Correspondance, 1812-1876 - Tome 5

George Sand
〈Correspondance, 1812-1876 - Tome 5

Project Gutenberg's Correspondance, Vol. 5, 1812-1876, by George Sand This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net
Title: Correspondance, Vol. 5, 1812-1876
Author: George Sand
Release Date: October 23, 2004 [EBook #13839]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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GEORGE SAND
CORRESPONDANCE
1812-1876
V

QUATRIèME éDITION
PARIS CALMANN LéVY, éDITEUR. ANCIENNE MAISON MICHEL LéVY FRèRES 3, RUE AUBER, 3
1883

CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

DXLII
A MADAME AUGUSTINE DE BERTHOLDI, A DECIZE (NIèVRE)
Nohant, 2 janvier 1861.
Chère enfant,
C'est vrai, que je n'écris plus, parce que je n'en peux plus d'écrire! mais tu sais bien que je ne t'oublie pas. Je suis souvent malade, je me remets sur pied pour un mois ou deux, puis je retombe. Me voilà dans une mauvaise période; j'aurais besoin de changer d'air et de régime; mais comment faire? Le travail ne peut pas s'arrêter, et il suffit tout juste aux besoins courants.
Ne parlons pas du mauvais c?té des choses, puisqu'il y en a un sérieux et inévitable pour tout le monde.
Je suis contente que ta fillette, cette pauvre fillette qui t'a tant fait trembler, soit enfin en bonne voie de croissance, et de vie, et que George travaille bien. C'est le bonheur immédiat, le plus actuel et le plus important dans ta vie. La n?tre coule tranquille tant que notre Marc est gai et frais comme une rose. Quand viendront les bobos, les crises inévitables, nous serons sens dessus dessous! Ainsi passe la vie de famille; jusqu'à présent, ?'a été tout plaisir, et la première dent du cher petit ne l'a pas éprouvé sérieusement. Lina est bonne nourrice et se tire bien d'affaire.
On travaille toujours comme des nègres autour de ce berceau. Les vacances et les comédies ont été très courtes. Beaucoup de monde, toujours _trop à la fois_, dans la maison, et, comme Lina ne pouvait guère s'amuser, nous avons fini les réjouissances de bonne heure. Nous n'avons plus que Lambert et sa femme, qui est très gentille et excellente personne; mais ils partent ces jours-ci. Ils t'envoient mille amitiés. Maurice a passé son jour de l'an dans son lit. Ce n'est rien heureusement, qu'une fièvre de courbature. Lui et sa femme, qui est toujours très charmante et mignonne, me chargent de t'embrasser.
Merci à Bertholdi pour ses échantillons minéralogiques, qui sont très beaux. Embrasse-le pour moi, ainsi que Jeannette, et Georget, quand tu le verras.
G. SAND
Pauvre Pologne! c'est navrant, c'est un deuil pour tous les coeurs.

DXLIII
A M. AUGUSTE VACQUERIE, A PARIS
Nohant, 4 janvier 1864
Je ne vous ai pas remercié du plaisir que m'a causé Jean Baudry. J'espérais le voir jouer. Mais, mon voyage à Paris étant retardé, je me suis décidée à le lire, non sans un peu de crainte, je l'avoue. Les pièces qui réussissent perdent tant à la lecture, la plupart du temps! Eh bien, j'ai eu une charmante surprise. Votre pièce est de celles qu'on peut lire avec attendrissement et avec satisfaction vraie.
Le sujet est neuf, hardi et beau. Je trouve un seul reproche à faire à la manière dont vous l'avez déroulé et dénoué: c'est que la brave et bonne Andrée ne se mette pas tout à coup à aimer Jean à la fin, et qu'elle ne réponde pas à son dernier mot: ?Oui, ramenez-le, car je ne l'aime plus, et votre femme l'adoptera!? ou bien: ?Guérissez-le, corrigez-le, et revenez sans lui.?
Vous avez voulu que le sacrifice f?t complet de la part de Jean. Il l'était, ce me semble, sans ce dernier chatiment de partir sans récompense.
Vous me direz: La femme n'est pas capable de ces choses-là. Moi, je dis: Pourquoi pas? Et je ne recule pas devant les bonnes grosses moralités: un sentiment sublime est toujours fécond. Jean est sublime; voilà que cette petite Andrée, qui ne l'aimait que d'amitié, se met à l'aimer d'enthousiasme, parce que le sublime a fait vibrer en elle une force inconnue. Vous voulez remuer cette fibre dans le public, pourquoi ne pas lui montrer l'opération magnétique et divine sur la scène? Ce serait plus contagieux encore; on ne s'en irait pas en se disant: ?La vertu ne sert qu'à vous rendre malheureux.?
Voilà ma critique. Elle est du domaine de la philosophie et n'?te rien à la sympathie et aux compliments de coeur de l'artiste. Vous avez fait agir et parler un homme sublime. C'est une grande et bonne chose par le temps qui court. Je suis heureuse de votre succès[1].

[1] _Réponse de M. Auguste Vacquerie_.
Comme je suis fier que vous m'ayez écrit une
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