Le Râmâyana | Page 2

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n'y puisse jeter
aucun empêchement. C'est à toi, en qui je possède un ami dévoué et qui
es le premier de mes directeurs spirituels; c'est à toi de prendre sur tes
épaules ce fardeau pesant d'un tel sacrifice.»
--«Oui!» répondit au roi le plus vertueux des régénérés.
«Je ferai assurément tout ce que désire Ta Majesté.»
Ensuite il dit à tous les brahmes experts dans les choses des sacrifices:
«Que l'on bâtisse pour les rois des palais distingués par de nombreuses
qualités! Que l'on bâtisse même par centaines pour les brahmes invités
de beaux logis bien disposés, bien pourvus en divers breuvages, bien
approvisionnés en différents comestibles. Il faut construire aussi pour
l'habitant des villes maintes demeures vastes, fournies de nombreux
aliments et remplies de choses propres à satisfaire tous les désirs.
Rassemblez encore d'abondantes victuailles pour l'habitant des
campagnes.
«Que ces différentes nourritures soient données avec politesse, et non
comme arrachées par la violence, afin que toutes les castes bien traitées
obtiennent ainsi les égards dus à chacune d'elles.
«Passant de l'amour à la colère, n'appliquez l'injure à personne. Que les
honneurs soient rendus surtout, mais en observant les degrés, aux
hommes supérieurs dans les choses des sacrifices, comme aux
sommités dans les arts manuels. Agissez enfin d'une âme aimante et
satisfaite, ô vous, révérendes personnes, de manière que tout soit bien

fait et que rien ne soit omis!» Ensuite, les brahmes s'étant rapprochés
de Vaçishtha, lui répondirent ainsi: «Nous ferons tout, comme il est dit,
et rien ne sera oublié.»
Après cette réponse, ayant fait appeler Soumantra, le ministre: «Invite,
lui dit Vaçishtha, invite les rois qui sur la terre sont dévoués à la
justice.»
Ensuite, après quelques jours et quelques nuits écoulés, arrivèrent ces
rois si nombreux, à qui Daçaratha avait envoyé des pierreries en royal
cadeau. Alors Vaçishtha, l'âme très-satisfaite, tint ce langage au
monarque: «Tous les rois sont venus, ô le plus illustre des souverains,
comme tu l'avais commandé. Je les ai tous bien traités, et tous honorés
dignement. Tes serviteurs ont disposé convenablement toutes les
choses avec un esprit attentif.»
Charmé à ces paroles de Vaçishtha, le roi dit: «Que le sacrifice, doué en
toutes ses parties de choses offertes à tous les désirs, soit célébré
aujourd'hui même.»
Ensuite les prêtres, consommés dans la science de la Sainte Écriture,
commencent la première des cérémonies, l'ascension du feu, suivant les
rites enseignés par le soûtra du Kalpa. Les règles des expiations furent
aussi observées entièrement par eux, et ils firent toutes ces libations que
la circonstance demandait.
Alors Kâauçalyâ décrivit un pradakshina autour du cheval consacré, le
vénéra avec la piété due, et lui prodigua les ornements, les parfums, les
guirlandes de fleurs. Puis, accompagnée de l'adhwaryou, la chaste
épouse toucha la victime et passa toute une nuit avec elle pour obtenir
ce fils, objet de ses désirs.
Ensuite, le ritouidje, ayant égorgé la victime et tiré la moelle des os,
suivant les règles saintes, la répandit sur le feu, invitant chacun des
Immortels au sacrifice avec la formule accoutumée des prières. Alors,
engagé par son désir immense d'obtenir une lignée, Daçaratha, uni dans
cet acte à sa fidèle épouse, le roi Daçaratha vint avec elle respirer la
fumée de cette moelle, que le brasier consumait sur l'autel. Enfin, les

sacrificateurs de couper les membres du cheval en morceaux, et d'offrir
sur le feu à tous les habitants des cieux la part que le rituel assignait à
chacun d'eux.
Voici que tout à coup, sortant du feu sacré, apparut devant les yeux un
grand être, d'une splendeur admirable, et tout pareil au brasier allumé.
Le teint bruni, une peau noire était son vêtement; sa barbe était verte, et
ses cheveux rattachés en djatâ[2]; les angles de ses yeux obliques
avaient la rougeur du lotus: on eût dit que sa voix était le son du
tambour ou le bruit d'un nuage orageux. Doué de tous les signes
heureux, orné de parures célestes, haut comme la cime d'une montagne,
il avait les yeux et la poitrine du lion.
[Note 2: Cheveux relevés en gerbe et noués sur le sommet de la tête,
mode accoutumée des ascètes.]
Il tenait dans ses bras, comme on étreint une épouse chérie, un vase
fermé, qui semblait une chose merveilleuse, entièrement d'or, et tout
rempli d'une liqueur céleste.
«Brahme, dit le spectre, qui s'était manifesté d'une manière si étonnante,
sache que je suis un être émané du souverain maître des créatures pour
venir en ces lieux mêmes.--Reçois ce vase donné par moi et remets-le
au roi Daçaratha: c'est pour lui que je dépose en tes mains ce divin
breuvage. Qu'il donne à savourer ce philtre générateur à ses épouses
fidèles!»
Le plus excellent des brahmes lui répondit en ces termes: «Donne
toi-même au roi ce vase merveilleux.»
La resplendissante émanation du souverain maître des
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