Lépouvante

Maurice Level
L'épouvante

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Title: L'épouvante
Author: Maurice Level
Release Date: February 19, 2006 [EBook #17794]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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L'ÉPOUVANTE ***

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Maurice Level
L'ÉPOUVANTE
(1908)

Table des matières
CHAPITRE PREMIER LA GRANDE IDEE D'ONESIME COCHE
CHAPITRE II 29, BOULEVARD LANNES CHAPITRE III LA
DERNIERE MATINEE D'ONESIME COCHE, REPORTER
CHAPITRE IV LA PREMIERE NUIT D'ONESIME COCHE,
ASSASSIN CHAPITRE V QUELQUES POINTS DE DETAIL
CHAPITRE VI L'INCONNU DU 22 CHAPITRE VII DE SIX
HEURES DU SOIR A DIX HEURES DU MATIN CHAPITRE VIII
L'INQUIETUDE CHAPITRE IX L'ANGOISSE CHAPITRE X
L'EPOUVANTE

À MA SOEUR MADELEINE LEVEL
_Ma chérie,
Je te dédie ce livre en souvenir du temps où tu m'encourageais avant
tout et contre tous à écrire.
M'acquittant ainsi de cette vieille dette de reconnaissance, je suis sûr
d'être approuvé par papa, et d'obéir à la pensée de celle qui, jusqu'à la
fin, nous voulut, Marie et moi, unis par une tendresse fraternelle
impérissable._
MAURICE LEVEL

CHAPITRE PREMIER
LA GRANDE IDEE D'ONESIME COCHE
-- Alors, c'est bien entendu, fit M. Ledoux sur le pas de sa porte. Dès
que vous aurez une soirée libre, un mot, et vous venez dîner à la
maison?

-- Entendu, et encore merci pour l'excellente soirée...
-- Vous voulez rire. C'est moi, tout au contraire... Levez bien votre col,
il ne fait pas chaud. Vous connaissez le chemin? Le boulevard Lannes
tout droit jusqu'à l'avenue Henri-Martin. En marchant vite, vous
trouverez peut-être le dernier tramway... Ah! un mot, vous avez un
revolver? le quartier n'est pas très sûr...
-- N'ayez crainte, je suis toujours armé, j'ai l'habitude des excursions
nocturnes dans Paris, et je connais, par profession, les tours des rôdeurs.
Ne m'accompagnez pas plus loin. Le clair de lune est admirable. J'y
vois comme en plein jour, rentrez...
Onésime Coche traversa le trottoir, gagna le milieu de la chaussée, et se
mit en route d'un pas allègre. Comme il arrivait au coin de la rue, il
entendit la voix de son hôte qui lui criait:
-- À bientôt, je compte sur vous?...
Il se retourna et répondit:
-- C'est promis.
M. Ledoux, sur la première marche du perron lui faisait au revoir de la
main. Derrière lui, le corridor tendu d'andrinople, éclairé par une lampe
de plafond, découpait dans la nuit une tache rose. Du petit jardin
endormi, de la maisonnette aux volets clos, de l'intérieur confortable et
bourgeois trahi par ce rectangle de lumière, se dégageait un calme de
petite ville, un calme lointain, familial. Et Onésime Coche, en qui dix
années d'existence à Paris n'avaient pu effacer complètement les
impressions des jours passés au fond d'une province, le souvenir des
longues soirées d'hiver, des rues silencieuses où l'on entend par les soirs
de printemps, lorsque le bois travaille, craquer les auvents des maisons
et les poutres des toits, demeura un instant immobile devant cette porte
qui se refermait. Sans savoir pourquoi, il évoqua «ses vieux», depuis
longtemps assoupis à cette heure, la bonne maison d'autrefois, la petite
patrie absente, et la vie simple et facile qu'aurait pu être la sienne, si
quelque démon ne l'avait attiré vers l'immense Paris, où, débarqué en

conquérant il avait dû, n'ayant jamais connu la chance, se contenter
d'une place de reporter dans un quotidien du matin.
Il alluma une cigarette, et, sans hâte, reprit son chemin.
Le dîner fin, le vin vieux, avaient fait se lever dans sa tête des vapeurs
légères, des espoirs endormis, et, dans cette minute où rien ne troublait
son rêve, ni le bruit des machines, ni le frisson du papier, ni l'odeur
d'encre, de chiffons et de graisse qui flotte dans les salles de rédaction,
il entrevit presque prochaine, cette chose formidable et fragile, qu'il
n'espérait plus guère cependant: la Gloire!
Une ou deux fois, dans des restaurants de nuit, sous l'incendie des
lumières, parmi le relent des mets, le parfum des femmes, le frôlement
des chairs et la musique des tziganes, accoudé à sa table, le cerveau
vide, les oreilles et les yeux exaspérés par les couleurs et par le bruit, il
avait éprouvé cette même sensation inattendue et nette d'être quelqu'un,
de porter en lui de grandes choses, et de se dire:
«En ce moment, si j'avais une plume, de l'encre et du papier, j'écrirais
des phrases immortelles...»
Hélas, à cette heure louche, où un autre soi-même semble sauter sur les
épaules du vrai,
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