George Sand

Elme Caro
George Sand, by Elme Caro

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Title: George Sand
Author: Elme Caro
Release Date: July 28, 2004 [EBook #13038]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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SAND ***

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LES GRANDS ÉCRIVAINS FRANÇAIS
GEORGE SAND

PAR E. CARO DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C^[ie] 79, BOULEVARD
SAINT-GERMAIN, 79
1887
[Illustration: GEORGE SAND. REPRODUCTION DU DESSIN DE
COUTURE.]
GEORGE SAND

CHAPITRE PREMIER
LES ANNÉES D'ENFANCE ET DE JEUNESSE
DE GEORGE SAND
LES ORIGINES ET LA FORMATION DE SON ESPRIT
«On ne lit plus George Sand», nous dit-on. Soit; mais, ne fût-ce que
pour l'honneur de la langue française, on reviendra, nous le croyons,
sinon à toute l'oeuvre, du moins à une partie de cette oeuvre épurée par
le temps, triée avec soin par le goût public, supérieure aux vicissitudes
et aux caprices de l'opinion. Quand on nous a demandé de rassembler
nos souvenirs sur cet auteur et de les faire revivre dans ce temps si
étrangement dédaigneux et si vite oublieux, on est allé au-devant d'un
secret désir que nous avions de faire appel, un jour ou l'autre, à nos
impressions d'autrefois, de les ranimer par une nouvelle lecture, de les
produire à la lumière en les rectifiant et les tempérant par l'expérience
acquise et la comparaison. Sand! cette syllabe magique résumait pour
nous des journées de rêveries délicieuses et de discussions passionnées.
Elle représente tant de passions généreuses, tant d'aspirations confuses,
de témérités de pensée, de découragements profonds, d'espérances
surhumaines mêlées à l'élégante torture du doute! c'était en une seule
conscience, en une seule imagination, une partie d'une génération qui se
tourmentait vaguement au milieu d'un état de choses prospère et

tranquille en apparence, aux approches de 1848, comme si la
tranquillité un peu monotone des événements était une excitation à
désirer autre chose, à souhaiter l'émotion, à se précipiter dans l'inconnu
des faits ou des idées: génération heureuse, en somme, bien que déjà
remuée par des pressentiments obscurs. Une vague idée de réforme ou
de rénovation sociale, plus ardente que précise, planait dans beaucoup
d'esprits, agités sans trop savoir pourquoi. C'était le temps où un jeune
homme «ayant le tourment des choses divines», comme disait George
Sand, pouvait se donner la joie d'entendre, dans la même journée, les
appels splendides de Lacordaire à Notre-Dame, et, le soir, l'émouvante
voix de Mlle Rachel au Théâtre-Français dans quelque grande tragédie,
ou bien encore s'enivrer de la prose exquise et presque rythmée
d'Alfred de Musset, révélé sur la même scène. On lisait quelque grande
et profonde poésie de Victor Hugo sur la mort récente de sa fille; on
discutait sur tel ou tel portrait des Girondins de Lamartine; on dévorait
la Mare au Diable, ce petit chef-d'oeuvre de poésie rustique qui
rachetait par son charme l'erreur prolixe du Meunier d'Angibault.
C'était un temps saturé d'idées et d'émotions, singulièrement caractérisé
par un de ces grands poètes qui disait alors: «La France s'ennuie», et,
chose plus singulière, qui le lui faisait croire, confondant l'ennui avec la
secrète fermentation des esprits, mécontents du présent qui ne leur
donnait pas assez d'émotions.
Je prends les années déjà lointaines de 1846 et 1847, parce qu'elles
marquent l'apogée d'influence et de gloire où s'éleva le nom de George
Sand, une gloire formée dans la tempête. On n'a pas perdu le souvenir
des polémiques exaltées dont George Sand était alors l'occasion ou le
prétexte. Doit-on s'étonner, si l'on y réfléchit, que cette renommée
brillante et orageuse oscillât, au souffle des opinions contraires, entre
l'admiration et l'anathème? Bien peu d'esprits gardaient la mesure à son
égard. C'étaient tantôt des fureurs justicières et vengeresses contre une
réformatrice audacieuse, tantôt une idolâtrie lyrique comme les oeuvres
qui en étaient l'objet, une acclamation bruyante en l'honneur des idées
et des principes confondus, dans une sorte d'apothéose déréglée, avec la
puissance de l'inspiration et la beauté du style. Toutes ces passions sont
bien tombées aujourd'hui. Il y a place maintenant, à ce qu'il semble, au

milieu d'une indifférence réelle ou affectée, pour un jugement plus
impartial, peut-être pour une admiration mieux raisonnée et plus libre.
En tout cas, s'il est vrai que ce soit l'oubli qui ait fait disparaître
également les deux partis, celui de l'injure et celui de la louange à
outrance, s'il est vrai qu'on ne lise plus même les oeuvres qui
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