Le Corricolo

Alexandre Dumas, père
Le corricolo, by Alexandre
Dumas

The Project Gutenberg EBook of Le corricolo, by Alexandre Dumas
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Title: Le corricolo
Author: Alexandre Dumas
Release Date: July 31, 2006 [EBook #9262]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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CORRICOLO ***

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LE CORRICOLO
par

ALEXANDRE DUMAS.

PREMIÈRE PARTIE.

Introduction
Le corricolo est le synonyme de calessino, mais comme il n'y a pas de
synonyme parfait, expliquons la différence qui existe entre le corricolo
et le calessino.
Le corricolo est un espèce de tilbury primitivement destiné à contenir
une personne et à être attelé d'un cheval; on l'attelle de deux chevaux, et
il charrie de douze à quinze personnes.
Et qu'on ne croie pas que ce soit au pas, comme la charrette à boeufs
des rois francs, ou au trot, comme le cabriolet de régie; non, c'est au
triple galop; et le char de Pluton, qui enlevait Proserpine sur les bords
du Symète, n'allait pas plus vite que le corricolo qui sillonne les quais
de Naples en brûlant un pavé de laves et en soulevant leur poussière de
cendres.
Cependant un seul des deux chevaux tire véritablement: c'est le
timonier. L'autre, qui s'appelle le bilancino, et qui est attelé de côté,
bondit, caracole, excite son compagnon, voilà tout. Quel dieu, comme à
Tityre, lui a fait ce repos? C'est le hasard, c'est la Providence, c'est la
fatalité: les chevaux, comme les hommes, ont leur étoile.
Nous avons dit que ce tilbury, destiné à une personne, en charriait
d'ordinaire douze ou quinze; cela, nous le comprenons bien, demande
une explication. Un vieux proverbe français dit: «Quand il y en a pour
un, il y en a pour deux.» Mais je ne connais aucun proverbe dans
aucune langue qui dise: «Quand il y en a pour un, il y en a pour
quinze.»
Il en est cependant ainsi du corricolo, tant, dans les civilisations

avancées, chaque chose est détournée de sa destination primitive!
Comment et en combien de temps s'est faite cette agglomération
successive d'individus sur le corricolo, c'est ce qu'il est impossible de
déterminer avec précision. Contentons-nous donc de dire comment elle
y tient.
D'abord, et presque toujours, un gros moine est assis au milieu, et
forme le centre de l'agglomération humaine que le corricolo emporte
comme un de ces tourbillons d'âmes que Dante vit suivant un grand
étendard dans le premier cercle de l'enfer. Il a sur un de ses genoux
quelque fraîche nourrice d'Aversa ou de Nettuno, et sur l'autre quelque
belle paysanne de Bauci ou de Procida; aux deux côtés du moine, entre
les roues et la caisse, se tiennent debout les maris de ces dames.
Derrière le moine se dresse sur la pointe des pieds le propriétaire ou le
conducteur de l'attelage, tenant de la main gauche la bride, et de la
main droite le long fouet avec lequel il entretient d'une égale vitesse la
marche de ses deux chevaux. Derrière celui-ci se groupent à leur tour, à
la manière des valets de bonne maison, deux ou trois lazzaroni, qui
montent, qui descendent, se succèdent, se renouvellent, sans qu'on
pense jamais à leur demander un salaire en échange du service rendu.
Sur les deux brancards sont assis deux gamins ramassés sur la route de
Torre del Greco ou de Pouzzoles, ciceroni surnuméraires des antiquités
d'Herculanum et de Pompéia, guides marrons des antiquités de Cumes
et de Baïa. Enfin, sous l'essieu de la voiture, entre les deux roues, dans
un filet à grosses mailles qui va ballottant de haut en bas, de long en
large, grouille quelque chose d'informe, qui rit, qui pleure, qui crie, qui
hogne, qui se plaint, qui chante, qui raille, qu'il est impossible de
distinguer au milieu de la poussière que soulèvent les pieds des
chevaux: ce sont trois ou quatre enfans qui appartiennent on ne sait à
qui, qui vont on ne sait où, qui vivent on ne sait de quoi, qui sont là on
ne sait comment, et qui y restent on ne sait pourquoi.
Maintenant, mettez au dessous l'un de l'autre, moine, paysannes, maris,
conducteurs, lazzaroni, gamins et enfans; additionnez le tout, ajoutez le
nourrisson oublié, et vous aurez votre compte. Total, quinze personnes.
Parfois il arrive que la fantastique machine, chargée comme elle est;

passe sur une pierre et verse; alors toute la carrossée s'éparpille sur le
revers de la route, chacun lancé selon son plus ou moins de pesanteur.
Mais chacun se retire aussitôt et oublie son
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