Légendes pour les enfants | Page 2

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qui ont fait la fortune de la Bibliothèque.
Lorsque Nicolas fut mort, la veuve Oudot continua son commerce avec habileté. Elle eut divers successeurs qui, comme elle et comme les fondateurs de la Bibliothèque bleue, vécurent des profits de la popularité qui s'était attachée à ces ouvrages. L'un des principaux de ces successeurs est le libraire Garnier, de Troyes. C'est à Troyes surtout qu'on a continué l'impression des volumes détachés de la Bibliothèque bleue dont, encore aujourd'hui, les campagnes consomment des milliers d'exemplaires.
En 1770, un très-médiocre écrivain nommé Castillon, songea à publier, en un même corps d'ouvrage, ces contes rajeunis par lui; il s'avisa malheureusement d'y ajouter des situations nouvelles et des épisodes nouveaux.
En 1843 M. Le Roux de Lincy, sous le titre de Nouvelle Bibliothèque bleue ou Légendes populaires de la France, a publié, en un volume, Robert le Diable, Richard sans Peur, Jean de Paris, Jean de Calais, Geneviève de Brabant, Jehanne d'Arc et Griselidis. Nous n'avons pas l'intention de critiquer un travail qui nous a été fort utile; mais nous pouvons dire pourquoi nous avons cru ne pas devoir suivre tout à fait la même voie que M. Le Roux de Lincy. Peut-être Richard sans Peur, très-joli conte, cela est vrai, fait-il un peu double emploi avec le conte de Robert le Diable qui, du reste, para?t être l'oeuvre du même auteur? Jean de Calais est bien loin d'avoir la grace et le vif esprit du récit des aventures de Jean de Paris; c'est d'ailleurs une oeuvre beaucoup plus récente, et d'un style qui n'a point de qualités; enfin la légende de Jehanne d'Arc est assez insignifiante. Nous avons donc écarté d'abord Jehanne d'Arc, Jean de Calais et Richard sans Peur.
?Bien loin d'imiter Castillon, disait M. Le Roux de Lincy, je me suis appliqué à reproduire les textes de l'ancienne Bibliothèque bleue. Il faut respecter cette version admise par le peuple; elle est sacramentelle et nous a conservé la mémoire de nos plus anciennes traditions. En effet, quand on lit le catalogue de Nicolas Oudot, on y retrouve avec plaisir tous ces récits dans lesquels se sont perpétuées les légendes, ou sacrées ou profanes, qui ont été célèbres en Europe pendant le moyen age. On doit considérer la Bibliothèque bleue comme étant la dernière forme de cette littérature romanesque si nécessaire à bien conna?tre quand on veut comprendre la vie privée de nos a?eux.?
Pour nous qui ne songions point à imprimer un recueil pour les archéologues et les bibliophiles, mais qui nous adressions aux enfants, nous n'avons pas d? leur présenter ces légendes telles quelles, dans leur appareil archa?que et avec leurs erreurs elles-mêmes. Nous n'avons introduit ni épisodes, ni situations; mais nous avons, sans détruire la physionomie de chaque récit, retranché tout ce qui est tombé en désuétude dans le style; et nous avons fait que rien ne s'y rencontrat qui aujourd'hui même ne se p?t écrire.
De cette manière le volume entier a un même aspect et il n'enseignera point aux enfants plusieurs langues.
Nous n'avons d'ailleurs eu que des modifications bien légères à introduire dans ces textes pour les amener à une harmonie suffisante, et, si nous nous sommes permis de faire suivre chaque légende d'une sorte de moralité, à la manière de Perrault, c'est là un caprice qui n'a rien de sacrilége.
La Bibliothèque bleue, entre autres ouvrages, renfermait: L'Histoire des quatre fils Aymon;--Huon de Bordeaux (en deux parties qui se vendent séparément, dit le catalogue);--l'Histoire de Mélusine ancienne;--l'Histoire de Valentin et Orson;--Les conquêtes du roy Charlemagne;--Fortunatus;--le Roman de la belle Hélène;--l'Histoire de Pierre de Provence et de la belle Magdelone;--Le fameux Gargantua.
Nous aurions pu choisir quelqu'une de ces légendes; mais il nous a semblé que celles que nous réimprimions suffisaient, et nous avons voulu donner quelque nouveauté à notre volume. C'est pour cela que nous y avons introduit deux légendes d'une nature et surtout d'une origine différente.
L'histoire de Dagobert et du Juif errant nous appartiennent donc en propre, pour ce qui est du récit. Nous n'avons pas cherché à faire un pastiche du style des autres contes, et nous avons tout uniment écrit les n?tres de la manière qui nous a paru le mieux appropriée aux sujets.
Les petites notices qui précèdent chacune de ces histoires donneront des détails particuliers à ceux qui croiront à propos de les lire. Nous n'avons songé à faire ni un livre d'érudition pure, ni un livre de pure imagination. Notre seul désir a été de donner à lire aux enfants quelques légendes variées qui ont enchanté notre enfance, et notre espoir est qu'ils s'y plairont comme nous.
Si Peau d'Ane m'était conté, J'y prendrais un plaisir extrême,
a dit le plus habile des conteurs, La Fontaine.
On a banni les démons et les fées, disait, avec l'expression d'un vif regret, Voltaire, et il ajoutait:
Ah! croyez-moi, l'erreur a son mérite[1].
[Note 1:
O l'heureux temps que celui
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