La philosophie sociale dans le theatre dIbsen

Ossip-Lourie
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La philosophie sociale dans le theatre d'Ibsen

The Project Gutenberg EBook of La philosophie sociale dans le theatre
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Title: La philosophie sociale dans le theatre d'Ibsen
Author: Ossip-Lourie
Release Date: February 7, 2006 [EBook #17709]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LA PHILOSOPHIE SOCIALE
DANS
LE THé?TRE D'IBSEN
PAR
OSSIP-LOURIé
Lauréat de l'Institut.
Docteur de la Faculté des Lettres de l'Université de Paris, Membre de la Société de Philosophie de l'Université de Saint-Pétersbourg.
Se posséder pour se donner.
PARIS
1900
* * * * *
A M. EMILE ZOLA
TRèS HONORé MA?TRE,
Vous avez le premier introduit en France le théatre d'Henrik Ibsen. Ce n'est pas la seule raison pour laquelle j'inscris votre nom sur la première page de mon travail. Il y a deux ans, j'ai eu l'honneur d'être chargé par un groupe d'écrivains étrangers de vous transmettre l'expression de leur profonde admiration pour l'oeuvre de justice et d'équité dont vous veniez de jeter les premiers jalons. Par votre campagne, terrible et sublime, vous avez prouvé que la conception générale des drames d'Ibsen n'est point une chimère: La solution du problème social de l'humanité s'obtient par le réveil de la conscience et de la volonté individuelles.
Veuillez me conserver, je vous prie, Ma?tre, votre bienveillance.
OSSIP-LOURIé.

* * * * *

INTRODUCTION
I
Ce n'est pas le théatre d'Henrik Ibsen que je me propose d'étudier dans ce volume; mon but, c'est de dégager la philosophie sociale qu'il renferme.
Les pièces d'Ibsen sont moins des productions dramatiques que des essais philosophiques touchant les questions vitales de l'humanité. L'action y joue une importance secondaire, les incidents sont forcés, inattendus, brusques; l'intérêt principal réside dans le conflit des idées. L'auteur ne se soucie guère de l'appareil théatral, il ne prend même pas la peine de dessiner nettement les positions réciproques de ses héros. Le spectateur n'assiste pas aux événements, aux actions des personnages en scène, mais leurs réflexions, leurs pensées, leurs aspirations sont toujours présentes et vivantes. Leurs caractères, leurs passions ne se traduisent pas par des gestes, par des attitudes, par des mouvements, mais se révèlent par une analyse psycho-philosophique.
Le théatre d'Ibsen est une succession de préceptes où la psychologie de l'individu comme celle de la société fait dispara?tre le déroulement progressif de l'action. L'auteur analyse minutieusement les mouvements d'ame, les crises de conscience, de passion, de pensée; il étudie les révolutions morales individuelles, l'antagonisme entre l'individu et la société, les mensonges et les préjugés sociaux. Le théatre d'Ibsen est, avant tout, un théatre d'idées.
M. Max Nordau, tout en constatant qu'?Ibsen a créé quelques figures d'une vérité et d'une richesse telles qu'on n'en trouve pas chez un second poète depuis Shakespeare[1],? prétend que le dramaturge norvégien est incapable ?d'élaborer une seule idée nette, de comprendre un seul des mots d'ordre qu'il pique ?à et là dans ses pièces, de tirer des prémisses les conséquences justes[2]?.
Certes, ?les sots seuls admirent tout dans un écrivain estimé[3]?, mais le savant auteur de la Psychologie du génie et du talent[4] force un peu trop sa plume satirique en affirmant qu' ?Ibsen ne comprend pas un seul des mots d'ordre qu'il pique ?à et là dans ses pièces?. On peut considérer certaines de ses pièces comme absolument étrangères à l'art dramatique; dire qu'elles manquent d'idées, c'est ne pas vouloir les comprendre. Il se peut que l'idée de telle ou telle pièce soit un peu embrumée, mais ?il faut considérer le théatre d'Ibsen en bloc. Alors nous avons devant les yeux un imposant monument de la pensée moderne?.[5]
Ibsen ne s'impose pas tout de suite. Lorsqu'on voit ou qu'on lit pour la première fois une de ses pièces, l'impression est puissante, mais confuse; elle éveille dans le spectateur ou le lecteur des émotions fortes, mais indécises; ce n'est qu'après une longue analyse qu'on en détermine l'idée. Quelles que puissent être les erreurs qu'on trouve dans son oeuvre, comme dans celles de tant d'autres écrivains, l'impression générale est grande et profonde, l'émotion qui en jaillit n'est pas affective mais cérébrale; une atmosphère fra?che de pensée enveloppe ses personnages; ils forment tout un organisme social, toute une philosophie. Ce n'est pas de la spéculation abstraite, ce n'est pas de la philosophie construite, c'est de la philosophie vécue. Les héros d'Ibsen ne jettent pas à profusion ?les sophismes comme un ciment dans l'intervalle des vérités, par lesquels on édifie les grands systèmes de philosophie qui ne tiennent que par le mortier de la sophistique?;[6] mais si l'esprit de système leur fait défaut et aussi l'art des ordonnances symétriques, ce ne sont point certes des idées, des pensées qui leur manquent. Et ?les systèmes de philosophie
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