Monsieur Bergeret à Paris

Anatole France
Monsieur Bergeret à Paris

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Title: Monsieur Bergeret a Paris
Author: Anatole France
Release Date: January, 2005 [EBook #7268] [This file was first posted
on April 3, 2003]
Edition: 10
Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK,
MONSIEUR BERGERET A PARIS ***

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HISTOIRE CONTEMPORAINE
* * * * *
MONSIEUR BERGERET A PARIS
PAR
ANATOLE FRANCE (A.-F. THIBAULT)

Les volumes de l'Histoire contemporaine qui précèdent celui-ci ont
pour titre:
_L'Orme du Mail.
Le Mannequin d'Osier.
L'Anneau d'Améthyste._

I
M. Bergeret était à table et prenait son repas modique du soir; Riquet
était couché à ses pieds sur un coussin de tapisserie. Riquet avait l'âme
religieuse et rendait à l'homme des honneurs divins. Il tenait son maître
pour très bon et très grand. Mais c'est principalement quand il le voyait
à table qu'il concevait la grandeur et la bonté souveraines de M.
Bergeret. Si toutes les choses de la nourriture lui étaient sensibles et
précieuses, les choses de la nourriture humaine lui étaient augustes. Il
vénérait la salle à manger comme un temple, la table comme un autel.
Durant le repas, il gardait sa place aux pieds du maître, dans le silence
et l'immobilité.
--C'est un petit poulet de grain, dit la vieille Angélique en posant le plat
sur la table.

--Eh bien! veuillez le découper, dit M. Bergeret, inhabile aux armes, et
tout à fait incapable de faire oeuvre d'écuyer tranchant.
--Je veux bien, dit Angélique; mais ce n'est pas aux femmes, c'est aux
messieurs à découper la volaille.
--Je ne sais pas découper.
--Monsieur devrait savoir.
Ces propos n'étaient point nouveaux; Angélique et son maître les
échangeaient chaque fois qu'une volaille rôtie venait sur la table. Et ce
n'était pas légèrement, ni certes pour épargner sa peine, que la servante
s'obstinait à offrir au maître le couteau à découper, comme un signe de
l'honneur qui lui était dû. Parmi les paysans dont elle était sortie et chez
les petits bourgeois où elle avait servi, il est de tradition que le soin de
découper les pièces appartient au maître. Le respect des traditions était
profond dans son âme fidèle. Elle n'approuvait pas que M. Bergeret y
manquât, qu'il se déchargeât sur elle d'une fonction magistrale et qu'il
n'accomplit pas lui-même son office de table, puisqu'il n'était pas assez
grand seigneur pour le confier à un maître d'hôtel, comme font les
Brécé, les Bonmont et d'autres à la ville ou à la campagne. Elle savait à
quoi l'honneur oblige un bourgeois qui dîne dans sa maison et elle
s'efforçait, à chaque occasion, d'y ramener M. Bergeret.
--Le couteau est fraîchement affûté. Monsieur peut bien lever une aile.
Ce n'est pas difficile de trouver le joint, quand le poulet est tendre.
--Angélique, veuillez découper cette volaille.
Elle obéit à regret, et alla, un peu confuse, découper le poulet sur un
coin du buffet. A l'endroit de la nourriture humaine, elle avait des idées
plus exactes mais non moins respectueuses que celles de Riquet.
Cependant M. Bergeret examinait, au dedans de lui-même, les raisons
du préjugé qui avait induit cette bonne femme à croire que le droit de
manier le couteau à découper appartient au maître seul. Ces raisons, il
ne les cherchait pas dans un sentiment gracieux et bienveillant de
l'homme se réservant une tâche fatigante et sans attrait. On observe, en
effet, que les travaux les plus pénibles et les plus dégoûtants du ménage
demeurent attribués aux femmes, dans le cours des âges, par le
consentement unanime des peuples. Au contraire, il rapporta la
tradition conservée par la vieille Angélique à cette antique idée que la
chair des animaux, préparée pour la nourriture de l'homme, est chose si
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