine qu'il fonda le jour de Pâques fleuries 1399 (11 avril 1400 n.

st.), sous le nom de «l'écu verd a la dame blanche», un ordre de
chevalerie pour la défense des femmes.
Mais, à côté de ces puissants personnages, qui venaient apporter leur
concours à la vaillante femme, quelques contradicteurs s'efforçaient de
faire entendre leurs protestations. Depuis long-temps Christine
s'entretenait de littérature avec un humaniste distingué, Jean de
Montreuil [4], prévôt de Lille. Plusieurs fois ils avaient échangé leurs
appréciations sur certains ouvrages. Il paraît même probable que
l'Épître au dieu d'amours, où
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