La nuit de Noël dans tous les pays | Page 2

Alphonse Chabot
Bretons, si attachés à leur religion et à leurs foyers.--Tout le monde conna?t les ouvrages d'Emile Souvestre, de Paul Féval et de Brizeux: ces écrivains évoquent souvent des souvenirs bretons qui nous ont fourni de précieux documents sur les usages de No?l au pays des dolmens et des menhirs.
Parmi les nombreux amis que nous ont faits nos recherches sur les coutumes de No?l, il y en a plusieurs que nous voudrions nommer ici, mais nous craindrions de blesser leur modestie. Quelques-uns nous ont écrit avec autant d'empressement que de grace et de talent: que ceux-là surtout soient cordialement remerciés. Dans le cours de cet opuscule, nous nous sommes permis de citer quelques initiales; la reconnaissance nous en faisait un devoir; nous avons tenu cependant à garder la plus absolue discrétion.
Montrer combien la fête de No?l est populaire dans le monde entier, faire conna?tre et aimer davantage le divin Enfant de Bethléem, tels sont les deux sentiments qui nous ont inspiré ce long travail, qu'avec la grace de Dieu et le concours de nos amis, nous espérons mener à bonne fin.
Cette brochure et les deux précédentes ?No?l dans les Pays étrangers? et ?Les Crèches de No?l dans tous les Pays? se vendent au profit des trois Ecoles libres et des Oeuvres paroissiales de Pithiviers. Nous prions nos lecteurs de les faire conna?tre autour d'eux.

LA NUIT DE NO?L DANS TOUS LES PAYS

CHAPITRE PREMIER
LA VEILLéE DE NO?L ET LES LéGENDES QU'ON Y RACONTE
Quelles douces heures que celles des veillées de décembre et quel charme elles ont laissé dans nos souvenirs d'enfance!
Alors au foyer brillent les joyeuses flambées, pendant que le vent ébranle la maison et que la pluie bat les vitres. Vous voyez d'ici, n'est-ce pas, la salle bien close la lampe sous son abat-jour, le feu de sarments qui pétille avec un bruit sec, illuminant le plafond à solives.
Bébé, heureux et affairé, trottine dans la chambre; il touche au soufflet, renverse la pelle et regarde avec étonnement et envie son père qui tisonne, tandis que les flammes bleuatres, longues et minces, lèchent l'écusson de la vieille cheminée aux teintes noires et luisantes.
Assis au coin du feu, le grand-père se chauffe tout pensif, tandis que la marmite fait ?glouglou? et que de chaque c?té de son lourd couvercle s'échappe un mince filet de vapeur.
La ma?tresse du logis a quitté sa belle coiffe et pris le bonnet du soir; debout, la main gauche posée sur la hanche, elle tourne et retourne, de sa main droite, sa grande cuillère de bois dans le rago?t qui ?mijote? sur le fourneau.
Dans un coin de la chambre, grand'mère explique à sa petite-fille les enluminures d'un vieil almanach déjà noirci par les années.
La vieille horloge, au large balancier de cuivre, frappe lourdement ses coups...
Telles sont à peu près les veillées d'hiver dans la plupart des campagnes.
La veillée de No?l revêt un caractère particulier, surtout dans le Midi de la France.
Elle comprend:
Le repas maigre (appelé en Provence _gros souper_);
Les _divertissements_;
Les _légendes_.

I.--LE REPAS MAIGRE.
?Il existe dans notre Auvergne des coutumes qui, pour être moins éclatantes, n'en ont pas moins un charme tout particulier et un sens profondément chrétien. La veille de No?l, la nuit venue, la table est dressée devant le foyer. On la couvre d'une nappe bien blanche, et, au centre d'une magnifique brioche, on place un chandelier en cuivre soigneusement fourbi. La ma?tresse de la maison fouille dans la grande armoire et revient avec une chandelle précieusement enveloppée dans du papier gaufré.
?La belle chandelle prend place au milieu de la table.
?... Les préparatifs termines, mon vieux père, quoique malade, veut assister au repas. Il prend, de sa main tremblante, la chandelle de No?l, l'allume, fait le signe de la croix, puis l'éteint et la passe au frère a?né. Celui-ci, debout et tête nue, l'allume à son tour, se signe, l'éteint, puis la passe à sa femme. La chandelle passe ainsi de main en main, pour que chacun, à son rang d'age, puisse l'allumer. Elle arrive enfin entre les mains du dernier né. Aidé par sa mère, celui-ci l'allume à son tour, se signe et, sans l'éteindre, la place au milieu de la table, où elle brille--bien modestement--pendant tout le repas.
?N'est-ce pas là le souvenir touchant de la _Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde_[1]?
[Note 1: Joann. I, 9.]
?Ce rite accompli, le repas commence joyeux, animé, assaisonné par le je?ne de la vigile, agrémenté par l'apparition de la traditionnelle soupe au fromage et par les surprises que ménage la cuisinière. Et quand les graces sont dites, les enfants vont se coucher, bercés par l'espoir--souvent trompé--d'aller à la Messe de minuit. On roule dans le foyer une grosse souche, et on attend minuit, en chantant les vieux No?ls ou en racontant les histoires d'autrefois.
?Quand l'heure est venue, quand les habitants des villages arrivent de tous c?tés, avec leurs lanternes
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