Les misères de Londres

Pierre Alexis de Ponson du Terrail
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Les misères de Londres?by Pierre Alexis de Ponson du Terrail

The Project Gutenberg EBook of Les misères de Londres
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Title: Les misères de Londres 4. Les tribulations de Shoking
Author: Pierre Alexis de Ponson du Terrail
Release Date: October 7, 2005 [EBook #16819]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LES MISèRES DE LONDRES
IV
LES TRIBULATIONS DE SHOKING
PAR
PONSON DU TERRAIL

UN DRAME DANS LE SOUTHWARK

I
Le lendemain du jour où miss Ellen s'en allait chez le révérend Peters Town; tandis que l'homme gris s'esquivait, au beau milieu de White Hall, et à deux pas de Scotland Yard, le quartier général de la police, une scène toute différente se passait sur la Tamise.
Un homme descendait au long de la gare de Charing cross, dans ce chemin creux formé avec des planches et qui conduit à l'un des embarcadères des bateaux à vapeur, vers neuf heures du soir.
Cet homme n'était autre que Shoking; mais Shoking fort bien vêtu et que tout le monde e?t pris sinon pour un lord, au moins pour un gentleman.
Les bateaux à vapeur marchent assez avant dans la soirée, jusqu'à dix ou onze heures; il n'y a que ceux qui descendent jusqu'à Greenwich qui cessent leur service dès sept heures en été et dès cinq heures en hiver.
Cependant, comme la nuit était froide, les voyageurs étaient peu nombreux sur le ponton d'embarquement.
Deux femmes et un homme s'y trouvaient seuls lorsque Shoking arriva.
On entendait siffler le penny-boat qui était encore de l'autre c?te de Westminster, et dont on apercevait le panache noir à travers le brouillard.
Shoking était chaudement enveloppé dans un waterproof tout neuf.
Néanmoins, il soufflait dans ses doigts et poussait de temps en temps des brrr! pleins d'énergie.
Une des deux femmes qui se trouvaient sur le ponton, et qui paraissait assez misérable, disait en même temps à sa compagne:
--Pourvu qu'il y ait de la place tout auprès de la chaudière et que nous puissions nous chauffer un peu!
Shoking n'avait jamais trop aimé la solitude, il était même bavard à ses heures.
Il entendit donc le voeu émis par la femme et, s'approchant d'elle:
--Vous pouvez vous rassurer, ma chère, dit-il, il n'y a jamais grand monde à bord, à cette heure et par ce temps-ci.
--C'est que j'ai bien froid, dit-elle.
Shoking regarda les vêtements qui couvraient cette femme.
Une méchante robe de laine et un lambeau de chale: c'était tout.
Pas de bas aux pieds, une loque de chapeau sur la tête et un pauvre fichu croisé sur le cou et dissimulant sans doute l'absence de linge.
--Allez-vous loin? demanda Shoking.
--A Rotherithe, au-dessous du pont de Londres. Je serais bien allée à pied, car voici près d'un quart d'heure que j'attends le penny-boat, continua cette femme; mais je suis tout à fait lasse. J'ai marché tout le jour, aujourd'hui.
--Ah! vraiment? fit Shoking qui ne demandait pas mieux que de causer.
--Je suis allée trois ou quatre fois depuis ce matin du Southwark, qui est mon quartier, à la Cité.
--Quatre bonnes trottes, dit Shoking; cela fait au moins huit ou neuf milles, en comptant l'aller et le retour.
--A peu près, dit la femme.
Puis elle ajouta avec un soupir:
--Et tout cela pour rien.
Le penny-boat arrivait en ce moment, et il accosta le ponton.
Shoking n'eut donc pas le temps de questionner la femme sur le but de ces quatre voyages accomplis en un jour.
Il sauta du ponton sur le petit bateau à vapeur où il y avait à peine une dizaine de personnes, ce qui permit à la femme qui se plaignait du froid d'aller s'asseoir tout auprès de la chaudière.
Ce que voyant, Shoking s'assit auprès d'elle et recommen?a la conversation.
--Ah! dit-il, vous êtes allée quatre fois dans la Cité?
--Oui, monsieur et pour rien.
Shoking attendit qu'elle s'expliquat.
Sans doute cette femme ne demandait pas mieux, car elle reprit sur-le-champ:
--Je suis allée à White cross.
--La prison pour dettes?
--Justement. Mon mari y est.
--Pauvre homme! dit Shoking. Est-ce pour beaucoup d'argent?
--Oh! non, monsieur, et une personne charitable, qui m'est venue voir hier, m'a remis la somme nécessaire à le libérer.
--Alors vous l'avez fait sortir?
--Jusqu'à présent je n'ai pas pu, monsieur.
--Comment cela?
--Oh! c'est tout une histoire, et vous allez voir combien les pauvres gens sont quelquefois malheureux et poursuivis par une malchance énorme.
--Je vous écoute, dit Shoking, tandis que le bateau à vapeur descendait rapidement la Tamise.
--Mon mari se nomme Paddy, poursuivit-elle. Il a été en prison à la requête d'un certain Pussex, boulanger,
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