Histoire de la Révolution française, VI

Adolphe Thiers
Histoire de la Révolution
française, VI

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VI
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Title: Histoire de la Révolution française, VI
Author: Adolphe Thiers
Release Date: March 3, 2004 [EBook #11423]
Language: French
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REVOLUTION FRANCAISE, VI ***

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HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

PAR Adolphe THIERS
1824

TOME SIXIÈME.
CONVENTION NATIONALE.

CHAPITRE XIX.
RÉSULTATS DES DERNIÈRES EXÉCUTIONS CONTRE LES
PARTIS ENNEMIS DU GOUVERNEMENT.--DÉCRET CONTRE
LES EX-NOBLES.--LES MINISTÈRES SONT ABOLIS ET
REMPLACÉS PAR DES COMMISSIONS.--EFFORTS DU COMITÉ
DE SALUT PUBLIC POUR CONCENTRER TOUS LES POUVOIRS
DANS SA MAIN.--ABOLITION DES SOCIÉTÉS POPULAIRES,
EXCEPTÉ CELLE DES JACOBINS.--DISTRIBUTION DU
POUVOIR ET DE L'ADMINISTRATION ENTRE LES MEMBRES
DU COMITÉ.--LA CONVENTION, D'APRÈS LE RAPPORT DE
ROBESPIERRE, DÉCLARE, AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS,
LA RECONNAISSANCE DE L'ÊTRE SUPRÊME ET DE
L'IMMORTALITÉ DE L'AME.
Le gouvernement venait d'immoler deux partis à la fois. Le premier,
celui des ultra-révolutionnaires, était véritablement redoutable, ou
pouvait le devenir; le second, celui des nouveaux modérés, ne l'était pas.
Sa destruction n'était donc pas nécessaire, mais pouvait être utile, pour
écarter toute apparence de modération. Le comité le frappa sans
conviction, par hypocrisie et par envie. Ce dernier coup était difficile à
porter; on vit tout le comité hésiter, et Robespierre rentrer dans sa
demeure, comme aux jours de danger. Mais Saint-Just, soutenu par son
courage et sa haine jalouse, resta ferme au poste, ranima Hermann et
Fouquier, effraya la convention, lui arracha le décret de mort, et fit
consommer le sacrifice. Le dernier effort que doit faire une autorité
pour devenir absolue est toujours le plus difficile, il lui faut toute sa
force pour vaincre la dernière résistance; mais cette résistance vaincue,
tout cède, tout se prosterne, elle n'a plus qu'à régner sans obstacle. C'est
alors qu'elle se déploie, qu'elle déborde, et se perd. Tandis que toutes
les bouches sont fermées, que la soumission est sur tous les visages, la
haine se renferme dans les coeurs, et l'acte d'accusation des vainqueurs
se prépare au milieu de leur triomphe.
[Illustration: ROBESPIERRE]

Le comité de salut public, après avoir heureusement immolé les deux
classes d'hommes si différentes qui avaient voulu contrarier ou
seulement critiquer son pouvoir, était devenu irrésistible. L'hiver avait
fini. La campagne de 1794 (germinal an II) allait s'ouvrir avec le
printemps. Des armées formidables devaient se déployer sur toutes les
frontières, et faire sentir au dehors la terrible puissance si cruellement
sentie au dedans. Quiconque avait paru résister, ou porter quelque
intérêt à ceux qui venaient de mourir, devait se hâter de faire sa
soumission. Legendre, qui avait fait un effort le jour où Danton,
Lacroix et Camille Desmoulins furent arrêtés, et qui avait tâché de
remuer la convention en leur faveur, Legendre crut devoir se hâter de
réparer son imprudence, et de se laver de son amitié pour les dernières
victimes. On lui avait écrit plusieurs lettres anonymes dans lesquelles
on l'engageait à frapper les tyrans, qui, disait-on, venaient de lever le
masque. Legendre se rendit aux Jacobins le 21 germinal (10 avril),
dénonça les lettres anonymes qu'il recevait, et se plaignit d'être pris
pour un Séide qu'on pouvait armer du poignard. «Eh bien! dit-il,
puisqu'on m'y force, je le déclare au peuple, qui m'a toujours entendu
parler avec bonne foi, je regarde maintenant comme démontré que la
conspiration dont les chefs ont cessé d'être existait réellement, et que
j'étais le jouet des traîtres. J'en ai trouvé la preuve dans différentes
pièces déposées au comité de salut public, surtout dans la conduite
criminelle des accusés devant la justice nationale, et dans les
machinations de leurs complices qui veulent armer un homme probe du
poignard homicide. J'étais, avant la découverte du complot, l'intime ami
de Danton; j'aurais répondu de ses principes et de sa conduite sur ma
tête; mais aujourd'hui je suis convaincu de son crime; je suis persuadé
qu'il voulait plonger le peuple dans une erreur profonde. Peut-être y
serais-je tombé moi-même, si je n'avais été éclairé à temps. Je déclare
aux écrivailleurs anonymes qui voudraient me porter à poignarder
Robespierre, et me rendre l'instrument de leurs machinations, que je
suis né dans le sein du peuple, que je me fais une gloire d'y rester, et
que je mourrai plutôt que d'abandonner ses droits. Ils ne m'écriront pas
une lettre que je ne la porte au comité
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