Journal des Goncourt (Troisième série, deuxième volume)

Edmond de Goncourt
Journal des Goncourt (Troisième
série, deuxième volume)

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série,
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Title: Journal des Goncourt (Troisième série, deuxième volume)
Mémoires de la vie littéraire
Author: Edmond de Goncourt
Release Date: March 8, 2006 [EBook #17947]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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DES GONCOURT ***

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JOURNAL DES GONCOURT--MÉMOIRES DE LA VIE
LITTÉRAIRE--
TOME HUITIÈME: 1889-1891
* * * * *
TROISIÈME SÉRIE--DEUXIÈME VOLUME
DEUXIÈME MILLE, PARIS, BIBLIOTHÈQUE-CHARPENTIER G.
CHARPENTIER ET E. FASQUELLE, ÉDITEURS, 11, RUE DE
GRENELLE.
1895
* * * * *

ANNÉE 1889
Mardi 1er janvier.--Je voudrais encore livrer la bataille de la PATRIE
EN DANGER, puis cela fait, ne plus rien faire, et avec l'argent de
GERMINIE LACERTEUX, paresser, lézarder, tout le restant de
l'année à l'Exposition, en buvant les vins réputés les meilleurs, et en
mangeant les cuisines les plus cosmopolites, les plus exotiques, les plus
extravagantes.
* * * * *
Vendredi 4 janvier.--Il y a des lâchetés qui se produisent chez un
homme, absolument par la détente du système nerveux. Cette préface,
dans laquelle je voulais dire son fait à la critique, cette préface jetée sur
le papier dans un premier moment de surexcitation, je ne la publierai
pas, parce que je ne me sens plus capable de la parfaire, telle que je
l'avais conçue dans la fièvre de l'ébauche, et je dirai même, que je ne
me sens plus la vaillance d'en subir les conséquences.

... Mademoiselle *** avait commencé par me parler de la pièce, et
m'avait dit qu'au moment, où Dumeny carotte à Réjane les quarante
francs de la sage-femme, elle avait entendu derrière elle, une voix qui
jetait à un voisin, injuriant la pièce et l'auteur: «Je vous défends
d'insulter un homme de ce talent!» et que s'étant retournée, elle avait
aperçu un jeune homme d'une ressemblance parfaite avec moi, un de
Goncourt de 25 ans. Je ne crois pas cependant avoir de petits Goncourt
de par le monde.
* * * * *
Samedi 5 janvier.--À regarder l'eau-forte d'un crépuscule (_Sunset in
Tipperary_) de Seymour Haden, cette eau-forte, où existe peut-être le
plus beau noir velouté, que depuis le commencement du monde, ait
obtenu une pointe d'aqua-fortiste, à la regarder, dis-je, ce noir fait, au
fond de moi, un bonheur intérieur, une petite ivresse, semblable à celle
que ferait naître chez un mélomane, un morceau de piano d'un grand
musicien, joué par le plus fort exécutant de la terre.
* * * * *
Lundi 7 janvier.--Ce soir, après un dîner, donné chez moi, au ménage
Daudet, à Oscar Métenier et à Paul Alexis, Métenier nous lit la pièce,
qu'il a tirée, en collaboration avec Alexis, des FRÈRES ZEMGANNO.
C'est chez les Daudet et chez moi, avec une grande émotion, un
étonnement qu'ils aient pu tirer du livre, une chose scénique. Très bien
machinée la pièce, et une oeuvre toute délicate, toute artiste.
Je me félicite de l'idée que je leur ai donnée--contrairement à l'opinion
de Zola--de rester fidèles au roman, de ne pas introduire d'amour, et de
faire seulement de la Tompkins une silhouette fantasque, trouvant
qu'ainsi comprise et réalisée, la Tompkins fait la pièce originale.
Après la lecture, Métenier me dit: «Voulez-vous que je vous raconte la
genèse de la pièce? C'est Antoine qui, un soir, me jeta: «Mais comment
ne faites-vous pas une pièce des FRÈRES ZEMGANNO?... Il y aurait
une pièce si curieuse à faire!» Je rentrai chez moi, la nuit, je relus d'un

coup le roman, et le matin, j'écrivais à Alexis pour avoir sa
collaboration, en même temps que je vous demandais l'autorisation
pour faire la pièce. Quelques jours après, on m'apportait une lettre de
vous, datée de Champrosay, et nous nous mettions de suite à
collaborer.»
* * * * *
Mardi 8 janvier.--Dans cet Auteuil, dans cette banlieue cléricale et
dévote, les curés ont soulevé contre ma pièce et ma personne, les
imbéciles qui les écoutent, et aujourd'hui le papetier chez lequel
Blanche a l'habitude d'aller, lui disait avec une exaspération amusante:
«On ne conçoit pas qu'on ait laissé jouer une pièce, où on dise de telles
horreurs!»
Réjane m'apporte une grande photographie de sa personne sur son lit
d'hôpital.
* * * * *
Mercredi 9 janvier.--Bourget, qui dîne ce soir chez la princesse, me
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