La Pantoufle de Sapho

Leopold von Sacher-Masoch
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La Pantoufle de Sapho

The Project Gutenberg EBook of La Pantoufle de Sapho
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Title: La Pantoufle de Sapho
Author: Leopold Ritter von Sacher-Masoch
Translator: D. Dolorès
Release Date: September 4, 2005 [EBook #16649]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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La Pantoufle de Sapho
& Autres Contes
CHARLES CARRINGTON, Libraire-éditeur 13, Faubourg Montmartre, Paris

Transcriber's Notes: --All instances of oe should be read as a ligature, except in the name Goetz. --[*] indicates a missing word or probable typo in the text. --Other possible typos have been left as found in the original. --This is only one story from the collection named on the title page. Some other stories were culled from the same collection and can also be found at Project Gutenberg.

SACHER MASOCH
L'AMOUR CRUEL A TRAVERS LES AGES
LA PANTOUFLE DE SAPHO et autres Contes
Traduit par D. DOLORèS
[Illustration]
PARIS CHARLES CARRINGTON, LIBRAIRE-éDITEUR 13, FAUBOURG MONTMARTRE, 13
1907

LA PANTOUFLE DE SAPHO (1859)

[Illustration]
LA PANTOUFLE DE SAPHO
(1859)
L'hiver de 1859 étendait son blanc et floconneux tapis de neige sur les remparts de la joyeuse capitale autrichienne et, aux environs, sur les coupoles du Kahlenberg et du Leopoldsberg. Le monde brillant et aristocratique était rentré des eaux et de ses terres, et l'on s'amusait, dans les salons privés, ainsi qu'aux lieux de réjouissances publiques, simplement et ga?ment, comme cela n'était guère possible, alors, que dans la ville impériale, résidence de l'empereur Franz.
Mais le point culminant des distractions et des plaisirs, comme de l'intérêt artistique et littéraire, était encore et toujours le Burgthéatre, institution populaire au sens le plus élevé, où les aspirations idéales de l'élite de la nation se joignaient aux efforts les plus nobles, car une censure hautement sagace rognait les ailes fougueuses du Pégase autrichien, et la vie politique n'agitait encore que la Hongrie avoisinante, ne se manifestant guère que par les paroles, les chansons et les actes des compagnonnages allemands et de quelques étudiants des universités de Vienne ou de Prague.
Entre le public et les acteurs, régnait une véritable intimité, car les Viennois de cette époque ne se contentaient pas d'admirer l'artiste sur la scène; ils le suivaient dans sa vie journalière et jusque dans sa demeure, non pour épier un scandale et s'amuser des vices des protagonistes chargés d'incarner les rêves héro?ques ou spirituels des poètes, comme cela a lieu de nos jours, mais avec le na?f désir de voir la pale Louise assise à sa table à thé, d'entendre la rêveuse Charlotte potiner en buvant du café, de surprendre la fière princesse Eboli en train de tricoter des bas ou le vaillant chevalier Goetz de faire sa partie de tarok. Le public viennois était au courant de tout ce qui se passait derrière les coulisses. Il connaissait le nom de chaque adorateur de la Stich; il savait toujours, à n'en pas douter, quel soir Korn était plus rauque que de coutume et en quel lieu il avait bu le champagne responsable, et, lorsqu'enfin Sophie Schroeder monta, tel un soleil, au firmament de l'art dramatique, faisant palir toutes les étoiles, il ne tomba pas une épingle dans le boudoir de la tragédienne sans que le Tout-Vienne en f?t informé, depuis le chancelier d'Etat jusqu'à l'apprenti cordonnier, depuis le cocher de fiacre jusqu'à l'empereur.
L'intérêt que prenait la ville entière à la personnalité de Sophie était de nature exclusivement artistique, bien que partant d'un sentiment très humain, car la Schroeder n'était ni belle ni même élégante.
Mais, quand elle paraissait drapée à la grecque, sur les planches, quand sa superbe voix laissait tomber les ondes mélodiques de la langue rythmée, quand son génie invoquait des figures d'une vérité saisissante et d'une dignité surhumaine, elle entra?nait les coeurs, comme jamais aucune artiste ne l'avait fait. A ces moments, elle devenait belle, d'une beauté antique et qu'on e?t crue sortie d'un sarcophage ancien.
Sophie n'était pas grande, mais elle avait ce port de tête imposant que possédait avant elle l'auteur du Faust, et qui la faisaient para?tre plus haute qu'elle ne l'était en réalité.
Il n'était pas une grande dame, pas une souveraine, qui ne lui eussent envié sa distinction native et l'empire qu'elle exer?ait sur les mortels. Elle semblait née pour voir un peuple à ses pieds, tant son regard était dominateur.
Sa situation matérielle e?t pu être brillante, mais ne l'était point, parce qu'en vraie fille de l'art, la Schroeder n'entendait rien aux choses pratiques, et sa délicatesse s'opposait
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