Histoire dun Casse-noisette | Page 4

Alexandre Dumas, père
qui jouaient du clavecin, de la harpe et de la viole; des chiens qui couraient, qui rapportaient et qui aboyaient; des oiseaux qui volaient, qui sautaient et qui chantaient; des poissons qui nageaient et qui mangeaient. Enfin, il en ��tait m��me venu �� faire prononcer aux poup��es et aux polichinelles quelques mots peu compliqu��s, il est vrai, comme papa, maman, dada; seulement, c'��tait d'une voix monotone et criarde qui attristait, parce qu'on sentait bien que tout cela ��tait le r��sultat d'une combinaison automatique, et qu'une combinaison automatique n'est toujours, �� tout prendre, qu'une parodie des chefs-d'oeuvre du Seigneur.
Cependant, malgr�� toutes ces tentatives infructueuses, parrain Drosselmayer ne d��sesp��rait point et disait fermement qu'il arriverait un jour �� faire de vrais hommes, de vraies femmes, de vrais chiens, de vrais oiseaux et de vrais poissons. Il va sans dire que ses deux filleuls, auxquels il avait promis ses premiers essais en ce genre, attendaient ce moment avec une grande impatience.
On doit comprendre qu'arriv�� �� ce degr�� de science en m��canique, parrain Drosselmayer ��tait un homme pr��cieux pour ses amis. Aussi une pendule tombait-elle malade dans la maison du pr��sident Silberhaus, et, malgr�� le soin des horlogers ordinaires, ses aiguilles venaient-elles �� cesser de marquer l'heure; son tic-tac, �� s'interrompre; son mouvement, �� s'arr��ter; on envoyait pr��venir le parrain Drosselmayer, lequel arrivait aussit?t tout courant, car c'��tait un artiste ayant l'amour de son art, celui-l��. Il se faisait conduire aupr��s de la morte qu'il ouvrait �� l'instant m��me, enlevant le mouvement qu'il pla?ait entre ses deux genoux; puis alors, la langue passant par un coin de ses l��vres, son oeil unique brillant comme une escarboucle, sa perruque de verre pos��e �� terre, il tirait de sa poche une foule de petits instruments sans nom, qu'il avait fabriqu��s lui-m��me et dont lui seul connaissait la propri��t��, choisissait les plus aigus, qu'il plongeait dans l'int��rieur de la pendule, acuponcture qui faisait grand mal �� la petite Marie, laquelle ne pouvait croire que la pauvre horloge ne souffr?t pas de ces op��rations, mais qui, an contraire, ressuscitait la gentille tr��pan��e, qui, d��s qu'elle ��tait replac��e dans son coffre, ou entre ses colonnes, ou sur son rocher, se mettait �� vivre, battre et �� ronronner de plus belle; ce qui rendait aussit?t l'existence �� l'appartement, qui semblait avoir perdu son ame en perdant sa joyeuse pensionnaire.
Il y a plus: sur la pri��re de la petite Marie, qui voyait avec peine le chien de la cuisine tourner la broche, occupation tr��s-fatigante pour le pauvre animal, le parrain Drosselmayer avait consenti �� descendre des hauteurs de sa science pour fabriquer un chien automate, lequel tournait maintenant la broche sans aucune douleur ni aucune convoitise, tandis que Turc, qui, au m��tier qu'il avait fait depuis trois ans, ��tait devenu tr��s-frileux, se chauffait en v��ritable rentier le museau et les pattes, sans avoir autre chose �� faire que de regarder son successeur, qui, une fois remont��, en avait pour une heure faire sa besogne gastronomique sans qu'on e?t �� s'occuper seulement de lui.
Aussi, apr��s le pr��sident, apr��s la pr��sidente, apr��s Fritz et apr��s Marie, Turc ��tait bien certainement l'��tre de la maison qui aimait et v��n��rait le plus le parrain Drosselmayer, auquel il faisait grande f��te toutes les fois qu'il le voyait arriver, annon?ant m��me quelquefois, par ses aboiements joyeux et par le fr��tillement de sa queue, que le conseiller de m��decine ��tait en route pour venir, avant m��me que le digne parrain e?t touch�� le marteau de la porte.
Le soir donc de cette bienheureuse veille de No?l, au moment o le cr��puscule commen?ait �� descendre, Fritz et Marie, qui, de toute la journ��e, n'avaient pu entrer dans le grand salon d'apparat, se tenaient accroupis dans un petit coin de la salle manger.
Tandis que mademoiselle Trudchen, leur gouvernante, tricotait pr��s de la fen��tre, dont elle s'��tait approch��e pour recueillir les derniers rayons du jour, les enfants ��taient pris d'une esp��ce de terreur vague, parce que, selon l'habitude de ce jour solennel, on ne leur avait pas apport�� de lumi��re; de sorte qu'ils parlaient bas comme on parle quand on a un petit peu peur.
--Mon fr��re, disait Marie, bien certainement papa et maman s'occupent de notre arbre de No?l; car, depuis le matin, j'entends un grand remue-m��nage dans le salon, o�� il nous est d��fendu d'entrer.
--Et moi, dit Fritz, il y a dix minutes �� peu pr��s que j'ai reconnu; �� la mani��re dont Turc aboyait, que le parrain Drosselmayer entrait dans la maison.
--O Dieu! s'��cria Marie en frappant ses deux petites mains l'une contre l'autre, que va-t-il nous apporter, ce bon parrain? Je suis s?re, moi, que ce sera quelque beau jardin tout plant d'arbres, avec une belle rivi��re qui coulera sur un gazon brod de fleurs. Sur cette rivi��re, il y aura des cygnes d'argent avec des colliers d'or, et
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