Candide | Page 2

Voltaire
d'Eldorado, vers la fin du dix-huiti��me si��cle, pour servir de suite aux aventures de M. son p��re_, an XI-1803, a deux volumes in-8��.
Le chapitre XXVI de Candide a ��t�� imit��, en 1815, par Lemontey, dans un article intitul��: _Le Carnaval de V��nise_. J'ai renonc�� �� reproduire ce petit morceau, lorsque j'ai vu l'annonce des _Oeuvres de Lemonley_, o�� sans doute on le trouvera,
J.-J. Rousseau pr��tendait[2] que c'est sa Lettre sur la Providence qui a donn�� naissance �� _Candide_; _Candide en est la r��ponse_. Voltaire en avait fait _une de deux pages o�� il bat la campagne, et Candide parut dix mois apr��s_.
[2] Lettre de J. J. Rousseau au prince de Wirtemberg, du 11 mars 1764.
Ce que Rousseau appelle sa _Lettre sur la Providence_, est sa lettre �� Voltaire du 18 ao?t 1756 ; la r��ponse de Voltaire est du 21 septembre 1766; Candide ne vit le jour que vingt-sept �� vingt-neuf mois plus tard.
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Les notes sans signature, et qui sont indiqu��es par des lettres, sont de Voltaire.
Les notes sign��es d'un K sont des ��diteurs de Kehl, MM. Condorcet et Decroix. Il est impossible de faire rigoureusement la part de chacun.
Les additions que j'ai faites aux notes de Voltaire ou aux notes des ��diteurs de Kehl, en sont s��par��es par un--, et sont, comme mes notes, sign��es de l'initiale de mon nom.
BEUCHOT.
4 octobre 1829.

CANDIDE,
ou
L'OPTIMISME,
TRADUIT DE L'ALLEMAND
DE M. LE DOCTEUR RALPH,
AVEC LES ADDITIONS
QU'ON A TROUV��ES DANS LA POCHE DU DOCTEUR, LORSQU'IL MOURUT
�� MINDEN, L'AN DE GR?CE 1759
1759

CHAPITRE I.
Comment Candide fut ��lev�� dans un beau chateau, et comment il fut chass�� d'icelui.
Il y avait en Vestphalie, dans le chateau de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune gar?on �� qui la nature avait donn�� les moeurs les plus douces. Sa physionomie annon?ait son ame. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soup?onnaient qu'il ��tait fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honn��te gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais ��pouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre g��n��alogique avait ��t�� perdu par l'injure du temps.
Monsieur le baron ��tait un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son chateau avait une porte et des fen��tres. Sa grande salle m��me ��tait orn��e d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin; ses palefreniers ��taient ses piqueurs; le vicaire du village ��tait son grand-aum?nier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il fesait des contes.
Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par l�� une tr��s grande consid��ration, et fesait les honneurs de la maison avec une dignit�� qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cun��gonde, ag��e de dix-sept ans, ��tait haute en couleur, fra?che, grasse, app��tissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son p��re. Le pr��cepteur Pangloss[1] ��tait l'oracle de la maison, et le petit Candide ��coutait ses le?ons avec toute la bonne foi de son age et de son caract��re.
[1] De _pan_, tout, et _glossa_, langue. B.
Pangloss enseignait la m��taphysico-th��ologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le chateau de monseigneur le baron ��tait le plus beau des chateaux, et madame la meilleure des baronnes possibles.
Il est d��montr��, disait-il, que les choses ne peuvent ��tre autrement; car tout ��tant fait pour une fin, tout est n��cessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont ��t�� faits pour porter des lunettes; aussi avons-nous des lunettes[2]. Les jambes sont visiblement institu��es pour ��tre chauss��es, et nous avons des chausses. Les pierres ont ��t�� form��es pour ��tre taill��es et pour en faire des chateaux; aussi monseigneur a un tr��s beau chateau: le plus grand baron de la province doit ��tre le mieux log��; et les cochons ��tant faits pour ��tre mang��s, nous mangeons du porc toute l'ann��e: par cons��quent, ceux qui ont avanc�� que tout est bien ont dit une sottise; il fallait dire que tout est au mieux.
[2] Voyez tome XXVII, page 528; et dans les _M��langes_, ann��e 1738, le chapitre XI de la troisi��me partie des _��l��ments de la philosophie de Newton_; et ann��e 1768, le chapitre X des _Singularit��s de la nature_. B.
Candide ��coutait attentivement, et croyait innocemment; car il trouvait mademoiselle Cun��gonde extr��mement belle, quoiqu'il ne pr?t jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'apr��s le bonheur d'��tre n�� baron de Thunder-ten-tronckh, le second degr�� de bonheur ��tait d'��tre mademoiselle Cun��gonde; le troisi��me, de la voir tous les jours; et le quatri��me, d'entendre ma?tre Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par cons��quent de toute la terre.
Un jour Cun��gonde, en se promenant aupr��s du chateau,
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