Germaine

Edmond About

Germaine

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Title: Germaine
Author: Edmond About
Release Date: April 1, 2006 [EBook #18092]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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GERMAINE
PAR
EDMOND ABOUT

SOIXANTE-SIXIèME MILLE

PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
1903

A MADAME LA PRINCESSE SOPHIE SCHAHOFFSKOY NéE MODèNE HOMMAGE DE TRèS RESPECTUEUSE AMITIé

GERMAINE.

I
LES éTRENNES DE LA DUCHESSE.
Vers le milieu de la rue de l'Université, entre le numéro 51 et le 57, on voit quatre h?tels qui peuvent compter parmi les plus beaux de Paris. Le premier appartient à M. Pozzo di Borgo; le second, au comte de Mailly; le troisième, au duc de Choiseul; le dernier au baron de Sanglié. C'est celui qui fait l'angle de la rue Bellechasse.
L'h?tel de Sanglié est une habitation de noble apparence. La porte cochère s'ouvre sur une cour d'honneur soigneusement sablée et tapissée de treilles centenaires. La loge du suisse est à gauche, cachée sous un lierre épais où les moineaux et les portiers babillent à l'unisson. Au fond de la cour à droite, un large perron, abrité sous une marquise, conduit au vestibule et au grand escalier. Le rez-de-chaussée et le premier sont occupés par le baron tout seul; il jouit sans partage d'un vaste jardin borné par d'autres jardins, peuplé de fauvettes, de merles et d'écureuils qui vont de l'un chez l'autre en pleine liberté, comme s'ils étaient habitants d'un bois, et non citoyens de Paris.
Les armes des Sanglié, peintes à la cire, se répètent sur tous les murs du vestibule. C'est un sanglier d'or sur champ de gueules. L'écusson est supporté par doux lévriers et surmonté d'un tortil de baron avec cette légende: SANG LIé AU ROY. Une demi-douzaine de lévriers vivants, groupés suivant leur fantaisie, s'agacent au pied de l'escalier, mordillent les véroniques en fleur dans les vases du Japon, ou s'aplatissent sur le tapis en allongeant leur tête serpentine. Les valets de pied, assis sur des banquettes de Beauvais, se croisent solennellement les bras, comme il convient à des gens de bonne maison.
Le 1er janvier 1853, vers les neuf heures du matin, tous les domestiques de l'h?tel tenaient sous le vestibule un congrès tumultueux. L'intendant du baron, M. Anatole, venait de leur distribuer leurs étrennes. Le ma?tre d'h?tel avait re?u cinq cents francs, le valet de chambre deux cent cinquante. Le moins favorisé de tous, le marmiton, contemplait avec une tendresse inexprimable deux beaux louis d'or tout neufs. Il y avait des jaloux dans l'assemblée, mais pas un mécontent, et chacun disait en son langage que c'est plaisir de servir un ma?tre riche et généreux.
Ces messieurs formaient un groupe assez pittoresque autour d'une des bouches du calorifère. Les plus matineux avaient déjà la grande livrée; les autres portaient encore le gilet à manches, qui est la petite tenue des domestiques. Le valet de chambre était tout de noir habillé, avec des chaussons de lisière; le jardinier ressemblait à un villageois endimanché; le cocher était en veste de tricot et en chapeau galonné; le suisse, en baudrier d'or et en sabots. On apercevait ?a et là, le long des murs, un fouet, une étrille, un baton à cirer, une tête de loup, et des plumeaux dont je ne sais pas le nombre.
Le ma?tre dormait jusqu'à midi, en homme qui a passé la nuit au club: on avait bien le temps de se mettre à l'ouvrage. Chacun faisait d'avance emploi de son argent, et les chateaux en Espagne allaient bon train. Tous les hommes, petits et grands, sont de la famille de Perrette qui portait un pot au lait.
?Avec ?a et ce que j'ai de c?té, disait le ma?tre d'h?tel, j'arrondirai ma rente viagère. On a du pain sur la planche, Dieu merci! et l'on ne se laissera manquer de rien sur ses vieux jours.
--Parbleu! reprit le valet de chambre, vous êtes gar?on; vous n'avez que vous à penser. Mais, moi, j'ai de la famille. Aussi, je donnerai mon argent à ce petit jeune homme qui va à la Bourse. Il me tripotera quelque chose.
--C'est une idée, ?a, monsieur Ferdinand, repartit le marmiton. Portez-lui donc mes quarante francs, quand vous irez.?
Le valet de chambre répondit d'un ton protecteur: ?Est-il jeune! Qu'est-ce qu'on peut faire à la Bourse avec quarante francs?
--Allons, dit le jeune homme en étouffant un soupir, je les mettrai à la caisse d'épargne!?
Le cocher partit d'un gros éclat de rire. Il frappa sur son estomac en criant:
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