Légendes rustiques

Georges Sand
Légendes rustiques

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Title: Légendes rustiques
Author: Georges Sand
Release Date: March 4, 2006 [EBook #17911]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LÉGENDES RUSTIQUES ***

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(BnF/Gallica)

George SAND
LÉGENDES RUSTIQUES

A Maurice SAND
_Mon cher fils,
Tu as recueilli diverses traditions, chansons et légendes, que tu as bien
fait, selon moi, d'illustrer; car ces choses se perdent à mesure que le
paysan s'éclaire, et il est bon de sauver de l'oubli qui marche vite,
quelques versions de ce grand poème du merveilleux, dont l'humanité
s'est nourrie si longtemps et dont les gens de campagne sont aujourd'hui,
à leur insu, les derniers bardes.
Je veux donc t'aider à rassembler quelques fragments épars de ces
légendes rustiques, dont le fond se retrouve à peu près dans toute la
France, mais auxquelles chaque localité a donné sa couleur particulière
et le cachet de sa fantaisie._
George SAND.

Avant-propos
Il faudrait trouver un nom à ce poème sans nom de la fabulosité_ ou
merveillosité universelle, dont les origines remontent à l'apparition de
l'homme sur la terre et dont les versions, multipliées à l'infini, sont
l'expression de l'imagination poétique de tous les temps et de tous les
peuples.
Le chapitre des légendes rustiques sur les esprits et les visions de la
nuit serait, à lui seul, un ouvrage immense. En quel coin de la terre
pourrait-on se réfugier pour trouver l'imagination populaire (qui n'est
jamais qu'une forme effacée ou altérée de quelque souvenir collectif) à
l'abri de ces noires apparitions d'esprits malfaisants qui chassent devant
eux les larves éplorées d'innombrables victimes? Là où règne la paix, la
guerre, la peste ou le désespoir ont passé, terribles, à une époque
quelconque de l'histoire des hommes. Le blé qui pousse a le pied dans
la chair humaine dont la poussière a engraissé nos sillons. Tout est
ruine, sang et débris sous nos pas, et le monde fantastique qui
enflamme ou stupéfie la cervelle du paysan est une histoire inédite des

temps passés. Quand on veut remonter à la cause première des formes
de sa fiction, on la trouve dans quelque récit tronqué et défiguré, où
rarement on peut découvrir un fait avéré et consacré par l'histoire
officielle. Le paysan est donc, si l'on peut ainsi dire, le seul historien
qui nous reste des temps anté-historiques. Honneur et profit intellectuel
à qui se consacrerait à la recherche de ces traditions merveilleuses de
chaque hameau qui, rassemblées ou groupées, comparées entre elles et
minutieusement disséquées, jetteraient peut-être de grandes lueurs sur
la nuit profonde des âges primitifs.
Mais ceci serait l'ouvrage et le voyage de toute une vie, rien que pour
explorer la France. Le paysan se souvient encore des récits de son
aïeule, mais le faire parler devient chaque jour plus difficile. Il sait que
celui qui l'interroge ne croit plus, et il commence à sentir une sorte de
fierté, à coup sûr estimable, qui se refuse à servir de jouet à la curiosité.
D'ailleurs, on ne saurait trop avertir les faiseurs de recherches que les
versions d'une même légende sont innombrables, et que chaque clocher,
chaque famille, chaque chaumière a la sienne. C'est le propre de la
littérature orale que cette diversité. La poésie rustique, comme la
musique rustique, compte autant d'arrangeurs que d'individus.
J'aime trop le merveilleux pour être autre chose qu'un ignorant de
profession. D'ailleurs, je ne dois pas oublier que j'écris le texte d'un
album consacré à un choix de légendes recueillies sur place, et je
m'efforcerai de rassembler, parmi mes souvenirs du jeune âge,
quelques-uns des récits qui complètent la définition de certains types
fantastiques communs à toute la France. C'est dans un coin du Berry,
où j'ai passé ma vie, que je serai forcé de localiser mes légendes,
puisque c'est là, et non ailleurs, que je les ai trouvées. Elles n'ont pas la
grande poésie de chants bretons, où le génie et la foi de la vieille Gaule
ont laissé des empreintes plus nettes que partout ailleurs. Chez nous,
ces réminiscences sont plus vagues plus voilées. Le merveilleux de nos
provinces centrales a plus d'analogie avec celui de la Normandie, dont
une femme érudite, patiente et consciencieuse a tracé un tableau
complet[1].
Cependant l'esprit gaulois a légué à toutes nos traditions rustiques de

grands traits et une couleur qui se rencontrent dans
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