LAffaire Lerouge

Emile Gaboriau
L'affaire Lerouge

The Project Gutenberg EBook of L'affaire Lerouge, by Emile Gaboriau
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Title: L'affaire Lerouge
Author: Emile Gaboriau
Release Date: April 7, 2005 [EBook #15579]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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LEROUGE ***

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Émile Gaboriau

L'AFFAIRE LEROUGE

(1865)

Table des matières
I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII
XIX XX

I Le jeudi 6 mars 1862, surlendemain du Mardi gras, cinq femmes du
village de La Jonchère se présentaient au bureau de police de Bougival.
Elles racontaient que depuis deux jours personne n'avait aperçu une de
leurs voisines, la veuve Lerouge, qui habitait seule une maisonnette
isolée. À plusieurs reprises, elles avaient frappé en vain. Les fenêtres
comme la porte étant exactement fermées, il avait été impossible de
jeter un coup d'oeil à l'intérieur. Ce silence, cette disparition les
inquiétaient. Redoutant un crime, ou tout au moins un accident, elles
demandaient que la «Justice» voulût bien, pour les rassurer, forcer la
porte et pénétrer dans la maison.
Bougival est un pays aimable, peuplé tous les dimanches de canotiers et
de canotières; on y relève beaucoup de délits, mais les crimes y sont
rares. Le commissaire refusa donc d'abord de se rendre à la prière des
solliciteuses. Cependant elles firent si bien, elles insistèrent tant et si
longtemps, que le magistrat fatigué céda. Il envoya chercher le
brigadier de gendarmerie et deux de ses hommes, requit un serrurier et,
ainsi accompagné, suivit les voisines de la veuve Lerouge.
La Jonchère doit quelque célébrité à l'inventeur du chemin de fer à
glissement qui, depuis plusieurs années, y fait avec plus de
persévérance que de succès des expériences publiques de son système.
C'est un hameau sans importance, assis sur la pente du coteau qui
domine la Seine, entre la Malmaison et Bougival. Il est à vingt minutes
environ de la grande route qui va de Paris à Saint-Germain en passant
par Rueil et Port-Marly. Un chemin escarpé, inconnu aux ponts et
chaussées, y conduit.
La petite troupe, les gendarmes en tête, suivit donc la large chaussée
qui endigue la Seine à cet endroit, et bientôt, tournant à droite,
s'engagea dans le chemin de traverse, bordé de murs et profondément
encaissé.
Après quelques centaines de pas, on arriva devant une habitation aussi
modeste que possible, mais d'honnête apparence. Cette maison, cette
chaumière plutôt, devait avoir été bâtie par quelque boutiquier parisien,
amoureux de la belle nature, car tous les arbres avaient été
soigneusement abattus. Plus profonde que large, elle se composait d'un
rez-de-chaussée de deux pièces, avec un grenier au-dessus. Autour
s'étendait un jardin à peine entretenu, mal protégé contre les
maraudeurs par un mur en pierres sèches d'un mètre de haut environ,

qui encore s'écroulait par places. Une légère grille de bois tournant dans
des attaches de fil de fer donnait accès dans le jardin.
-- C'est ici, dirent les femmes.
Le commissaire de police s'arrêta. Pendant le trajet, sa suite s'était
rapidement grossie de tous les badauds et de tous les désoeuvrés du
pays. Il était maintenant entouré d'une quarantaine de curieux.
-- Que personne ne pénètre dans le jardin, dit-il.
Et, pour être certain d'être obéi, il plaça les deux gendarmes en faction
devant l'entrée, et s'avança escorté du brigadier de gendarmerie et du
serrurier. Lui-même, à plusieurs reprises, il frappa très fort avec la
pomme de sa canne plombée, à la porte d'abord, puis successivement à
tous les volets. Après chaque coup il collait son oreille contre le bois et
écoutait. N'entendant rien, il se retourna vers le serrurier.
-- Ouvrez, lui dit-il.
L'ouvrier déboucla sa trousse et prépara ses outils. Déjà il avait
introduit un de ses crochets dans la serrure, quand une grande rumeur
éclata dans le groupe des badauds.
-- La clé! criait-on, voici la clé!
En effet, un enfant d'une douzaine d'années, jouant avec un de ses
camarades, avait aperçu dans le fossé qui borde la route une clé énorme;
il l'avait ramassée et l'apportait en triomphe.
-- Donne, gamin, lui dit le brigadier, nous allons voir.
La clé fut essayée; c'était bien celle de la maison. Le commissaire et le
serrurier échangèrent un regard plein de sinistres inquiétudes.
-- Ça va mal! murmura le brigadier.
Et ils entrèrent dans la maison, tandis que la foule, contenue avec peine
par les gendarmes, trépignait d'impatience, tendant le cou et
s'allongeant sur le mur, pour tâcher de voir,
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