LArgent

Emile Zola

L'argent

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Title: L'argent
Author: ��mile Zola
Release Date: January 15, 2006 [EBook #17516]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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��mile Zola
L'ARGENT
(1891)

I
Onze heures venaient de sonner �� la Bourse, lorsque Saccard entra chez Champeaux, dans la salle blanc et or, dont les deux hautes fen��tres donnent sur la place. D'un coup d'oeil, il parcourut les rangs de petites tables, o�� les convives affam��s se serraient coude �� coude; et il parut surpris de ne pas voir le visage qu'il cherchait.
Comme, dans la bousculade du service, un gar?on passait, charg�� de plats:
?Dites donc, M. Huret n'est pas venu?
--Non, monsieur, pas encore.?
Alors, Saccard se d��cida, s'assit �� une table que quittait un client, dans l'embrasure d'une des fen��tres. Il se croyait en retard; et, tandis qu'on changeait la serviette, ses regards se port��rent au-dehors, ��piant les passants du trottoir. M��me, lorsque le couvert fut r��tabli, il ne commanda pas tout de suite, il demeura un moment les yeux sur la place, toute gaie de cette claire journ��e des premiers jours de mai. A cette heure o�� le monde d��jeunait, elle ��tait presque vide: sous les marronniers, d'une verdure tendre et neuve, les bancs restaient inoccup��s; le long de la grille, �� la station des voitures, la file des fiacres s'allongeait, d'un bout �� l'autre; et l'omnibus de la Bastille s'arr��tait au bureau, �� l'angle du jardin, sans laisser ni prendre de voyageurs. Le soleil tombait d'aplomb, le monument en ��tait baign��, avec sa colonnade, ses deux statues, son vaste perron, en haut duquel il n'y avait encore que l'arm��e des chaises, en bon ordre.
Mais Saccard, s'��tant tourn��, reconnut Mazaud, l'agent de change, �� la table voisine de la sienne: Il tendit la main.
?Tiens! c'est vous. Bonjour!
--Bonjour!? r��pondit Mazaud, en donnant une poign��e de main distraite.
Petit, brun, tr��s vif, joli homme, il venait d'h��riter de la charge d'un de ses oncles, �� trente-deux ans. Et il semblait tout au convive qu'il avait en face de lui, un gros monsieur �� figure rouge et ras��e, le c��l��bre Amadieu, que la Bourse v��n��rait, depuis son fameux coup sur les Mines de Selsis. Lorsque les titres ��taient tomb��s �� quinze francs, et que l'on consid��rait tout acheteur comme un fou, il avait mis dans l'affaire sa fortune, deux cent mille francs, au hasard, sans calcul ni flair, par un ent��tement de brute chanceuse. Aujourd'hui que la d��couverte de filons r��els et consid��rables avait fait d��passer aux titres le cours de mille francs, il gagnait une quinzaine de millions; et son op��ration imb��cile qui aurait d? le faire enfermer autrefois, le haussait maintenant au rang des vastes cerveaux financiers. Il ��tait salu��, consult�� surtout. D'ailleurs, il ne donnait plus d'ordres, comme satisfait, tr?nant d��sormais dans son coup de g��nie unique et l��gendaire. Mazaud devait r��ver sa client��le.
Saccard, n'ayant pu obtenir d'Amadieu m��me un sourire, salua la table d'en face, o�� se trouvaient r��unis trois sp��culateurs de sa connaissance, Pillerault, Moser et Salmon.
?Bonjour! ?a va bien?
--Oui, pas mal.... Bonjour!?
Chez ceux-ci encore, il sentit la froideur, l'hostilit�� presque. Pillerault pourtant, tr��s grand, tr��s maigre, avec des gestes saccad��s et un nez en lame de sabre, dans un visage osseux de chevalier errant, avait d'habitude la familiarit�� d'un joueur qui ��rigeait en principe le casse-cou, d��clarant qu'il culbutait dans des catastrophes, chaque fois qu'il s'appliquait �� r��fl��chir. Il ��tait d'une nature exub��rante de haussier, toujours tourn�� �� la victoire, tandis que Moser, au contraire, de taille courte, le teint jaune, ravag�� par une maladie de foie, se lamentait sans cesse, en proie �� de continuelles craintes de cataclysme. Quant �� Salmon, un tr��s bel homme luttant contre la cinquantaine, ��talant une barbe superbe, d'un noir d'encre, il passait pour un gaillard extraordinairement fort. Jamais il ne parlait, il ne r��pondait que par des sourires, on ne savait dans quel sens il jouait, ni m��me s'il jouait; et sa fa?on d'��couter impressionnait tellement Moser, que souvent celui-ci, apr��s lui avoir fait une confidence, courait changer un ordre, d��mont�� par son silence.
Dans cette indiff��rence qu'on lui t��moignait, Saccard ��tait rest�� les regards fi��vreux et provocants, achevant le tour de la salle. Et il n'��changea plus un signe de t��te qu'avec un grand jeune homme, assis a trois tables de distance, le beau Sabatani, un Levantin, �� la face longue et brune, qu'��clairaient des yeux noirs magnifiques, mais qu'une bouche mauvaise, inqui��tante, gatait. L'amabilit�� de ce gar?on acheva de l'irriter: quelque ex��cut�� d'une Bourse ��trang��re, un de ces gaillards myst��rieux aim�� des femmes, tomb�� depuis
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