En Kabylie

J. Vilbort

En Kabylie

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Title: En Kabylie Voyage d'une Parisienne au Djurjura
Author: J. Vilbort
Release Date: March 21, 2005 [EBook #15434]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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J. Vilbort
EN KABYLIE VOYAGE D'UNE PARISIENNE AU DJURJURA
Paris Charpentier et Cie, Libraires-��diteurs 28, quai du Louvre
1875
CHAPITRE PREMIER
D'ALGER AU FORT NATIONAL.
Nos amis d'Alger nous disaient: Aller en Kabylie et au D��sert! y pensez-vous? Le Sud est en fermentation. Les marabouts fanatiques annoncent partout l'arriv��e du _Moule-Saa_ [Le ma?tre de l'heure.], qui, venant de l'Ouest, du Maroc, du Gharb, du Mogreb-el-Aksa, doit, avec son yatagan, couper la t��te �� tous les Roumis [Chr��tiens.]. R��fl��chissez que nous sortons du Rhamadhan [Le feu qui purifie.], et qu'�� ce je?ne rigoureux du neuvi��me mois s'ajoutent les excitations du printemps pour agiter les ferments de haine et de r��volte que tout Arabe ou tout Kabyle puise dans le lait de sa m��re. Restez donc parmi nous, �� Alger la bien gard��e, qui, en avril, n'est que parfum et lumi��re. O�� trouverez-vous un ciel plus pur, un air plus doux? N'allez pas vous jeter dans un coupe-gorge.
Mais �� ces exhortations de l'amiti�� prudente, le _G��n��ral_ ne r��pondait que par un d��daigneux sourire. Comment, faible femme, supporteriez-vous les fatigues d'un pareil voyage? Ignorez-vous que jamais un pha��ton, ni m��me le plus m��chant des voiturins, n'a pu gravir les pentes kabyles? Quelques chevaux ont tent�� l'escalade, mais presque tous s'y sont cass�� les reins. La route est bonne jusqu'�� Tizi-Ouzou, et les cochers d'Alger vous y m��neront. De Tizi-Ouzou au fort National, il y a un chemin tr��s-pittoresque, dit-on, que l'arm��e du mar��chal Randon tailla, en 1857, dans les flancs de la montagne; mais vous ne pourrez vous y aventurer qu'avec huit ou dix mulets du train. Vous courrez le risque de vous noyer dans le S��baou, grossi par les torrents d'hiver et qu'il faut passer �� gu��. Apr��s cela, rien que des escarpements abruptes, des pr��cipices effroyables, o�� les plus fortes t��tes gagnent le vertige, et que les mulets eux-m��mes h��sitent �� franchir quand il pleut, car il suffit d'une glissade pour s'aller briser en morceaux au fond d'un ab?me de mille m��tres.
Et ce n'est pas le pire danger, Madame: �� peine aurez-vous mis le pied sur la terre berb��re, que vous serez assi��g��e par une l��gion affam��e et furieuse, acharn��e �� d��fendre l'ind��pendance nationale. Vous aurez beau invoquer l'autorit�� fran?aise et l'hospitalit�� kabyle, rien ne vous pr��servera des insultes ni des blessures de la puce musulmane. Et s'il n'y avait qu'elle seule �� combattre! Mais il est un ��tre immonde dont le Kabyle comme l'Arabe a fait son plus intime ami. Il l'h��berge dans sa gandoura [Chemise de laine.]; il le nourrit de sa chair et l'abreuve de son sang. Quand cet h?te parasite se rend par trop importun, il le prend entre le pouce et l'index pour le d��poser �� terre, d��licatement et comme �� regret. L'odieux compagnon de voyage! Il est encore d'autres p��rils. Et d'abord, votre teint se gardera-t-il du hale?
Et Sidi-Yzem [Le seigneur lion.], Madame! Si tout �� coup il se dressait devant vous, h��rissant sa terrible crini��re, dardant sur vous ses prunelles de feu, voudriez-vous, �� la mani��re des femmes kabyles, d��sarmer sa col��re en lui disant:
?O Sidi, toi qui es si fort, si puissant, qui fais trembler les hommes, �� qui rien ne r��siste, tu es trop g��n��reux pour faire la moindre peine �� une pauvre femme qui t'admire et qui ferait tout pour te plaire; car je ne suis qu'une femme, moi! regarde...?
Vous voyez-vous assaillie sur un thamgouth [Pic.] du Djurjura par un ouragan de neige? retenue prisonni��re par un d��luge dans une ��curie kabyle? ou bien, j'en fr��mis pour vous, enlev��e par un montagnard aussi entreprenant qu'amoureux? Un proverbe du cru dit que la femme juive marche devant le diable, et que la musulmane vient imm��diatement derri��re lui; mais la chr��tienne, la Fran?aise surtout, est un ange aux yeux de ces barbares: s'il vous fallait partager la couche d'un Mlikeuch, voleur, assassin et qui ne se lave jamais!
Madame Elvire haussa l��g��rement les ��paules et s'��cria: Je pars demain vendredi 7 avril; que les courageux me suivent!
Partir un vendredi! Cependant nous nous trouvames trois au point du jour sur la place Bresson, autour du G��n��ral: trois, les braves des braves, mais aussi quel g��n��ral! De grands yeux gris un peu enfonc��s sous leurs arcades orgueilleuses, tour �� tour na?fs et doux comme des yeux de gazelle, ou brillants comme des yeux d'aigle; le nez
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