Le Négrier, Vol. II

Édouard Corbière
Le Négrier, Vol. II

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Title: Le Négrier, Vol. II Aventures de mer
Author: Édouard Corbière
Release Date: February 8, 2006 [EBook #17715]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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NÉGRIER, VOL. II ***

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LE NÉGRIER
AVENTURES DE MER.

PAR
ÉDOUARD CORBIÈRE DE BREST.
Deuxième édition.
VOLUME II.

PARIS, A.-J. DÉMAIN ET DELAMARE, ÉDITEURS DE
L'HISTOIRE DE L'EXPÉDITION FRANÇAISE EN ÉGYPTE, 16,
RUE VIVIENNE.
1834.

4.
SUITE DE LA VIE DE CORSAIRE.
L'échelle de corde.--Les piastres frites.--Scènes de
jalousie.--Duel.--Confession de quatre flibustiers célèbres.--Le corsaire
le Vert-de-Gris.--Le bal interrompu.--Nouveau combat.--Nous sommes
pris.--La poste aux choux.
Quelque douces que soient les jouissances de coeur et d'amour-propre,
que l'on savoure dans son pays natal, elles ne peuvent suffire longtemps
à une âme active et à une tête bouillante. Le calme plat dans lequel je
vivais à terre ne pouvait plus convenir à une imagination qui, après
avoir éprouvé les violentes émotions qu'elle cherchait, rêvait encore des
combats et des tempêtes. Une lettre de Rosalie, dont le souvenir me
suivait dans toutes mes fêtes et au sein de tous les instans d'ivresse de
mon âge, vint me reprocher, dans les termes les plus vifs, les plus
réservés, et pourtant les plus significatifs, mon oubli de mes anciens et
de mes meilleurs amis. J'aurais pu montrer à mes parens cette tendre
épître, sans qu'ils eussent dû en être choqués. Mais la crainte de leur
laisser deviner ce que je sentais trop bien, me fit garder le silence sur le

compte de ma conquête, à l'égard de laquelle ma famille avait toujours
observé une réserve que je comprenais pourtant à merveille et qui
m'embarrassait. Rosalie me disait que, si je ne revenais pas bientôt à
Roscoff, Ivon, qui ne pouvait plus se passer de moi accourrait à Brest
pour m'enlever.
Un ou deux mois d'inaction suffisent pour dévorer un jeune homme
destiné, comme je l'étais, à ne vivre que sur mer et qu'avec la mer.
Les autres hommes épuisent presque toujours dans une trop grande
activité les forces dont ils sont doués; mais c'est, au contraire, par
l'activité que les marins conservent les leurs. Je ne pouvais plus trouver
de repos dans ma famille depuis que je n'avais plus rien à faire. L'aspect
de cette rade, sur laquelle se balançaient les navires que je voyais entrer
ou sortir du port, jetait dans mon esprit un trouble, une mélancolie, que
je ne m'expliquais que par l'impossibilité où je me trouvais d'occuper
ma tête, mes bras, ma vie enfin sur ces flots où je m'étais déjà
entr'ouvert une carrière. Mon frère, toujours studieux, sage et attaché à
ses devoirs, voulait en vain m'apprendre ce qui pouvait m'être encore
nécessaire comme marin: je ne pensais qu'à naviguer, et mes parens se
décidèrent enfin à me laisser courir encore une fois les chances
périlleuses de la seule fortune que j'ambitionnais.
Un jour, en rentrant vers le soir à la maison avec mon père, nous vîmes
venir à nous un marin poussant au galop, avec un gros bâton à la main,
le cheval qu'il conduisait de la manière la plus plaisante du monde. A
dix pas de distance, je reconnus dans ce grotesque cavalier, qui? Mon
pays Ivon. Descendre d'un bond de dessus son cheval, en lui donnant
un grand coup de pied, ne fut pour lui que l'affaire d'une seconde.
Après m'avoir sauté au cou, il tendit la main à mon père: Excusez la
liberté, lui dit-il en voyant ses épaulettes de capitaine d'artillerie, car
vous êtes le père de votre fils qui est mon ami. Dis donc, Léonard, c'est
ton père, n'est-ce pas? Eh bien! ça m'a l'air d'un vieux brave homme, ou
que le diable me torde le cou!
--Et ton cheval, lui dis-je, que tu laisses aller en valdrague, est-ce que
tu ne songes pas à le faire conduire à l'auberge?

--Il n'y en a pas besoin. Ce cheval, je l'ai acheté pour venir à Brest,
parce qu'il vaut mieux naviguer à bord de son navire, que sur celui des
autres.
--Mais que ferez-vous de cet animal-là? lui demande mon père. C'est de
l'argent perdu.
--Oh! que non, il n'est pas perdu, mon brave homme. Je vous donnerai
ce bidet-là, pour qu'un vieux de la calle comme vous n'aille pas à pied,
quand il
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