Mémoires pour servir à lHistoire de mon temps

François Pierre Guillaume Guizot
Mémoires pour servir à l'Histoire
de mon temps (Tome 1)

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Title: Mémoires pour servir à l'Histoire de mon temps (Tome 1)
Author: François Pierre Guillaume Guizot
Release Date: January 24, 2005 [EBook #14791]
Language: French
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MÉMOIRES (TOME 1) ***

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MÉMOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS (I)
PARIS--IMPRIMÉ CHEZ BONAVENTURE ET DECESSOIS. 55,
QUAI DES AUGUSTINS. PARIS MICHEL LÉVY FRÈRES,
LIBRAIRES-ÉDITEURS RUE VIVIENNE, 2 BIS.

MÉMOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS PAR
M. GUIZOT
TOME PREMIER
1858

CHAPITRE I.
LA FRANCE AVANT LA RESTAURATION.
Mes raisons pour publier ces _Mémoires_ de mon vivant--Mon entrée
dans le monde--Mes premières relations avec M. de Chateaubriand, M.
Suard, Mme de Staël, M. de Fontanes M. Royer-Collard.--On veut me
faire nommer auditeur au Conseil d'État impérial.--Pourquoi cela n'eut
pas lieu--J'entre dans l'Université--J'ouvre mon cours d'histoire
moderne--Salons libéraux et comité royaliste--Caractère des diverses
oppositions vers la fin de l'Empire.--Tentative de résistance du Corps
législatif.--MM. Laîné, Gallois, Maine-Biran, Raynouard et
Flaugergues--Je pars pour Nîmes--État et aspect de Paris et de la France
en mars 1814--La Restauration s'accomplit.--Je reviens à Paris et je suis
nommé secrétaire général au ministère de l'intérieur.
(1807-1814.)
J'agis autrement que n'ont fait naguère plusieurs de mes contemporains;
je publie mes Mémoires pendant que je suis encore là pour en répondre.
Ce n'est point par lassitude du repos, ni pour rouvrir à d'anciennes luttes
une petite arène, à défaut de la grande, maintenant fermée. J'ai
beaucoup lutté dans ma vie, et avec ardeur. L'âge et la retraite ont
répandu, pour moi, leur paix sur le passé. C'est d'un ciel profondément
serein que je reporte aujourd'hui mes regards vers cet horizon chargé de
tant d'orages. Je sonde attentivement mon âme, et je n'y découvre aucun
sentiment qui envenime mes souvenirs. Point de fiel permet beaucoup
de franchise. C'est la personnalité qui altère ou décrie la vérité. Voulant
parler de mon temps et de ma propre vie j'aime mieux le faire du bord
que du fond de la tombe. Pour moi-même, j'y trouve plus de dignité, et
pour les autres j'en apporterai, dans mes jugements et dans mes paroles,
plus de scrupule. Si des plaintes s'élèvent, ce que je ne me flatte guère
d'éviter, on ne dira pas du moins que je n'ai pas voulu les entendre, et
que je me suis soustrait au fardeau de mes oeuvres.
D'autres raisons encore me décident. La plupart des. Mémoires sont
publiés ou trop tôt ou trop tard. Trop tôt, ils sont indiscrets ou

insignifiants; on dit ce qu'il conviendrait encore de taire, ou bien on tait
ce qui serait curieux et utile à dire. Trop tard, les Mémoires ont perdu
beaucoup de leur opportunité et de leur intérêt; les contemporains ne
sont plus là pour mettre à profit les vérités qui s'y révèlent et pour
prendre à leurs récits un plaisir presque personnel. Ils n'ont plus qu'une
valeur morale ou littéraire, et n'excitent plus qu'une curiosité oisive.
Quoique je sache combien l'expérience s'évanouit en passant d'une
génération à l'autre, je ne crois pas qu'il n'en reste absolument rien, ni
que la connaissance précise des fautes des pères et des raisons de leurs
échecs demeure tout à fait sans fruit pour les enfants. Je voudrais
transmettre à ceux qui viendront après moi, et qui auront aussi leurs
épreuves, un peu de la lumière qui s'est faite, pour moi, à travers les
miennes. J'ai défendu tour à tour la liberté contre le pouvoir absolu et
l'ordre contre l'esprit révolutionnaire; deux grandes causes qui, à bien
dire, n'en font qu'une, car c'est leur séparation qui les perd tour à tour
l'une et l'autre. Tant que la liberté n'aura pas hautement rompu avec
l'esprit révolutionnaire et l'ordre avec le pouvoir absolu, la France sera
ballottée de crise en crise et de mécompte en mécompte. C'est ici
vraiment la cause nationale. Je suis attristé, mais point troublé de ses
revers; je ne renonce ni à son service ni à son triomphe. Dans les
épreuves suprêmes, c'est mon naturel, et j'en remercie Dieu comme
d'une faveur, de conserver les grands désirs, quelque incertaines ou
lointaines que soient les espérances.
Dans les temps anciens et modernes, de grands historiens, les plus
grands, Thucydide, Xénophon, Salluste, César, Tacite, Machiavel,
Clarendon,
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