Locus Solus

Raymond Roussel
Locus Solus, by Raymond
Roussel

The Project Gutenberg EBook of Locus Solus, by Raymond Roussel
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Title: Locus Solus
Author: Raymond Roussel
Release Date: August 31, 2006 [EBook #19149]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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SOLUS ***

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Raymond Roussel
LOCUS SOLUS
(1914)

Table des matières
Préface. Chapitre premier. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV.
Chapitre V. Chapitre VI. Chapitre VII.

Préface
Une vie singulière...
«J'ai beaucoup voyagé. Notamment en 1920-21, j'ai fait le tour du
monde par les Indes, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les archipels du
Pacifique, la Chine, le Japon et l'Amérique (...) Je connaissais déjà les
principaux pays de l'Europe, l'Égypte, et tout le nord de l'Afrique, et
plus tard je visitai Constantinople, l'Asie Mineure et la Perse. Or de
tous ces voyages, je n'ai jamais rien tiré pour mes livres. Il m'a paru que
la chose méritait d'être signalée, tant elle prouve que chez moi,
l'imagination est tout.»[1]
[1] Raymond Roussel, comment j'ai écrit certains de mes livres, édition
10/18, 1963, p. 27.
Raymond Roussel, personnage fantasque, dandy solitaire et hors
normes a publié la totalité de son oeuvre à compte d'auteur, grâce à
l'immense fortune qui lui venait de ses parents. Adepte de voyages au
long cours, il ne sort guère de sa cabine ou de son hôtel, se contentant
de «sentir» le monde extérieur qui, dans sa réalité, ne l'a jamais
intéressé. C'est sans doute la raison pour laquelle son univers
romanesque est le pur produit de son imagination et des «procédés
littéraires» qu'il a inventés. Son modèle en littérature restera toujours
Jules Verne à qui il vouait une admiration sans bornes.
À l'âge de dix-neuf ans, alors qu'il rédigeait la Doublure, roman en
alexandrins qui est une sorte de description exhaustive du carnaval de
Nice, il éprouve une sensation de gloire universelle dont le
rayonnement se propageait dans l'espace. Il a décrit lui-même, au
Docteur Pierre Janet chez qui il a été en traitement pendant des années,
ce curieux phénomène:

«... Ce que j'écrivais était entouré de rayonnements, je fermais les
rideaux, car j'avais peur de la moindre fissure qui eût laissé passer les
rayons lumineux qui sortaient de ma plume, je voulais retirer l'écran
tout d'un coup, et illuminer le monde. (...) Mais j'avais beau prendre des
précautions, des rais de lumière s'échappaient de moi et traversaient les
murs, je portais le soleil en moi et je ne pouvais empêcher cette
formidable fulguration de moi-même».
Mais l'insuccès de La Doublure lui cause un choc terrible dont il mettra
des années à se relever. Pourtant, ce «soleil moral», le marquera à
jamais et il cherchera à tout prix à le retrouver par la suite, sûr de son
génie, attendant que la gloire à nouveau le transporte. Hélas aucun de
ses ouvrages ne connaîtra le succès escompté.
Se consacrant au jeu d'échecs dès 1929 où il sent que son génie peut
s'épanouir, il se met et tête de résoudre le difficile mat du fou et du
cavalier et y parvient. Mais la drogue allait bientôt le rattraper jusqu'à
son suicide en 1933 à Palerme, sans doute un dernier coup d'éclat pour
celui qui, voulant porter son génie au firmament, n'a finalement
rencontré qu'incompréhension et rejet. Pourtant, Roussel finira par être
reconnu et ses livres sont aujourd'hui devenus des références
incontournables de la modernité littéraire du vingtième siècle.
Une oeuvre complexe et originale
Le monde inventé de Roussel dans ses livres, par opposition au monde
donné que nous côtoyons quotidiennement et qui est celui de la
«réalité», fait appel à une certaine conception de l'esthétique, qui veut
qu'une oeuvre s'interdise des références à autre chose qu'elle-même.
Or il semble bien que de cette approche de l'art comme opposition
catégorique à la nature, Roussel n'en retienne que les artifices qui font
que l'oeuvre «décolle» de la réalité, faisant du beau en tant que tel un
élément secondaire, ou alors esquissant une autre approche de celui-ci.
Toutes les oeuvres de Roussel sont noyées dès le départ dans des
contraintes d'écriture qui font que leur structure même est artificielle.
Dans les romans en vers, au delà de la contrainte que représente

l'alexandrin, il met en scène des spectacles purs, où le regard glisse à la
surface des choses. Il s'agit comme le précise Foucault à propos de La
doublure et de La vue «d'un théâtre vidé de tout ce qui le rend comique
ou tragique, et déversant son inutile décor pêle-mêle, au hasard, devant
un regard impitoyable, souverain et désintéressé; un théâtre
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