Eurimedon | Page 2

Nicolas Mary
fin (belle Princesse) apr��s beaucoup d'orages?Vous revoyez encor ces aymables rivages,?Neptune partizan des ambusches d'amour?S'est montr�� favorable �� vostre heureux retour,?Son perfide element a respect�� vos charmes,?Et vostre ravisseur a fleschi sous mes armes,?Qui n'ont p? consentir qu'une Divinit��?Servist de recompense �� l'infidelit��.?Mais que cette bont�� qui vous rend adorable?Espargne �� mon sujet un Prince miserable.?Puis qu'Amour est l'autheur du mal qu'il a comis,?Et que vos yeux (Madame) ont fait vos ennemis:?Pardonnez �� l'offence en faveur des complices,?La vie est quelquesfois le plus grand des supplices;?Car la mort finissant les jours d'un Criminel?Finit un chastiment qu'ils rendoient eternel.
PASITHEE.
Grand Prince �� qui je dois & l'honneur & la vie?Je tiens puis qu'il vous plaist ma vengeance assouvie,?Et s'il me reste encor quelque ressentiment?C'est pour vous obeir que j'en ay seulement:?Que sans crainte Arax��s retourne �� Mitylene?Un secret repentir fera toute sa peine,?Et ma direction ne rendra pas suspect?Celui qui pour moy-mesme a manqu�� de respect.
EURIMEDON.
Madame: La grandeur des illustres courages?Se remarque bien mieux dans l'oubly des outrages,?Qu'alors que la rigueur de leurs justes arrests?Sur quelque Criminel vange leurs interests:?Ce n'est pas que je vueille authorizer sa faute,?Ou prendre le party d'une audace si haute;?Mais desja son supplice �� son crime est uny,?Et s'il est sans espoir il est assez puny.
PASITHEE.
Eh bien qu'il soit ainsi: mais je ne puis comprendre?D'o�� vous vient pour ce traistre un sentiment si tendre,?Et je ne s?ay comment un coeur si genereux?A pour son amiti�� fait ce choix malheureux?
EURIMEDON.
Madame, Ce discours est de trop longue haleine?Une autre occasion vous tirera de peine,?Cependant s'il vous plaist, allons rendre �� la Cour?Au lieu de la tristesse & la joye, & l'amour.?Mais j'aper?ois le Roy, si mon oeil ne se trompe,?Et bien que je le voye avecque peu de pompe?Toutesfois de son front l'auguste majest��?Mieux qu'un sceptre Royal faict voir sa qualit��.
SCENE DEUXIESME?ARCHELAS, EURIMEDON, PASITHEE, FALANTE.?ARCHELAS.
Falante: Je ne s?ay quelle secrette joye?Avecque ce vaisseau la fortune m'envoye;?Mais je me sens forc�� malgr�� mon desespoir?De l'aller dans le port moy-mesme recevoir.
FALANTE.
Sire, ces estrangers qui viennent du rivage?Vous pourront esclaircir de c��t heureux presage.
ARCHELAS.
O�� sont-ils?
FALANTE.
Les voila qui viennent droit �� vous,?Pour avoir le bon-heur d'embrasser vos genoux.
ARCHELAS.
Ah ma fille! Est-ce toy que je revois encore??Est-ce toy Pasith��e? ? grands Dieux que j'adore?Je crains que dans l'excez de mon contentement?Mon trespas ne succede �� ce ravissement!?Mais n'est-ce pas aussi l'effect de quelques charmes?Qui veut tromper mes yeux affoiblis de mes larmes?
PASITHEE.
Non Sire, vous voyez celle que le malheur?Avoit fait le butin d'un infame voleur:?Voicy cette Princesse indignement ravie,?Et qui perdoit l'honneur aussi bien que la vie?Si l'invincible bras de ce liberateur?N'eut empesch�� ma perte, en perdant son autheur.
ARCHELAS.
Chevalier, Je s?ay bien que ma recognoissance?Est plus en mes desirs que dedans ma puissance,?Et que pour bien payer cette belle action?Mon sceptre est au dessous de l'obligation:?Il est vray qu'un exploit si digne de memoire?Trouve ordinairement son salaire en sa gloire;?Mais de peur d'estre ingrat �� ce rare bien-faict,?Je vous offre le bien que vous nous avez faict,?Partagez nos plaisirs, regnez dans mes provinces,?Faites vous (s'il vous plaist) des sujets de mes Princes,?Je feray tout pour vous, ayant tout faict pour moy,?Vous m'avez rendu pere & je vous feray Roy.
EURIMEDON.
Ah Sire! mon secours ne vaut pas qu'on y pense?Et ce qui fit ma peine a faict ma r��compence?J'ay suivy seulement les loix de mon devoir?Pour servir Pasith��e, il ne faut que la voir;?Et puisque je cherchois cette belle contr��e?Je benis le sujet qui m'en donne l'entr��e,?Heureux si les faveurs d'un auspice si doux?Me permettent l'honneur de vivre aupres de vous.
PASITHEE.
C'est pour moy seulement que je dois dire heureuse?La mesme occasion qui vous fut dangereuse:?Car quand vous n'auriez pas �� mes yeux combattu,?Cette Cour est tousjours ouverte �� la vertu:?Mais si vostre valeur m'eust lors abandonn��e,?Je serois maintenant la plus infortun��e?Qui jamais icy bas ayt respir�� le jour,?Et je ne verrois pas cet aymable sejour:?Je serois maintenant pour comble de misere?Peut estre le jouet d'un horrible Corsaire;?Ou bien pour eviter ce servage inhumain?Contre mon propre coeur j'aurois arm�� ma main:?Mais au triste moment de cette violence?La vostre a pr��venu leur crime, & mon offence,?Et le coup qui finit leur trame, & mes malheurs?Mesla leur sang brutal �� mes prodigues pleurs.
ARCHELAS.
Il falloit reserver �� de honteux supplices?L'autheur de ce projet, ou du moins ses complices,?Pour donner un exemple �� la posterit��?Du juste traictement qu'ils avoient merit��;?La mort que le bourreau pouvoit rendre execrable?La gloire de vos coups l'a rendue honnorable,?Et vous avez donn�� par des trespas si beaux?�� des infames corps des illustres tombeaux.
EURIMEDON.
Sire, Le Dieu des eaux les a dans ses entrailles,?Un perfide comme eux a faict leurs funerailles,?Et comme partizan de ce traistre dessein?Il en cache l'autheur dans son humide sein:?En fin de ces brigands la deffaite est entiere,?La mer fut leur refuge, elle est leur cimetiere,?Et l'onde a tellement pr��venu mes efforts?Qu'ils ont est��
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