Le lys noir

Jules de Gastyne

A free download from http://www.dertz.in ----dertz ebooks publisher !----

Le lys noir

The Project Gutenberg EBook of Le lys noir, by Jules de Gastyne This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Le lys noir
Author: Jules de Gastyne
Release Date: November 29, 2005 [EBook #17184]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE LYS NOIR ***

Produced by Carlo Traverso, Chuck Greif and the Distributed Proofreaders of Europe. This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr.

LE LYS NOIR
éMILE COLIN, IMPRIMERIE DE LAGNY (S.-ET-M.)
JULES DE GASTYNE
LE LYS NOIR
Grand Roman Dramatique
PARIS
LIBRAIRE ILLUSTRéE, MONTGREDIEN ET C^ie Jules TALLANDIER, Succ^r 8, Rue SAINT-JOSEPH, 8 (2^e ARR.)

PREMIèRE PARTIE
L'IMPOSTURE
I
C'était l'heure silencieuse--la seule peut-être où, dans les quartiers animés de Paris, s'arrêtent le mouvement et la vie;--vers trois heures du matin, un homme sortait d'une des maisons de la rue Caumartin, située tout près du boulevard des Capucines. C'était en hiver. La nuit était froide et sèche, et les étoiles brillaient d'un éclat avivé par la gelée.
L'inconnu, coiffé d'un chapeau haut de forme, enveloppé de fourrures élégantes, était jeune, de taille élancée et mince. Mais son visage apparaissait si bouleversé qu'il était impossible de dire si les traits en étaient réguliers et beaux. Il semblait accablé sous le poids d'une douleur trop lourde pour lui.
Quand il se trouva dans le grand air vif de la rue, après avoir poussé brusquement le battant de la porte cochère qui se referma avec bruit, il resta un moment immobile, indécis, comme s'il n'avait pas pu s'arracher à l'endroit qu'il quittait ou s'il n'avait pas su de quel c?té diriger ses pas. Puis, brusquement, il se mit à courir.... Il se mit à courir du c?té de la Madeleine, et, tout en courant, il poussait des soupirs profonds, qui avaient l'air de le déchirer jusqu'au fond de l'ame.
A cette heure, et par cette température sibérienne, le boulevard était désert ... tout plein de silence.... C'est à peine si l'on entendait, de temps à autre, le roulement lointain de quelques fiacres attardés.... Pas une lumière ne brillait aux fenêtres ... et des rafales passaient, soulevant des nuages de poussière, hérissant le col de fourrure du fuyard, qui frissonnait involontairement. Arrivé à l'angle de la rue Royale, l'inconnu ralentit sa marche. Il sembla se demander encore ce qu'il allait faire, puis brusquement il se dirigea du c?té de la Seine.
A ce moment, une bande sortait d'un restaurant de nuit, poussant des clameurs et des éclats de rire. Il s'en détourna et poursuivit, l'air plus sombre encore, sa marche solitaire.
Sur la place de la Concorde, des bises soufflaient, se croisant ... balayant l'immense espace ... qui se gla?ait davantage.
L'inconnu marcha tête baissée contre le vent ... avec une énergie que les obstacles renouvelaient.
Et sur le pont de la Concorde il s'arrêta.
Il s'approcha du parapet et regarda la Seine.
Elle était calme ... sans un frisson.... Le vent semblait n'avoir sur elle aucune prise. Les étoiles scintillaient sur sa surface limpide, comme des clous diamantés.... Des gla?ons qui se formaient aux bords faisaient entendre par moments un petit friselis léger de soie que l'on froisse....
Longtemps, l'inconnu resta penché, les yeux sur le fleuve immobile et glacé.
Un combat violent semblait se livrer en son ame, moins tranquille assurément que l'eau dans laquelle il méditait peut-être de se précipiter, et on aurait pu voir à plusieurs reprises des larmes tomber, pressées et rapides, sur les joues blêmes et se perdre dans les poils noirs de sa moustache fine, en même temps qu'on entendait s'échapper de sa bouche ces mots empreints d'une désespérance infinie et qui la déchiraient comme des sanglots:
--Je l'aimais tant! Je l'aimais tant!...
Puis, brusquement, sa physionomie changea.
Une résolution soudaine, comme un coup de vent qui modifie l'aspect du ciel en emportant les nuages qui le couvrent, dissipa les brumes qui obscurcissaient son front et ses regards.
Il parut renoncer aux idées de suicide qu'il avait--il était facile de s'en apercevoir--un moment caressées.... Il cessa de regarder la Seine et traversa le pont pour suivre les quais devant les ruines de la Cour des Comptes, et la Légion d'honneur.
Où allait-il?
Il semblait le savoir maintenant ... et ne plus hésiter. Le silence et la solitude l'enveloppaient toujours. Son pas résonnait sur le macadam, durci par la gelée, et autour de lui les échos réveillés en répercutaient le bruit....
On pouvait se rendre compte de l'aspect de sa physionomie, qui était régulière et belle ... d'expression peut-être un peu hautaine.
Le teint était d'une paleur mate, les cheveux et les yeux très noirs.... Les pieds et les mains avaient une distinction aristocratique. Tout en
Continue reading on your phone by scaning this QR Code

 / 88
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.