Les Caves du Vatican

André Gide
Les Caves du Vatican

The Project Gutenberg EBook of Les Caves du Vatican, by Andre Gide
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Title: Les Caves du Vatican
Author: Andre Gide
Release Date: October, 2004 [EBook #6739] [Yes, we are more than
one year ahead of schedule] [This file was first posted on January 20,
2003]
Edition: 10
Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1
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DU VATICAN ***

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Les caves du Vatican Sotie
André Gide.

LES CAVES DU VATICAN

LIVRE PREMIER
Anthime Armand-Dubois
_Pour ma part, mon choix est fait. J'ai opté pour l'athéisme social. Cet
athéisme, je l'ai exprimé depuis une quinzaine d'années, dans une série
d'ouvrages..._
Georges Palante.
Chronique philosophique du Mercure de France (Déc. 1912)
I.
L'an 1890, sous le pontificat de Léon XIII, la renommée du docteur X,
spécialiste pour maladies d'origine rhumatismale, appela à Rome
Anthime Armand-Dubois, franc-maçon.
-- Eh quoi? s'écriait Julius de Baraglioul, son beau-frère, c'est votre
corps que vous vous en allez soignez à Rome! Puissiez-vous
reconnaître là-bas combien votre âme est plus malade encore!
A quoi répondait Armand-Dubois sur un ton de commisération
renchérie:
-- Mon pauvre ami, regardez donc mes épaules.
Le débonnaire Baraglioul levait les yeux malgré lui vers les épaules de
son beau-frère; elles se trémoussaient, comme soulevées par un rire
profond, irrépressible; et c'était certes grand-pitié que de voir ce vaste
corps à demi perclus occuper à cette parodie le reliquat de ses
disponibilités musculaires. Allons! décidément leurs positions étaient
prises, l'éloquence de Baraglioul n'y pourrait rien changer. Le temps
peut-être? le secret conseil des saints lieux... D'un air immensément

découragé, Julius disait seulement:
-- Anthime, vous me faites beaucoup de peine (les épaules aussitôt
s'arrêtaient de danser, car Anthime aimait son beau-frère). Puissé-je,
dans trois ans, à l'époque du jubilé, lorsque je viendrai vous rejoindre,
puissé-je vous trouver amendé!
Du moins Véronique accompagnait-elle son époux dans des
dispositions d'esprit bien différentes: pieuse autant que sa soeur
Marguerite et que Julius, ce long séjour à Rome répondait à l'un des
chers entre ses voeux; elle meublait de menues pratiques pieuses sa
monotone vie déçue, et, bréhaigne, donnait à l'idéal les soins que ne
réclamait d'elle aucun enfant. Hélas! elle ne gardait pas grand espoir de
ramener à Dieu son Anthime. Elle savait depuis longtemps de quel
entêtement était capable ce large front barré de quel déni. L'abbé Flons
l'avait avertie:
-- Les plus inébranlables résolutions, lui disait-il, madame, ce sont les
pires. N'espérez plus que d'un miracle.
Même, elle avait cessé de s'attrister. Dès les premiers jours de leur
installation à Rome, chacun des deux époux, de son côté, avait réglé
son existence retirée: Véronique dans les occupations du ménage et
dans les dévotions, Anthime dans ses recherches scientifiques. Ils
vivaient ainsi l'un près de l'autre, se supportant en se tournant le dos.
Grâce à quoi régnait entre eux une manière de concorde, planait sur eux
une sorte de demi-félicité, chacun d'eux trouvant dans le support de
l'autre l'emploi discret de sa vertu.
L'appartement qu'ils avaient loué par l'entremise d'une agence
présentait, comme la plupart des logements italiens, joints à d'imprévus
avantages, de remarquables inconvénients. Occupant tout le premier
étage du palais Forgetti, via in Lucina, il jouissait d'une assez belle
terrasse, où tout aussitôt Véronique s'était mis en tête de cultiver des
aspidistras, qui réussissent si mal dans les appartements de Paris; mais,
pour se rendre sur la terrasse, force était de traverser l'orangerie dont
Anthime avait fait aussitôt son laboratoire, et dont il avait été convenu
qu'il livrerait passage de telle heure à telle heure du jour.
Sans bruit, Véronique poussait la porte, puis glissait furtivement, les
yeux au sol, comme passe un convers devant les graffiti obscènes; car
elle dédaignait de voir, tout au fond de la pièce, débordant du fauteuil
où s'accotait une béquille, l'énorme dos d'Anthime se voûter au-dessus

d'on ne sait quelle maligne opération. Anthime, de son côté, affectait de
ne
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